Le militant nationaliste, sous bracelet électronique, pensait être libre en novembre prochain. Il a appris par courrier que le parquet antiterroriste avait fait appel de cette décision, en demandant la suppression de ses remises de peine. Pour Felix Benedetti, c'est la dernière manifestation en date d'un "zèle anti Corse".
"Jeu trouble", "parquet revanchard", "acharnement"... Felix Benedetti, ne décolère pas.
Le militant nationaliste avait été arrêté en 2013 dans le cadre d'une série d'attentats commis en Corse au début des années 2010. Il purge la fin de sa peine sous bracelet électronique, à domicile, sur l'île, depuis le 5 mai 2021. Il pensait retrouver sa liberté le 3 novembre prochain. C'est du moins ce que préconisait la Juge d'Application des Peines AntiTerroriste.
Appel suspensif
Mais le 3 août dernier, le militant reçoit un courrier signé de Guillaume Bermond, substitut du procureur de la République antiterroriste. Il y apprend que le parquet y demande, par le biais d'un appel suspensif, "le retrait de crédit de réduction de peine", à savoir, explique Felix Benedetti, "les 10 mois de grâce dont bénéficient tous les condamnés, y compris les dits terroristes".
Selon le parquet, que nous avons contacté, "plusieurs incidents au respect de la mesure de surveillance électronique dont il fait l’objet ont conduit le PNAT a requérir un retrait de crédit de réduction de peine, un tel retrait ayant pour effet de repousser sa date de libération".
Felix Benedetti évoque comme seul incident une soirée caritative, dans l'établissement où il travaille, qui aurait duré et l'aurait contraint à rejoindre son domicile "avec 1h30 de retard, en ayant pris soin de prévenir les autorités judiciaires par mail la veille".
Bras de fer
En près de 10 ans de procédures judiciaires, il a contesté avec virulence ce qu'il appelle "l'infâme FIJAIT, double peine et amalgame avec les terroristes islamistes", mais également la privation de droits civiques et civils à laquelle il a été condamné, "un fait rarissime" dans ce genre de procès, selon lui.
En 2021, il avait bénéficié de plusieurs manifestations de soutien après que le ministère public eût demandé son retour en détention, "contre l'avis de la juge antiterroriste d'application des peines".
Contexte
Felix Benedetti conclut son communiqué en liant son cas au processus qui a débuté entre Paris et la Corse concernant l'autonomie de l'île : "à l'heure de l'ouverture de discussions, l'Etat continue son jeu trouble. Ses messages politiques, eux, sont plus que clairs".
Son frère, Paul-Felix Benedetti, leader de Core in Fronte, ne dit pas autre chose : A l'heure où un dialogue a lieu avec les élus corses, va-t-on voir apparaître, au sein de l'appareil d'Etat, des faucons ?"
Il demande à Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, Gérald Darmanin et Eric Dupond-Moretti de "clarifier la situation".