Procès de l’assassinat de Lucien Ansidei : la réclusion criminelle à perpétuité requise contre Christophe Pruneta

Le procès de Christophe Pruneta s’est ouvert vendredi dernier devant les assises de Bastia. Il est accusé d’avoir assassiné Lucien Ansidei, conseiller municipal de Cagnano, alors qu’il était en cavale et habitait au-dessus de chez lui. L’avocat général a prononcé ses réquisitions, ce jeudi 30 novembre. Le verdict est attendu dans la journée.

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Il aura fallu six ans et demi, presque sept, avant que ne se tienne devant la cour d’assises de Bastia le procès de l’assassinat de Lucien Ansidei. Un temps particulièrement long, comme l’a régulièrement mentionné, tout au long des journées d’audience, Christophe Pruneta, l’accusé.

Mais la principale raison de cette longueur, "c’est l’attitude de Monsieur Pruneta lui-même", a indiqué, ce jeudi matin, l’avocat général, Xavier Lorrain, en entame de ses réquisitions. Christophe Pruneta, qui a plusieurs fois compliqué les investigations, modifiant aussi au gré des auditions sa version des faits.

"La thèse de Monsieur Pruneta, cela a été de ne pas répondre, puis de se plaindre des conditions de détention pour ne pas répondre, et puis petit à petit, instiller le fait qu’il y avait quelqu’un d’autre, et dire que ce n’est pas lui, puisque ce quelqu’un d’autre avait tiré", constate le représentant du ministère public.

Ce quelqu’un d’autre, c’est Luigi Bestetti, un homme de nationalité italienne, alors âgé de 71 ans, et qui a d’abord nié les faits, avant de s’accuser de l’assassinat, pour enfin démentir son implication, assurant avoir été menacé par l’accusé pour s’auto-incriminer.

"Je considère aujourd’hui que tout ce qu’a bien voulu nous raconter Monsieur Pruneta n’a aucun sens. Il s’est contredit en permanence."

"Faisons de la justice fiction, propose l’avocat général. Disons que nous allions mettre en examen Monsieur Bestetti pour les faits d’assassinat, et qu’il nous dise 3 ou 4 jours plus tard, "ce n’est pas moi". Je n’ai rien contre lui", note-t-il. "Je considère aujourd’hui que tout ce qu’a bien voulu nous raconter Monsieur Pruneta n’a aucun sens. Il s’est contredit en permanence. Aucune de ses versions ne tient, et il n’a pas de support matériel quelconque".

Des supports qui auraient pu venir appuyer ses nombreuses déclarations, tant quant à l’appartement de Cagnano qu’il a occupé et pour lequel il assurait payer un loyer, que pour son scénario du soir des faits, ou ses liens qu’il assure avoir eu avec la famille de la victime… Mais qui n’ont jamais été présentés, et au contraire largement démentis.

"Il n'y a aucune ambiguïté sur l'intention d'homicide"

Pour Xavier Lorrain, l’intention de tuer, dans cette affaire, est sans équivoque. "Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. Le tir était là pour tuer. Il a été tiré au niveau du cœur. À part s’il y avait un bloc opératoire au bout du couloir, on ne pouvait plus rien faire pour la victime."

L’assassinat avait-il été prémédité ? Oui, estime encore l’avocat général. "Monsieur Pruneta n’est pas retourné dans le village [de Cagnano] pour autre chose que cela. […] Le témoignage de la compagne en dit long sur sa détermination [lors de l’audience, elle a indiqué avoir entendu une personne dire "Tu m’as laissé tomber, je vais te buter" avant le coup de feu, ndlr]." Alors, tranche Xavier Lorrain face à la cour, "pour la préméditation, vous répondrez oui".

Christophe Pruneta est également en récidive légale de crime, rappelle le représentant du ministère public. "Il est extrêmement rare d’être condamné et poursuivi deux fois dans sa vie pour un crime. Ce sont des casiers judiciaires qu’on voit rarement." Un casier judiciaire qui rentre aussi en compte dans ce procès, indique l’avocat général.

"Monsieur Pruneta pense que c’est à cause de son casier judiciaire qu’il est ici", mais c’est plutôt la peine, détaille-t-il, qui est déterminée en fonction de ce casier fourni.

Les réquisitions brièvement suspendues

Dans le box des accusés, Christophe Pruneta s'agite, se lève, demande plusieurs fois à sortir pour se rendre aux toilettes, puis essaye de passer malgré les interdictions répétées des agents des forces de l'ordre qui l'entourent. L'avocat général est contraint d'interrompre ses réquisitions, et la séance est suspendue une dizaine de minutes.

"Le dernier point, reprend-il, c'est la dangerosité de Monsieur Pruneta. Je pense que toutes les personnes que nous avons vues dans cette audience vous ont dit quelque chose sur sa dangerosité, ses sautes d'humeurs". Et ses personnes ont raison de s'inquiéter, note Xavier Lorrain, rappelant les expertises psychiatriques fournies sur l'accusé. "Aucune maladie mentale n'est mentionnée, simplement des traits d'un caractère psychopathique de Monsieur Pruneta, la paranoïa, l'absence d'empathie."

"Lorsqu'on se trouve face à des personnes aussi dangereuses, aussi machiavéliques que Monsieur Pruneta, maintenir enfermé, ce n'est peut-être pas la solution la plus noble, mais elle a au moins pour vertu de protéger la société."

Dans ce cadre, en considération de la gravité des faits, de l'état de récidive, et de la personnalité de l'accusé, l'avocat général requiert la réclusion criminelle à perpétuité, à l'encontre de Christophe Pruneta, avec 18 ans de sûreté.

Le verdict attendu en fin de journée

Pour rappel, Christophe Pruneta, 45 ans, est accusé d’avoir tué par balle Lucien Ansidei, un conseiller municipal de Cagnano, le soir du 3 février 2017.

L’accusé, qui avait été condamné en 2011 à une peine de 10 ans de prison au centre pénitentiaire de Borgo, était en cavale depuis mai 2016, après avoir profité d’une hospitalisation dans l’établissement psychiatrique de San Ornello pour s’évader. En février 2017, il occupait – ou avait récemment occupé – un logement se trouvant au-dessus de celui de la victime, qui l’avait auparavant également hébergé.

Christophe Pruneta nie, depuis le début des investigations et depuis le début du procès, fermement les faits. Il désigne un troisième homme, Luigi Bestetti, comme le véritable tireur. Une version de la nuit du drame qu’il a régulièrement révisé, face aux enquêteurs comme face à la cour, et jugée, hier, "ni crédible, ni possible", par les avocates des parties civiles, comme par l'avocat général aujourd'hui.

Le verdict est attendu en fin de journée, ce jeudi 30 novembre.

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