L'association Scola Corsa a annoncé, ce dimanche 2 mai, l'ouverture de deux écoles immersives en langue corse, à Bastia et à Biguglia, en septembre prochain.
"Nous sommes très heureux de pouvoir acter la naissance des deux premières écoles immersives dès la prochaine rentrée", se réjouit Ghjiseppu Turchini, président de l'association Scola Corsa. Ce dimanche 2 mai, il a tenu une conférence de presse pour annoncer que deux établissements ouvriront leur porte en septembre prochain. Un premier à Biguglia, l'autre à Bastia.
"C'est une chance pour la langue corse et les corsophones", se félicite Ghjiseppu Turchini avant d'ajouter : "Cette école sera à 100 % immersive."
De la cantine, à l'accueil en passant par la garderie et les activités péri-scolaires : l'intégralité de la scolarité de l'enfant devrait en effet être en langue corse.
"La langue corse sera parlée dès la petite section. On introduit 20 % de cours de français en classe de CE1. Puis 30 % en CE2", précise le président de l'association.
Sta mane cun Scola Corsa per annunzià l’apertura di e duie prime scole immersive assuciative di Corsica in Bastia è Biguglia di settembre 2021. Mumentu stòricu ✊? pic.twitter.com/DUteopc2sU
— Lisandru de Zerbi (@lisandruDZ) May 2, 2021
Des écoles déjà ouvertes sur le continent
Pour mener à bien ce projet, l'association Scola Corsa s'est inscrite dans le réseau Eskolim, une fédération d'écoles immersives en langue régionale. D'autres projets du même ordre existent ainsi au Pays Basque (Seaska) et en Bretagne (Diwan) où la filière scolarise près de 8.000 enfants, de la maternelle au baccalauréat, dans les deux régions.
Des écoles ont également été ouvertes en Occitanie, en Pays catalan et en Alsace.
"Dans le service public ce n'est pas un immersif complet, il est à 80 % du temps. Les 20 % restants sont en français. Là, l'immersif est total pour porter ses fruits et se poursuit jusqu'au lycée", précise Ghjiseppu Turchini.
Des avantages pluriels
"Le système produit des bilingues épanouis. Cela leur permet d'avoir une plus grande faculté et des aptitudes à apprendre des langues aisément. Des études montrent que l'enfant plurilingue est non seulement meilleur dans la maîtrise des langues mais aussi meilleur dans les autres disciplines car ils ont plus de connexions neuronales", explique Ghjiseppu Turchini sur les bienfaits de l'école immersive.
Il en donne pour preuve les excellents résultats au baccalauréat des établissements basques : "Les taux de réussite sont extraordinaires. Les lycées à Bayonne et en Bretagne ont eu les meilleurs résultats au niveau national français."
Des premières inscriptions
"J'entends des critiques. On dit que nos établissements renforcent un sentiment de ségrégation. Mais ce n'est pas du tout ce que l'on souhaite. Je tiens à rappeler que ces écoles sont ouvertes à tous, qu'elles sont laïques et gratuites, comme les établissements du service public", précise Ghjiseppu Turchini.
Et d'ajouter : "Il n'y a pas de sélection par l'argent, nous veillons à la mixité sociale."
D'autres communes nous ont approché pour participer à ce projet.
Les écoles de Scola Corsa devront observer une période probatoire (3 ans en moyenne) durant laquelle les établissements devront apporter la preuve de leur capacité à assumer les obligations réglementaires et programmatiques demandées par l’Education Nationale.
Durant cette période probatoire, la charge budgétaire est lourde. L'association fait donc appel à ses soutiens et doit lancer une campagne de crowdfounding, dans les prochains jours, pour mener à bien le projet.
Ghjiseppu Turchini a déjà reçu de nombreuses demandes : "Il y a déjà une quinzaine d'inscrits pour Biguglia. Mais nous allons limiter à 18 enfants la première année. Neuf enfants en petite section et neuf en moyenne section. Pour Bastia, nous avons déjà eu des premières demandes."
L'école de Biguglia prendra place dans les locaux mis à disposition par la commune, dans l’enceinte de l’école Simone Peretti. A Bastia, le site sera annoncé dans quelques jours. "D'autres communes nous ont approché pour participer à ce projet. C'est une bonne nouvelle, on veut créer un maillage sur tout le territoire insulaire. Mais, il est encore trop tôt pour dire quelles communes pourraient s'engager", se réserve Ghjiseppu Turchini.