Le drame de Signes met en lumière les situations de plus en plus complexes auxquelles sont confrontés les élus locaux. L'émotion est forte aussi chez les maires corses, qui connaissent le combat, parfois solitaire, contre les décharges sauvages.
Le maire de Santa-Maria-di-Lota a un nouveau cadenas pour la barrière qui protège théoriquement une ancienne carrière située sur sa commune.
Sur son trousseau, qu’il va jeter, 15 clefs de cadenas, tous fracturés par des privés ou des entreprises venus déposer leurs gravas.
Entre consternation et colère Guy Armanet, pense au maire de Signes, mort en menant le même combat. « C’est arrivé à Signes, mais ça peut arriver à tout le monde. Je me vois descendre de la voiture et dire : ‘Arrêtez, qu’est-ce que vous faites ?’ Si ça se passe bien, ils remettent à bord, si ça se passe mal jusqu’où on va ? C’est désastreux et déplorable, et je salue la mémoire de mon confrère décédé. On ne peut présager de rien et on laisse la justice faire son travail. Quoi qu’il en soit, le maire était là pour essayer de faire respecter les choses sur sa commune », regrette le maire de Santa-Maria-di-Lota.
« Aujourd’hui tout le monde est en deuil »
À Rogliano, Patrice Quilici, le maire, surveille, via des caméras de surveillance son port. À une époque, la zone était envahie de gravas, tout comme d’autres lieux isolés de la commune.
Il évoque le maire de Signes qu’il avait rencontré pour parler épuration. « C’était un maire de terrain, qui se battait pour sa commune. C’était un exemple. On essaye de préserver nos communes, dans le cadre de l’environnement et du bien-être, et on se retrouve avec des individus et des actes où aujourd’hui tout le monde est en deuil », déplore Patrice Quilici.
Comme ailleurs, les maires corses ont le sentiment que les gendarmes et la justice ont d’autres dossiers à traiter. La guerre des maires contre l’incivisme pourrait un jour, peut-être aussi en Corse, mal se terminer.