Elections municipales : Jean-Martin Mondoloni en route pour Bastia ?

Selon nos informations le président du groupe Per l’Avvene à l’assemblée de Corse aurait fait son choix. Il mènerait une liste de droite lors des prochaines municipales à Bastia. Jean-Martin Mondoloni déclare que sa décision n'est pas encore arrêtée mais une annonce aura lieu bientôt...

Sa nomination à la tête du lycée Giocante de Casabianca l’an passé était déjà interprétée comme un positionnement stratégique en vue des municipales.

Le proviseur historique du lycée de Corte ne mélange pas le travail et la politique, mais sa mutation avait donné lieu à de nombreux commentaires chez les initiés.

À 51 ans, le président du groupe Per l’Avvene à l’Assemblée de Corse l’aurait annoncé à plusieurs de ses proches :
Il mènerait une liste de droite à Bastia pour le scrutin des 15 et 22 mars prochains.

Décontracté, Jean-Martin Mondoloni ne dément pas clairement son départ pour la municipale à Bastia.
Mais il veut garder la maîtrise du timing :

On réfléchit à un projet, on rassemble des hommes puis on désigne une tête de liste. Ce temps-là n’est pas encore abouti. Il est raisonnable qu’à la fin de l’été on cesse ce round d’observation.
On souhaite que la droite occupe le terrain à Bastia restent à définir les formes et le projet" conclut-il.

 


Les discussions et consultations ont duré plusieurs semaines avec les représentants Les Républicains (LR) et avec Sylvain Fanti, qui avait porté une liste concurrente à celle de Jean-Louis Milani en 2014. 
Le candidat divers droite, qui a réalisé un score de 3 % avec 500 voix sur son nom, préfère rester prudent : «  je ne souhaite pas communiquer pour l’instant » nous confie Sylvain Fanti par téléphone.

Du côté de LR, François-Xavier Ceccoli, le président de la fédération de Haute-Corse, attend une annonce officielle mais valide l'idée.

« Il ne faut plus se diviser, il y a eu des rencontres avec Jean-Martin Mondoloni, nous sommes sur un rapprochement, s’il part il aura tout notre soutien » explique le conseiller territorial Les Républicains, qui devrait poursuivre cette discussion lors de la session de l'assemblée jeudi et vendredi à Ajaccio avec le principal interessé. 

À Bastia, la droite avait totalisé 2158 voix (12.7%) au 1er tour de 2014 avec ces deux listes.
Celle de Jean-Louis Milani, qui était arrivée en tête des forces de droite avec 9.7 % des exprimés, avait rejoint l'union gagnante de Gilles Simeoni

 

Le syndrome du parachuté 


L’idée initiale de trouver une personnalité de la société civile ou un jeune militant pour mener la liste fait flop.
Le patron de l'opposition à l’assemblée de Corse se sent aussi sans doute un peu contraint de mouiller lui-même le maillot à Bastia, où la droite (autre que celle de Jean-louis Milani) ne peut être absente.

Un pari risqué pour celui qui apparaitra dans la campagne comme un « parachuté » - il sait déjà qu'il devra répondre à cette attaque - dans une ville où il n’a pas de véritable ancrage.
Et dans une élection où la proximité compte beaucoup.

Une élection qui, d'ailleurs, n’est pas vraiment la sienne. Il avait tenté sa chance comme tête de liste en 2001 puis en 2008 aux municipales à Vescovato, région dont il est originaire, mais sans parvenir à s’imposer.

 
 

Parcours militant


Après avoir milité au RPR – dès 1996 il est même à la tribune pour le 20e anniversaire du parti – puis à l’UMP, il s’inscrit dans le sillage de Jean Baggioni avec qui il entretient des liens particuliers.

Jean-Martin Mondoloni, qui s’affiche comme « régionaliste », est élu pour la première fois en 2004 à l’Assemblée de Corse sur la liste portée par Camille de Rocca Serra et Ange Santini et préside le groupe Rassembler pour la Corse.

En 2010, mal placé sur la liste unique de droite, il perd son siège de conseiller territorial, prend ses distances avec les appareils et crée son mouvement, baptisé « Une Nouvelle Corse ».

En 2015, il échoue à faire exister ses idées dans le débat et à constituer sa liste seul. Il part en 3e position sur celle de Camille de Rocca Serra, créant une certaine désillusion au sein de son nouveau mouvement.

