Dans la course à la collectivité unique, sur fond de crise en Catalogne et de tentation indépendantiste en Ecosse, certains candidats mettent le cap sur l'autonomie. Une autonomie affirmée pour certains, beaucoup plus nuancée pour d'autres.
Les transports, l'économie, les déchets, l'éducation, le social sont les compétences élargies dévolues à la collectivité unique qui verra le jour au 1er janvier 2018.
Une collectivité pas encore née, mais qui soulève déjà des envies de voir plus loin. Dans son programme de campagne, la majorité territoriale sortante veut passer à l'étape supérieure, obtenir l'autonomie.
Le statut d'autonomie est défini par le droit. "L'autonomie régionale en droit constitutionnel français, italien ou espagnol, cela signifie que la région est dotée du pouvoir d'adapter les lois nationales et y compris d'adapter des actes qui se substituent à la loi nationale", explique Andria Fazi, professeur de droit constitutionnel à l'Université de Corse.
Une révision de la Constitution
"Il faudra une révision de la Constitution pour obtenir pour la Corse un véritable statut d'autonomie de plein exercice et de plein droit, comme il faudra une révision de la Constitution pour la co-officialité de la langue corse ou le transfert de la compétence fiscale à la Corse", explique Gilles Simeoni, candidat "Pè a Corsica".Oui à l'autonomie, affirme aussi le candidat LREM, mais "les missions régaliennes doivent rester de compétence étatique, affirme Jean-Charles Orsucci. "Je pense à la police, à la justice, aux affaires étrangères, à la défense nationale, auxquelles il faut ajouter parce que la Corse n'est pas prête, la santé et l'éducation."
"En revanche sur toutes les autres compétences, nous pensons qu'il peut y avoir une véritable décentralisation en direction de la Corse, mais pour nous il y a une ligne de fracture qui est l'indépendance vers laquelle nous ne voulons pas aller."
A droite, le régionaliste Jean-Martin Mondoloni veut aussi s'émanciper des tutelles parisiennes. Mais avant de parler d'autonomie, il faut d'abord "éprouver" la nouvelle collectivité unique.
"Elle n'est pas encore née que déjà on nous parle d'un autre statut. Faisons vivre ce statut, on l'optimisera en allant jusqu'à l'adaptation de la norme, mais sans l'octroi d'un pouvoir législatif pour ce qui nous concerne."
Quant à l'ancien soutien de Jean-Luc Mélenchon, qui a fait "le pari de le croire", cette considération est encore bien loin de la réalité des Corses.
"La question qui se pose demain, ce n'est pas de savoir s'il faut aller vers plus ou moins d'autonomie, tempère Jean-Jacques Casamarta, tête de liste L'avenir, la Corse en commun. "C'est de savoir quel développement demain ? Comment va-t-on traiter la question sociale ? Comment cette autonomie va-t-elle permettre à des gens qui sont en difficulté de pouvoir vivre mieux ?"