Avec le changement climatique, le risque submersion va augmenter dans les prochaines années. Certaines constructions situées sur le littoral sont menacées par les vagues lors des tempêtes. Les propriétaires s'organisent pour essayer de sauver l'existant. Malgré ce contexte, la loi permet toujours de construire en bord de mer.
C'est une digue de 171 mètres censée protéger la résidence des assauts de la mer. Un mur en béton payé totalement par les 86 propriétaires 1,7 million d’euros.
Pour Pierre Garcia, propriétaire d'un appartement aux Minelli depuis six ans, il n'y avait pas d'autre solution : “Des pans de terre partaient quand il y avait des grandes tempêtes. La mer se rapprochait de la base de l'immeuble et c'était quand même inquiétant. Et puis j'ai toujours craint que pour des raisons de sécurité, l’administration nous oblige à partir.”
Code de l'urbanisme
Quelques kilomètres plus loin, une autre construction située sur la commune voisine, à Pietranera, pose la question du risque submersion. Un immeuble devrait s'élever au-dessus d'une petite plage. Le permis de construire a été délivré en 2015 par la commune.
Malgré son emplacement, la préfecture de Haute-Corse confirme qu'il respecte le code de l'urbanisme : “Ce permis de construire situé en zone constructible et hors domaine public maritime était ainsi conforme aux documents d'urbanisme et à la réglementation en vigueur.”
Même si la loi permet de construire en zone urbanisée dans une dent creuse, ce nouvel immeuble saura-t-il résister aux futures tempêtes ?
La commune a pris le risque d'autoriser le projet car la parcelle où sera érigé le futur bâtiment n'est pas signalée dans l'atlas des zones submersibles.
“Aujourd'hui, il nous faut des raisons pour dire non, indique Marie-Hélène Padovani, Mairesse de San-Martino-di-Lota. Les raisons pour dire non, elles sont soit dans le code de l'urbanisme, soit dans les cartes du risque. Aujourd'hui, cette parcelle n'est pas impactée. Mais je ne peux pas dire aujourd'hui que dans 20, 30 ou 50 ans, il n'y aura pas de risque. Je n’en sais rien."
20 à 30 submersions marines par an en 2030
Et pour cause, sur le trait de côte, le risque submersion n'a pas encore été défini. L'atlas en question détermine seulement les parties basses du littoral insulaire.
“Cette cartographie ne prend pas en compte la vitesse d'écoulement de l'eau, ni les volumes réellement transférés à terre, explique Julie Mugica, Cheffe de projet littoral au Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM) de Corse. C'est pour cela que sur certains secteurs, comme le golfe d'Ajaccio et le secteur de Bastia, il y a déjà deux études en cours pour affiner ces cartographies.”
Avec le réchauffement climatique, les villes côtières pourraient subir 20 à 30 submersions marines par an en 2030. Des prévisions qui devraient inspirer du bon sens. Ce n'est pas toujours le cas.
Le reportage de Solange Graziani et Typhaine Urtizverea :