Lors des législatives de juin 2017 il est candidat au premier tour dans la 2e circonscription de Haute-Corse.
Aucun accord n’est trouvé avec Stéphanie Grimaldi (LR) qui le devancera de 238 voix.
Le siège détenu par Paul Giacobbi est finalement raflé par les nationalistes. La dernière territoriale aura été la seule victoire sur son nom, en tant que tête de liste. 
 

Les deux droites 


L’idée pour le courant de Jean-Martin Mondoloni est de réussir à fédérer les forces libérales dès le premier tour sur une liste unique, hormis celles qui ont déjà intégré la majorité municipale en 2014 et qui affichent leur volonté de reproduire cette union.

Menée par Jean-Louis Milani, 2e adjoint de la ville et vice-président de la Communauté d’agglomération de Bastia, la droite qui a rejoint la majorité entre les deux tours de 2014 compte deux adjoints et 5 élus en tout.
Le chef de file de la droite à la mairie est serein et à l'aise avec ses choix : 

J’ai toujours voulu combattre les Zuccarelli de façon ouverte, constante et assumée. Je ne regrette pas le choix de 2014. Nous avons été légitimés par le suffrage universel, la confiance qu’on nous a donnée n’a pas été trahie. Aujourd’hui nous sommes légitimés par le travail que nous avons accompli pour Bastia.

Il poursuit, sèchement :

Je n’ai pas la prétention de dire que je représente toute la famille libérale mais un courant de la droite bastiaise. Je représente un courant d’électeurs attachés à leur ville qui en ont eu marre un moment donné qu’on les considère comme des bouche-trous des listes régionales. C’est un message que j’adresse à toute la famille libérale. Je n’ai jamais eu de contacts avec Monsieur Jean-Martin Mondoloni il n’est pas bastiais ça l’explique peut-être."

Apparemment, Jean-Louis Milani est déjà en campagne. 

  

La gauche se divise 

 

Des contacts avancés ont été pris avec les forces de gauche, notamment avec Julien Morganti du MCD, qui ambitionnait de mener une liste d’union de la gauche au premier tour sans parvenir à s’imposer comme tête de liste naturelle. 

La liste d’union de la gauche aurait selon nos informations du plomb dans l’aile.
Les radicaux, le MCD et les communistes qui étaient sur le point de conclure un accord ne parviendraient pas à s’entendre notamment sur la tête de liste.

Julien Morganti envisagerait de porter une liste type « centriste », le PRG, Jean Zuccarelli - qui ne lâche rien sur la tête de liste – voudrait lui partir de son côté certainement avec les communistes.

"Au vu des rapports de force et du travail d'opposition la tête de liste doit évidemment revenir aux radiacux" confie Jean Zuccarelli, leader de l’opposition municipale PRG, bien conscient d'avoir franchi les 32.5 % des suffrages au premier tour de 2014 avec 5510 voix, quand le MCD allié aux socialistes n’en totalisait même pas la moitié.


La stratégie initiale de l'opposition qui était de vouloir fédérer en vue d’une fusion de second tour des listes d’union de la droite et de la gauche pour faire tomber la majorité sortante serait de fait plus complexe.

 
 

Pari risqué pour Mondoloni 


La division de la gauche qui semble s’esquisser au 1er tour peut avoir pesé dans la reflexion de Jean-Martin Mondoloni, le scenario lui étant plus favorable.

L’ancien président du conseil exécutif, figure de la droite insulaire, Jean Baggioni est un homme qui compte pour Jean-Martin Mondoloni. Il n’a pas encore eu connaissance de cette décision, alors l’homme d’expérience préfère attendre une annonce pour réagir mais il confie tout de même :


 Nous avons longtemps échangé à ce sujet. Il ne peut être absent des municipales soit en étant acteur soit inspirateur d’une action ou d’une stratégie. Je lui souhaite de jouer un rôle de leader et qu’il sache apprécier les avantages et les inconvénients de ce genre de scrutin »

Un conseil qui semble sage...

Il faut dire que le défi qui attendrait Jean-Martin Mondoloni serait malgré tout risqué.
Son score à la municipale de Bastia sera examiné de près un an avant le scrutin territorial où il est parvenu à se poser en leader de l’opposition dans l’hémicycle de l’assemblée.

Un échec pourrait avoir des répercussions sur sa place lors des territoriales en 2021.
Une victoire ou un très bon score pourrait aussi conforter son leadership à droite et lui offrir l'ancrage local qui lui manque.
 
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