Les enseignants et les personnels administratifs corses ont repris le chemin de l'école ce jeudi matin, pour effectuer les derniers préparatifs avant la rentrée des élèves, demain. Une reprise "dans la sérénité", sans lourd protocole sanitaire ni enseignants manquants, se félicite le rectorat de l'académie de Corse.
Trousse, cartables, cahiers : "C'est le jour J !" S'il reste encore une petite journée de répit à tous les écoliers, collégiens et lycéens, les professeurs ont bien repris le chemin des classes en Corse, ce jeudi 1er septembre.
Au lycée Giocante de Casabianca, à Bastia, le rendez-vous était donné à 10h, heure du discours inaugural de la nouvelle proviseure, Anne Malka-Puccini.
"C'est une rentrée qui s'annonce apaisée, sourit-elle. Une rentrée normale, finalement." Après deux années marquées par la crise sanitaire, et les conséquences, notamment dans la tenue et l'organisation des cours, qui en ont découlés, "on revient enfin à quelque chose de commun, sans l'obligation de prendre multiples précautions."
Un bon point, auquel vient s'ajouter un autre constat positif : alors que plusieurs établissements nationaux font face à une pénurie d'enseignants - selon les chiffres des syndicats, on enregistre sur le territoire 4000 postes vacants à la veille de la rentrée -, la Corse semble pour l'heure épargnée.
Le recteur de l'académie de Corse, Jean-Philippe Agresti, l'a ainsi assuré ce matin : l'académie de Corse "aura un enseignant devant chaque classe". Au lycée Giocante de Casabianca, l'annonce se confirme bien : les 106 postes d'enseignants titulaires sont pourvus.
Pas d'enseignants contractuels issus de formation "express"
Pour renforcer les rangs, quatre professeurs contractuels - c'est à dire qui n'ont pas passé les concours, mais peuvent néanmoins exercer des fonctions d’enseignement - ont également été appelés. Parmi ceux-ci, Lucas Schunel, enseignant de mathématiques.
Titulaire d'un master en mathématiques, il l'avoue : lui ne ce serait pas vraiment vu devenir professeur par le moyen d'une formation "express', en seulement quelques jours, comme l'ont été proposées en fin d'été à plusieurs enseignants contractuels pour palier les manques dans certains établissements.
"De ce que j'en entends, je ne sais pas vraiment si ce sera une bonne chose. Se retrouver devant une classe sans jamais avoir enseigné après seulement trois jours de formation... Ce n'est pas comme ça qu'on va sauver l'Education nationale", glisse-t-il.
"Mais il faut quand même leur reconnaître un certain courage, poursuit le jeune professeur. Cela peut être voué à la catastrophe pour certains, mais ça peut aussi faire naître de nouvelles vocations. Moi je leur dis surtout bonne chance."
Appel à la vigilance des syndicats
Du côté des syndicats d'enseignants, s'il l'on reconnaît une situation avantageuse pour la Corse concernant les quotas de professeurs, la prudence reste de mise.
"On garde quelques inquiétudes quand même, notamment quant aux remplacements, souffle Jean-Marc Pupponi, représentant du syndicat des enseignants SNES/FSU en Corse. C'est vrai qu'on est mieux lotis que dans certaines académies. Mais nous sommes une petite académie, et nous n'avons qu'un petit vivier de remplaçants."
De quoi craindre, alors, que les choses puissent se compliquer en cours d'année. "Il faut déjà se préparer à la suite. Notamment en retravaillant sur le problème des concours et de la préparation des enseignants. Les choses ne vont pas s'arranger du jour au lendemain."