Mardi, deux militants nationalistes, membre du tout nouveau parti Nazione, étaient interpellés en région bastiaise par la police antiterroriste. Auditionnés à Paris, ils ont été présentés cet après-midi au juge d'instruction en charge du dossier et mis en examen, indique le parquet national antiterroriste.
Antò Simoni et Nicolas Pinzuti, militants du mouvement indépendantiste de Nazione, placés en garde à vue à Paris depuis mardi, ont été présentés cet après-midi au magistrat instructeur.
Tous deux ont mis en examen pour "association de malfaiteurs terroriste, fabrication d'engin explosif en relation avec une entreprise terroriste, et destruction dangereuse en relation avec une entreprise terroriste", indique une source proche du dossier.
Les deux hommes ont sollicité un débat différé devant le juge des libertés et de la détention, précise cette même source, qui ajoute : "Dans l’attente de ce débat qui se tiendra en milieu de semaine prochaine, ils ont été placés en détention provisoire."
Enquête diligentée par le PNAT
Interpellés tôt dans la matinée du 30 janvier, Antò Simoni et Nicolas Pinzuti étaient entendus depuis dans le cadre d’une enquête diligentée par le PNAT pour des faits d'association de malfaiteurs terroriste, de fabrication d'engin explosif en relation avec une entreprise terroriste et de dégradation dangereuse en relation avec une entreprise terroriste.
Selon nos informations, les investigations portent notamment sur une action menée contre une villa inoccupée dans la nuit du 19 au 20 novembre 2022, à Santa-Maria-di-Lota. Pour rappel, trois charges avaient été déposées. Deux seulement avaient explosé, occasionnant des dégâts conséquents dans l'habitation.
Des pratiques "misérables et inadmissibles, dignes des pires régimes autoritaires"
Des interpellations décrites par Nazione comme une "agression contre le mouvement de libération nationale". Et une opération qui aurait pour seul objet de "tâcher, en vain, d'enrayer la grande dynamique populaire suscitée par la création" du tout jeune parti indépendantiste, à Corte, le 28 janvier dernier.
Dans une conférence de presse tenue ce vendredi, le mouvement estime que cette "opération de basse police [...] traduit clairement une volonté délibérée d'agression à l'encontre de nos militants et de leurs familles : portes détruites à l'explosif, pères de famille jetés à terre et braqués devant leurs enfants, maisons dévastées, jouets d'enfants intentionnellement détruits, transfert arbitraire à Paris de deux militants intègres et respectés dans leurs engagements politiques comme professionnels au seul motif de leurs convictions militantes."
Nazione indique prendre à témoin l'opinion publique corse, et dénonce "ces pratiques misérables et inadmissibles, dignes des pires régimes autoritaires".
"La concomitance de ces opérations répressives avec l'annonce de la venue de Gérald Darmanin n'a donc rien d'une coïncidence."
"La place de nos militants est sur la terre de Corse parmi leurs familles, sur leurs lieux de travail, et sur le terrain de leur combat pour que vive notre pays. Nous exigeons leur libération", poursuit le mouvement.
Les militants s'interrogent également sur le calendrier politique, ces arrestations intervenant à quelques jours de la visite annoncée du ministre de l'Intérieur sur l'île. "La concomitance de ces opérations répressives avec l'annonce de la venue de Gérald Darmanin n'a donc rien d'une coïncidence."
"Elle s'inscrit dans la volonté manifeste de neutraliser le seul courant politique qui dénonce publiquement la supercherie des discussions en cours autour de l’avenir de la Corse et s’oppose fermement à la disparition du peuple corse sur sa propre terre sous l’effet conjugué de la spéculation foncière et de la colonisation de peuplement", déplore Nazione.
Le mouvement appelle dans ce cadre à une nouvelle mobilisation "anti-répression" à l'occasion de la venue du ministre de l'Intérieur en Corse.