Si l'opposition à la réforme des retraites reste forte, le nombre de manifestants dans les rues a lui significativement baissé : ils sont environ 200 à avoir défilé dans les rues de Bastia et d'Ajaccio contre ce projet de loi, ce mardi 6 juin.
Une quatorzième et peut-être ultime journée de mobilisation. Deux jours après la publication des premiers décrets d'application de la réforme des retraites, et à l'avant-veille de l'examen à l'Assemblée nationale de la proposition de loi du groupe Liot visant à abroger le recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans, les syndicats ont une nouvelle fois appelé à la grève, ce mardi 6 juin.
En Corse, deux manifestations ont été organisées, à Bastia et à Ajaccio. "On reste toujours aussi motivés, parce que la situation est toujours aussi alarmante, et ce qu'on voit venir d'en haut est toujours aussi inquiétant et décevant", indique Marie-Catherine Giacobbi, enseignante élue au SGEN-CFDT Corsica, et présente dans le cortège bastiais.
"Je suis complètement contre cette retraite, insiste quelques mètres plus loin Isabelle Padovani. Agent de services hospitaliers de profession, âgée de 60 ans, elle avait prévu de partir à la retraite à 62 ans. "À cause de ce président qui n'écoute rien, je vais en prendre pour quelques mois de plus encore. Je ne suis pas d'accord. Je ne me sens ni physiquement ni psychologiquement capable de continuer", peste-t-elle.
Moins de monde, plus de "découragement"
Des manifestants remontés contre cette réforme des retraites, mais moins nombreux que pour les précédentes mobilisations : dans les deux villes, ils ne sont qu'une centaine à avoir fait le déplacement.
Une baisse de participation qui désole quelque peu Emile Baret, retraité mobilisé à Bastia. "C'était à prévoir par rapport aux délais qu'ils nous ont infligé, le fait de ne pas donner de signe de négociation, ça a écoeuré les gens. Dès le départ, ils disaient il [Emmanuel Macron, ndlr] ne lâchera rien, il y a eu un découragement, et voilà le résultat. Et puis il faut prendre en compte le coût que représentent les heures de grève, c'est un coût énorme par rapport au pouvoir d'achat."
Reste que cette poursuite de la mobilisation est une "bonne chose", selon Dominique Bucchini, ancien président de l'Assemblée de Corse et membre du Parti communiste français. Venu se joindre au cortège ajaccien, il voit dans cette manifestation la possibilité de "changer quelque chose, ne serait-ce que pour la gauche. Par rapport au spectacle que donne la droite, au spectacle que donnent le président de la République et ses amis, c'est une bonne chose que la gauche s'unisse sur des objectifs clairs, pour préparer des lendemains qui chantent."
La proposition de loi du groupe Liot bientôt examinée
Ce 6 juin pourrait marquer une - si ce n'est la - des dernières journées de mobilisation sur les retraites. C'est en tout cas ce qu'a indiqué le secrétaire général de la CFDT sur Europe 1, ce mardi matin. Laurent Berger espère néanmoins "transformer la colère" du mouvement social "pour obtenir des résultats".
À Paris, un point presse sera tenu dans l'après-midi par les syndicats devant l'Assemblée nationale. Un choix de lieu symbolique, à deux jours de l'examen de la proposition de loi du groupe Liot visant à abroger la réforme. Le texte est néanmoins mal engagé, quand le camp présidentiel entend y faire obstacle.
Ce 8 juin, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet devrait ainsi dégainer l'article 40 de la Constitution - qui interdit toute création ou aggravation d'une charge publique et n'autorise la diminution d'une ressource publique que dans la mesure où elle est compensée par l'augmentation d'une autre ressource - pour l'article de cette proposition de loi abrogeant le passage à 64 ans