Assassinat d'Yvan Colonna : les nationalistes divergent sur la poursuite de la mobilisation

Réunis en cunsigliu naziunale à Corte hier, les militants de Femu a Corsica estiment que les négociations et le dialogue doivent désormais prendre le pas sur les "mobilisations fortes" des dernières semaines. Une position qui n'est pas partagée par l'ensemble des forces nationalistes.

Un mois après, quelles suites donner au mouvement de mobilisation corse autour de l'assassinat d'Yvan Colonna ? Malgré la création d'un Collectif sous l'impulsion des syndicats étudiants, le 10 mars, réunissant également les partis nationalistes insulaires, les avis sont plus que jamais divisés.

Réunis à Corte hier soir, mardi 29 mars, les militants de Femu a Corsica aspirent eux à un retour au calme et aux négociations plutôt qu'à une poursuite des manifestations. Un rendez-vous tenu à huis clos auquel ont également pris part la présidente de l'assemblée Marie-Antoinette Maupertuis et le président du conseil exécutif Gilles Simeoni.

À 22h, heure de clôture des discussions et de réouverture des portes de l'amphithéâtre Fernand Ettori, ni l'un ni l'autre n'ont choisi de s'exprimer, laissant plus volontiers la parole au secrétaire général du parti, François Martinetti. "Nous nous sommes d'abord réunis pour rendre hommage à Yvan Colonna, dont on gardera l'image d'un patriote corse, resté debout jusqu'à la fin. Et dans un deuxième temps, nous avons évoqué le bilan de ce mois de tensions et de mobilisations fortes."

"Il y a une porte qui est entrouverte"

Si François Martinetti salue "plusieurs axes de revendications historiques actés, et des mobilisations qui ont été un succès sur Corte et Bastia, autour de messages clairs, "Ghjustizia è Verità per Yvan", "Libertà per i patrioti, ricunniscenza di u populu corsu", Femu a Corsica aspire désormais à transformer ces mobilisations sur le terrain en un processus "de négociation fort, historique, avec l'Etat".

Et invite l'ensemble des nationalistes comme "les autres forces politiques qui ne sont pas de notre bord, droite et gauche" et "forces vives" au sein de la population à se ranger du même côté, avec une question, posée par le secrétaire général de Femu : "Est-ce qu'on veut réussir collectivement à sortir la Corse de cet étau ? Aujourd'hui, il y a une porte qui est entrouverte. On est très vigilants, on sait que tout est fragile. Mais à un moment, on doit se demander, sommes-nous dans l'optique de la défense de notre peuple, de notre pays ? Il y a des jeunes qui attendent des réponses très claires, et il y a une émotion populaire que nous devons transformer en succès politique majeur. Nous devons être à la hauteur des enjeux, et le processus réussira", insiste-t-il.

Des propos détaillés dans un communiqué posté ce mardi 29 mars par le parti, qui précise qu'il initiera "dès cette semaine une série de rencontres avec les forces politiques, syndicales, associatives pour rechercher là encore une convergence sur les positions de la Corse dans la discussion avec l'Etat, notamment dans les domaines économiques, sociaux, culturels, et linguistiques."

Une manifestation déjà annoncée dimanche

Reste que cette position ne fait pas l'unanimité. Ce soir, une réunion du Collectif est annoncée, là encore à Corte, et là encore pour discuter de la marche à suivre. Femu a Corsica, comme les autres groupes nationalistes, devrait à priori y participer. Mais il est à parier que l'appel aux négociations et au retour au calme ne remportent pas les voix de tous ceux présents.

Une manifestation est déjà annoncée dimanche 3 avril à Ajaccio. Un mouvement suivi par les syndicats Ghjuventù indipendentista et Ghjuventù Corsa, qui ont tous deux repartagé l'appel à la plus large mobilisation de Stéphane Colonna, frère d'Yvan, sur les réseaux sociaux.

Même position pour le parti indépendantiste Corsica Libera, qui indique qu'il en "fera part lors de la réunion du collectif", ce mercredi.

Pour rappel, ces réunions prennent place alors que l'actuel directeur et l'ancienne cheffe de la maison centrale d'Arles sont actuellement auditionnés par la commission de loi de l'Assemblée nationale, au sujet de l'assassinat d'Yvan Colonna. Alors que plusieurs parlementaires dénoncent des manquements dans le protocole de sécurité de l'établissement pénitentiaire, l'un comme l'autre répondent notamment à des questions quant au système de surveillance et la personnalité de Franck Elong Abé, l'agresseur du détenu corse.

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