L'Alba : "cet album, c'est un pied de nez à la crise sanitaire"

Depuis plus d'un an, le groupe corse peaufine À Principiu, son troisième album studio, commencé avant l'épidémie. Le disque sort, enfin, le 19 mars prochain. L'occasion de demander à Ghjuvanfrancescu Mattei, l'un des artistes de l'Alba, comment on créé en période de Covid. 

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L'album, à l'origine, devait porter le nom de la première chanson de l'album. Guarisce, guérir. Et puis l'Alba a finalement opté pour À Principiu.

Guarisce, malgré son titre, était écrite avant l'arrivée de la pandémie mondiale. Et si l'album a vu le jour pendant la crise du Covid19, ce n'est certainement pas un album sur la crise du Covid19.

Alors plutôt que de regarder en arrière, l'Alba préfère se tourner vers l'avenir. "À Principiu, c'était mieux, sourit Ghjuvanfrancescu Mattei. L'idée d'un commencement, d'un nouveau départ, ça nous semblait convenir à merveille". On a essayé d'en savoir plus. 

Entretien

Avec ce nouvel album, les fans de l'Alba doivent s'attendre à quoi ? 

Ils risquent d'avoir quelques surprises ! On a gardé notre base, évidemment, le chant polyphonique traditionnel, marié à des instruments contemporains et ethniques, venus de toute la méditerranée. Ces influences-là, ils les retrouveront. Mais on a eu envie de s'aventurer plus loin dans les terres, au-delà des rivages. Certains morceaux nous ont emmenés au cœur de l'Afrique par exemple...

D'où vient cette soif d'explorer les musiques, renouvelée pour chaque album ? 

On est six dans le groupe, et il y a un vrai travail d'écoute, de recherche musicale de notre part. Chacun amène ses envies, ses découvertes, et on tombe d'accord sur une direction. Mais sur cet album, on a aussi eu envie de se rapprocher plus encore des origines de la musique. D'où le choix du nom, À Principiu.

L'envie de faire cet album a eu raison des obstacles.

Revenons justement à l'origine de cet album...

On travaillait dessus l'année dernière, et puis comme tout le monde, on a reçu le coup de masse de la crise sanitaire. Et bizarrement, plutôt que de nous anesthésier, ça nous a donné un coup de boost. Le silence, l'arrêt du temps, nous ont permis de nous concentrer sur l'album, d'y consacrer toute notre énergie. 

Mais comment on fait, en période de confinement, de couvre-feu, de restrictions ? 

Il a fallu composer. Notre groupe a besoin de se retrouver, de partager un studio. On enregistre en live, même les arrangements sont élaborés en jouant tous ensemble, dans la même pièce. On fait tout ensemble, dans l'Alba. Alors quand il était interdit de se retrouver, c'était compliqué. On a essayé le numérique, mais ce n'est pas pareil. Mais comme tout le monde dans le groupe est professionnel, on s'est vite retrouvés dans notre studio, munis d'attestations de travail. Pour résumer, l'envie de faire cet album a eu raison des obstacles. 

Qu'est ce qui aurait changé, à l'écoute de À Principiu, sans le Covid ? 

Le son. On a pu apporter beaucoup de soin à l'enregistrement, aux prises de son. En temps normal, on est pressés par le temps, au moment d'enregistrer un album. Là on n'avait aucune date butoir. Le timing habituel, composition/album/ promotion/tournée, a volé en éclats. Notre principale chance, c'est d'avoir notre propre studio, et de pouvoir fonctionner comme on le voulait, sans dépendre de personne. 

Avec le Covid, on n'avait aucune date butoir.

Comment on fait pour faire financièrement face à une année blanche, sur scène, lorsque l'on est professionnels de la musique ? 

Le gouvernement a vraiment pris en considération le statut des intermittents, et cela nous a permis de travailler l'esprit tranquille. Même si on a dû faire face, c'est vrai, à une perte financière importante. On a dû annuler notre tournée d'été, un rendez-vous important pour tous les groupes corses. Il était pratiquement impossible de maintenir le moindre concert, les restrictions étaient trop importantes. 

Comment vous compter présenter vos nouveaux morceaux vers le public, dans la période que l'on vit ? 

On y a beaucoup pensé. C'est sur scène, en ce frottant au public, que la musique prend vie, de manière presqu'organique. Mais on a eu de la chance. Les dates qui étaient prévues l'année dernière, en Belgique, à Paris, n'ont pas été annulées. Elles ont été maintenues, et décalées. C'est important pour nous. Mais la prochaine vraie étape c'est la Corse, bien sûr. Et on espère pouvoir rapidement annoncer des dates. 

Et puis vous avez été signé par Buda musique, un label de musiques du monde distribué à travers le monde. Ca va aider à la promotion...

Ca faisait longtemps qu'on était dans les circuits des musiques du monde, avec des tourneurs qui nous suivaient, et quelques labels qui nous pistaient. On a envoyé le disque à Buda, qui a dit oui. Ca, c'est un vrai changement dans le cheminement de l'Alba. 

Vous voyez cela comme une reconnaissance ? 

Disons que c'est une forme de validation. On rentre dans ce circuit-là pas parce que l'on est Corse, c'est la musique qui prévaut. Ils s'en fichent, d'où on vient. Ils voient un album qui leur plaît, un produit qu'ils estiment pouvoir distribuer. Bien sûr, ça fait plaisir. Quand on fait de la musique, on a envie qu'elle soit entendue par le plus de gens possible. Et c'est un moyen de le faire. 

À Principiu, c'est aussi un nouveau départ pour le groupe ? 

C'est l'album de tous les départs, de tous les trajets, et de toutes les destinations. Et c'est vrai, c'est aussi l'album sur lequel on a expérimenté de nouvelles musiques, et de nouvelles manières de faire de la musique. Il y a une vraie diversité. Une paghella version bar, où il ne manque que le bruit des verres, ds rythmes très africains, presque trance, de la World music qui va se promener du côté de Peter Gabriel, des titres à la Charles Rocchi, et puis bien sûr les polyphonies auxquelles vient de mêler l'harmonium, pour la Balagne touch ! (rires)

Pour tous ceux qui redoutent les conséquences de la crise sanitaire sur la culture, vous êtes un vrai motif d'espoir, non ? 

Je ne sais pas... C'est plus simple pour des musiciens que pour une troupe de théâtre, par exemple. On a pu faire l'album parce que l'on est autonomes. C'est fondamental. Ca nous a donné une liberté que tous les artistes n'ont pas. Alors disons plutôt que c'est un pied de nez à la crise sanitaire !

L'ALBA :

Sébastien Lafarge : harmonium, chant
François Guironnet : clarinette, pivana, chant
Eric Ferrari : guitare basse, chant
Ghjuvanfrancescu Mattei : guitare, chant
Nicolas Torracinta : guitare, chant
Laurent Barbolosi : violon, chant

Textes et musiques : l'ALBA
Invités : Claude Bellagamba et Jacqueline Bosseur-Acquaviva (auteurs), Mokhtar Samba (batterie), Louis Mhlanga (guitare/chant), Fanou Torracinta (guitare), Dédé Tomaso

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