Fermeture du tunnel de Bastia : jusqu'ici, tout va bien...

Après un week-end plutôt calme, le premier test, c'était ce lundi. Mais des Bastiais raisonnables et des vacances de février qui tombent à point ont limité les dégâts. Au point même que la ville est plus calme que d'habitude.

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"On dirait un dimanche, après-midi. Mais un dimanche après-midi qui serait aussi un jour férié !", s'amuse Armand, livreur, alors qu'il glisse un diable dans sa camionnette. 

Il est 8h40, ce lundi, et autour de lui, rue César Campinchi, c'est le calme plat. "J'ai eu le temps de monter le colis dans les étages, et pas un coup de klaxon. Quand je suis redescendu, il n'y avait pas une voiture derrière moi"

La circulation, dans le centre-ville de Bastia, est plus que fluide. Dans certaines rues secondaires, elle est même carrément inexistante. Les embouteillages énormes, redoutés par les habitantes et les habitants, ne sont pas là. 

"On roule mieux que d'habitude"

C'est sur l'axe principal, par le boulevard Paoli, que les automobilistes doivent parfois patienter, mais c'est rarement plus d'une minute ou deux, lorsqu'un semi-remorque rencontre un confrère ou un bus. Mais une grande partie d'entre eux sont arrivés tôt ce matin, conformément aux accords passés entre la mairie, le syndicat des transporteurs et les compagnies maritimes. 

Là encore, pas de panique, à peine des ralentissements, lorsque les camions ont dû traverser le plus étroit boulevard Auguste Gaudin. Mais des policiers municipaux étaient sur place pour éviter les situations compliquées. 

Un peu plus d'une heure après, à l'heure de pointe, à l'entrée sud de Bastia, où affluent tous les automobilistes qui vivent Borgo, Biguglia ou Lucciana, et travaillent à Bastia, rien d'insurmontable non plus.

Ne le dites pas trop à la télé, sinon tout le monde va faire pareil et ça va être la panique !

Hervé, automobiliste

"On roule mieux qu'un lundi normal", affirme Hervé, qui habite dans le Lancone et travaille à Toga. "Je ne peux pas télétravailler, et j'avoue que j'avais pas envie de prendre le train. Je pensais que j'allais m'en mordre les doigts, mais j'ai bien fait." Alors qu'on s'apprête à reprendre la route, Hervé nous interpelle : "ne le dites pas trop à la télé, sinon tout le monde va faire pareil et ça va être la panique !"

Le Fango - Casamozza en 30 minutes

Autant aller y voir par nous-même. 9h12, gare de Bastia. On met le cap sur la gare de Casamozza en voiture, par le centre-ville. Le but, voir en combien de temps on parcourt ce trajet, qui cristallise une bonne partie des inquiétudes des pouvoirs publics et des automobilistes. 

Sur le boulevard, une poignée d'agents municipaux discutent sur un bout de trottoir. Seuls quelques rideaux sont levés. La plupart des magasins n'ont pas encore ouvert leurs portes. Des horaires aménagés sont mis en place, de 10h à 19h, en continu. Mais ce n'est pas la raison du calme qui règne, comme nous le confirmera la suite. 

On longe la Citadelle au bout de quelques minutes, et l'avenue de la Libération ne présente pas plus d'obstacles. Le rond-point qui fait face à la caserne de pompiers, où devraient affluer tous ceux qui, sur la route du front de mer, ont trouvé tunnel clos, n'était pas plus fréquenté. 

Arrivés sur 4 voies, à la hauteur du cimetière, la circulation est toujours aussi calme, dans le sens de la sortie de la ville, comme dans le sens de l'entrée, plus passant à cette heure. Au point de susciter quelques moues étonnées chez les passants. 

Le trajet ne connaîtra pas plus d'interruptions jusqu'à Casamozza. Lorsque l'on se gare sur le parking de la gare, l'horloge du tableau de bord indique 9h46. 34 minutes pour joindre les deux gares, en voiture, en semaine...

Des navettes vides

La nouvelle, apparemment, n'est pas arrivée jusqu'à Casamozza. Ici, le parking affiche complet, ainsi que le petit terrain-plein ouvert pour l'occasion. Julien, 47 ans, enfile sa veste de costume et attrape son attaché-case sur le siège arrière. Il vient de Balagne et il a un rendez-vous professionnel à 14h à quelques pas du lycée Jeanne d'Arc. 

"J'ai voulu prendre le plus de marge possible. Ma réunion n'est pas tout près de la gare, mais je crois qu'il y a un bus qui passe dans les environs. Je l'ai jamais pris, et je sais qu'ils ont changé les lignes... Alors j'ai préféré être prudent. Je déjeunerai en ville, tant pis".  

Un train s'apprête à quitter le quai pour Bastia. Dedans, une vingtaine de passagers. "C'est pas la folie, mais c'est plus de monde qu'un lundi matin habituel pendant les vacances de février, aucun doute", souligne un employé des CFC, qui ont multiplié les rotations.

En revanche, du côté du parking de l'Arinella, c'est le calme plat. Un système de navettes a été mis en place pour rejoindre le centre-ville. Pour éviter d'engorger le centre-ville, les automobilistes venus de l'extérieur peuvent ainsi laisser leur véhicule ici, et s'y rendre avec l'une des navettes qui quittent le parking tous les quarts d'heure entre 7h et 20h.

Mais contrairement à celles et ceux qui ont pris le train, ils ont eu le temps de se rendre compte, en route, que le trafic était moins pire que prévu, et l'immense majorité a tenté sa chance Sans pour autant créer de panique.

Respect des consignes

Le pari des pouvoirs publics de faire débuter le chantier du tunnel en même temps que les vacances de février, traditionnellement très calmes, pourraient être gagnant. Mais au-delà des vacanciers et des vacancières qui ont mis le cap sur les pistes enneigées, on peut supposer que l'absence de gros bouchons vient également de la prise de conscience des habitantes et des habitants de la région, qui sont apparemment parvenu à réduire au maximum les déplacements superflus. Pour aujourd'hui au moins. 

Reste à savoir si cette discipline va se confirmer avec le temps, ou si la nouvelle d'une circulation moins congestionnée que prévu ne va pas réduire à néant toute cette bonne volonté. Les prochains jours devraient apporter un début de réponse.

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