En matière d'économie d'énergie, la ville de Corte fait figure de bon élève en Corse. Depuis deux ans, la mairie mène une politique volontariste en la matière. Finis les anciens bâtiments communaux trop énergivores : la priorité est désormais bien donnée à l'écologie, et surtout aux économies.
Installation de panneaux isolants sur les façades, passage de chaudières à fioul aux pompes à chaleur, remplacement des éclairages par des ampoules LED moins énergivores...
À Corte, les deux écoles primaires publiques font peau neuve. Des travaux réalisés dans le cadre d'un vaste chantier de rénovation engagé depuis maintenant deux ans par la municipalité. L'objectif, indique le maire, Xavier Poli : faire en sorte que la commune n'utilise plus d'énergie fossile d'ici la fin de cette mandature, soit d'ici 2026.
Pour ce faire, "nous avons mis en place différents programmes, bénéficiant de contractualisation avec l'Etat et l'Ademe (l'agence de la transition écologique)", détaille-t-il.
Suppression du fioul et rénovation de l'éclairage public
Premier gros projet engagé, alors qu'aujourd'hui, encore environ 7% de la consommation électrique de la ville dépend du fioul : l'arrêt de son utilisation dans l'ensemble des bâtiments communaux.
Le second, et pas des moindres, avec 1,7 million d'euros déboursés - co-financés par l'Etat et la Collectivité -, le lancement d'un plan de rénovation de la totalité de l'éclairage public. Soit 1.200 points lumineux répartis sur la commune.
Un bon point pour la planète. "Cela nous permet de diminuer de plus de 70% nos émissions de gaz à effet de serre, et toutes les pollutions lumineuses qui vont avec et qui impactent aussi bien la population que les animaux qui ont vocation à vivre la nuit", souligne Xavier Poli.
Mais un soulagement aussi pour le porte-monnaie communal : "Nous avons pu diminuer la facture énergétique de l'ordre de 60.000 à 70.000 euros par an", c'est-à-dire près 8% des dépenses énergétiques annuelles de fonctionnement de Corte.
Des économies... mais dont la commune ne bénéficie pas (encore)
Des économies d'autant plus bienvenues, dans cette période de hausse conséquente des prix de l'énergie. "C'est une des raisons pour lesquelles cela rend cet investissement encore plus pertinent, et que nous estimons l'avoir fait au bon moment."
Une politique volontariste qui engendre néanmoins un épineux problème, soupire l'élu. La cité paoline, grâce et à cause de ces conséquentes économies d'énergie, Corte ne remplit pas les conditions pour bénéficier du bouclier tarifaire mis en place par l'Etat, et n'en est de fait pas bénéficiaire. Une exception plutôt qu'une règle : sur les 36 000 communes françaises, 30 000 peuvent en profiter.
Résultat, "l'ensemble des économies que nous avons pu réaliser ont été anéanties pour compenser l'augmentation des coûts, constate Xavier Poli. "On nous applique la double-peine, ce qui est pour moi injustifié, et ne permet pas à la commune de récolter le fruit des investissements qu'elle a mobilisé depuis deux ans."
Pour Corte comme pour toutes les communes insulaires, pour atteindre l'objectif d'être entièrement vertueux, il faudrait pouvoir compter sur une électricité vraiment décarbonée.
Un point sur lequel l'île doit encore travailler, alors que la moitié de la production énergique reste toujours assurée par les centrales au fioul du Vazzio et de Lucciana.