Comment s'est organisé le transport des marchandises entre la Corse et le continent pendant la grève ? Un service minimum a été mis en place, difficile à organiser. La Chambre de commerce et d'Industrie de Corse a chiffré à 33,6 millions au moins le coût des blocages.
 

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D'emblée, les transporteurs, commerçants et hôteliers corses réunis à la Chambre de Commerce et d'Industrie à Bastia jeudi matin se montrent prudents : "les conséquences désastreuses de la forte dégradation des échanges maritimes entre la Corse et le continent et du blocus du port de Marseille depuis plus de trois semaines ne seront mesurables que dans plusieurs mois, notamment à l'issue de la saison estivale 2020, tant les effets indirects de ces conflits se propagent dans les différents secteurs économiques et tant ils sont dissuasifs pour les clientèles touristiques attendues", expliquent-ils dans un communiqué publié la veille de la levée du blocage du port de Marseille par les marins CGT de la Corsica Linea et de La Méridionale.  

Un blocage à plus de 33 millions d'euros

Les représentants du Medef, du Syndicat des transporteurs corses, de la chambre d'agriculture, de la chambre des métiers, de l'hôtellerie, des entreprises de proximité, des petites et moyennes entreprises et des entreprises de proximité avancent tout de même un chiffre, provisoire. Selon eux, le blocage du port de Marseille aurait coûté 33,6 millions d'euros à la Corse soit 1,6 million par jour.

Avec un coût estimé à 1,3 million d'euro par jour, c'est la paralysie partielle du fret qui a coûté le plus cher. Dans les épiceries et supermarchés de l'île, on a vu des rayons frais se vider, faute d'approvisionnement.
D'autres secteurs seront touchés à plus long terme, comme le BTP (certains matériaux n'étant pas livrés, des chantiers pourraient prendre du retard) ou le tourisme. Les acteurs du secteur craignent de renvoyer une image négative de l'île, au moment où débutent les réservations pour le printemps et l'été.
 

Des mesures d'urgence demandées

Les chefs d'entreprise réclament trois mesures d'urgence pour compenser les pertes :
  • L'activation d'une cellule commerces et entreprises en difficulté, pour accélerer et faciliter l'accès à certains dispositifs comme le chômage partiel ou a demande de report de paiement des dettes fiscales et sociales.
  • Un prêt à taux zéro de soutien à la trésorerie
  • L'exonération des cotisations patronales de sécurité sociale pour le 1er trimestre 2020.

Dans un communiqué envoyé vendredi, juste avant sa mutation, la préfète de Corse Josiane Chevalier s'est engagée à accompagner les entreprises en difficulté notamment sur le report des échéances fiscales ou le recours au chômage partiel.

Lire le communiqué de la préfète de Corse en soutien aux entreprises en difficulté

 

 

Bloqués depuis le 10 janvier

Du 10 au 29 janvier, les grévistes STC et CFTC de La Méridionale bloquaient deux de leurs bateaux et trois de la Corsica Linea sur le port de Marseille, en raison des négociations sur la future desserte de la Corse.

Ils ont été rejoints le 15 janvier par des salariés de la Corsica Linea à l'appel de la CGT qui de son côté a poursuivi le blocage jusqu'à ce vendredi.
Ils protestaient aussi contre la réforme des retraites et de ce fait, le port de Marseille restait bloqué. Un retour à la normale dans les rotations entre la Corse et le continent est attendu dès samedi.
 

Vers une sortie de crise ?

Dans un communiqué mercredi Gilles Simeoni, le président du Conseil exécutif de Corse et  Renaud Muselier, le président du conseil régional Provence-Alpes-Côte-d'Azur, ont appelé le gouvernement et la CGT "à faire preuve d'esprit de responsabilité et à se donner les moyens de conclure sans délai un accord permettant de revenir à un fonctionnement normal des ports de Marseille et Toulon et du service public maritime entre le Continent et la Corse."
Un courrier du gouvernement envoyé jeudi a rassuré les marins : leur régime restera dérogatoire. 


En tout, 1500 remorques sont bloquées entre la Corse et le continent. Dans la réunion de ce matin, certains ont demandé à ce que des bateaux supplémentaires soient affrétés dès la reprise du trafic pour un retour plus rapide à la normale.


 
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