Le 9 octobre 1943, le général De Gaulle est à Ajaccio pour proclamer la libération de la Corse, "premier morceau libéré de la France". Le 75ème anniversaire de cette libération est l’occasion de rappeler une histoire qui a rudement éprouvé la population insulaire.
Le 8 novembre 1942, les alliés débarquent en Afrique du nord. En représailles, Hitler envahi la zone libre (opération Attila). Le 11 novembre, 80 000 italiens occupent la Corse, auxquels s’ajoutent, à partir de juin 1943, 14 000 allemands de la brigade SS Reichsfürher, soit presque un occupant pour deux habitants.
Le 19 mars 1943, le résistant gaulliste Fred Scamaroni, arrêté par l’OVRA, la police politique italienne, se suicide en cellule pour ne pas parler.
En avril 1943, le général Giraud, sans l’assentiment de De Gaulle, envoie en Corse le sous-marin Casabianca, avec à sa tête Paulin Colonna d’Istria, afin de fédérer la résistance en Corse et de préparer un débarquement.
En juin et juillet 1943, les résistants corses organisent une première insurrection, durement réprimée par les chemises noires. 860 corses sont arrêtés et déportés en Italie.
Le 8 septembre 1943, suite au débarquement allié en Italie, Mussolini tombe, un armistice est signée et les italiens passent dans le camp allié, en Corse notamment.
Le 9 septembre, Ajaccio est libérée, pendant que s’engage à Bastia et dans le cap Corse une bataille navale très violente. Les allemands perdront sept navires, et trois autres seront endommagés.
Le 14 septembre, toujours à l’initiative de Giraud, 6600 soldats de la 4ème division marocaine de montagne (parmi lesquels les fameux « goumiers ») débarquent à Ajaccio, soutenus par la Royal Air Force et les avions américains.
L’opération Vésuve a commencé. Le 3 octobre, le col de Teghime est pris, après celui de San Stefano. Dans la nuit qui suit, les allemands évacuent Bastia. A 5 heures du matin, le 5 octobre, le capitaine Then entre dans Bastia déjà libéré, à la tête du 73ème goum du 6ème Tabor.
De Gaulle, qui au départ n’était pas favorable à l’initiative de Giraud, viendra tout de même à Ajaccio pour se féliciter de cette libération précoce de la Corse.
Partout sur l’île, c’est le soulagement, et la fête, un peu… les derniers survivants de cette époque, comme Francis Andrei, originaire de Zalana, sur la plaine orientale, témoignent (vidéo).
"Le jour où on a su que la Corse était libérée entièrement ou pas, pas encore puisque la Corse n'a été libérée que le 5 octobre je crois, mais pendant ce temps dans les villages, il y avait le bar et le restaurant, je ne me suis pas couché de la nuit, la fête a été faite!".