Autonomie de la Corse : "On verra s'il tient ses promesses", après le discours d'Emmanuel Macron, les Corses prudents pour la suite

Dans son discours prononcé dans l’hémicycle de l’Assemblée de Corse, jeudi 28 septembre, Emmanuel Macron a déclaré qu’il était favorable à une “autonomie à la Corse”. Une annonce accompagnée par celle d’une inscription de l’île dans un article propre de la Constitution, et accueillie avec une certaine prudence dans la rue.

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Pourra-t-on bientôt assister à la mise en œuvre d'une "autonomie à la Corse" ? Dans un discours prononcé hier, jeudi 28 septembre, dans l'hémicycle de l'Assemblée de Corse, le chef de l'Etat s'est déclaré favorable à bâtir une autonomie "qui ne sera pas contre l'Etat, ni une autonomie sans l'Etat, mais une autonomie pour la Corse et dans la République". Emmanuel Macron a également fixé un délai pour que le travail "constitutionnel et organique" du processus de Beauvau mène à un accord : six mois.

Autonomie, le mot était attendu, Emmanuel Macron l'aura bien prononcé. Une première pour un président de la Ve République, depuis l'allocution de juin 1983 de François Mitterrand. Peut-être même un événement historique, espèrent certains élus.

"J'ai eu le sentiment que nos représentants ont été entendus"

Sur la place Saint-Nicolas, à Bastia, les Corses interrogés s'estiment globalement satisfaits des annonces du président. "C'était plutôt dans le sens des demandes vers plus de liberté et de reconnaissance de nos spécificités qui ont pu être formulées, analyse ainsi cette jeune femme. J'ai eu le sentiment que nos représentants ont été entendus, et qu'on peut espérer de réelles avancées maintenant."

"Je pense que la balle est désormais dans notre camp."

"Moi, j'ai trouvé ça très bien, renchérit cet homme, assis en terrasse avec sa conjointe. Je pense qu'Emmanuel Macron a très bien parlé, qu'il a été très bien accueilli, et que sa venue était une réussite. Par rapport à ce qu'il a pu dire [dans son discours au sein de l'Assemblée de Corse], je pense qu'il nous a renvoyés devant nos propres responsabilités, en mettant un délai de six mois pour qu'on puisse faire des propositions. Je ne suis pas un spécialiste de la politique, mais je pense que la balle est désormais dans notre camp."

"Les paroles, c'est bien, mais maintenant on verra le suivi"

D'autres insulaires, la majorité, gardent pour l'heure un avis plus prudent, voire circonspect, sur le sujet. "J'ai trouvé qu'il a bien parlé, mais on verra s'il tient ses promesses, glisse ainsi cette septuagénaire. On verra bien ce qu'en pensent nos élus : c'est eux qui dictent, et nous, on les suit."

"[Emmanuel Macron] est venu avec beaucoup de promesses, poursuit ce Bastiais. Les paroles, c'est bien, mais maintenant on verra le suivi. Certaines choses sont positives, il a dit plus de lignes rouges, on verra bien ce qu'il en est avec le temps. Maintenant, entre le dire et le faire, les choses sont différentes... et vous savez comme moi que souvent, les belles paroles s'envolent avec le vent, et puis on les oublie."

"Oui, on peut se satisfaire qu'un président parle d'autonomie, mais ce n'est pas une révolution non plus."

Assis un peu plus loin à la table d'un café avec plusieurs amis, le quotidien régional ouvert devant lui, cet autre homme est plus critique encore. "L'autonomie, nous, ça fait un moment qu'on le prononce ce mot, mais quand c'est la France qui le fait, tout de suite ça prend d'autres proportions", souffle-t-il.

Lui ne veut pas se risquer à parier sur la suite, puisque ce n'est "pas [le président de la République] qui décide, mais le Conseil constitutionnel qui tranchera dans tous les cas sur si on change la Constitution ou pas, puisque l'autonomie n'est pas inscrite dedans. Donc maintenant, il faut attendre et voir. Ce n'est pas que je n'y crois pas, rien n'est joué. Oui, on peut se satisfaire qu'un président parle d'autonomie, mais ce n'est pas une révolution non plus."

Reste enfin ceux - nombreux -, qui préfèrent ne pas débattre sur le sujet. Parce qu'ils ne l'ont pas suivi, ou parce qu'ils n'y voient tout simplement pas d'intérêt. "Vous savez, moi, je ne suis pas croyant, sourit ce dernier homme. Je suis chrétien, mais je ne crois pas en la politique."

La question de l'évolution insitutionnelle de l'île devrait malgré tout continuer à faire parler en Corse pour les prochains mois encore, jusqu'à la prochaine - et peut-être dernière - étape du processus de Beauvau.

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