Des éleveurs porcins ont participé lundi à une réunion organisée par l'Office Agricole au centre d'Altiani, en Haute-Corse. Ils représentent 80% des professionnels de la filière, mais ne possèdent aucun label. Selon eux, l'appellation "charcuterie corse" est menacée.
Antoine Poggioli élève ces porcs et les charcute près d'Ucciani, en Corse du Sud. Cet éleveur a été le premier à voir sa charcuterie certifiée AOP. Par choix, il a quitté la démarche. Aujourd'hui, il est redevenu un éleveur fermier sans label et sans subvention.
"On est à 100% en race nustrale, on respecte le cahier des charges et on va même au-delà du cahier des charges de l'AOP; mais on ne peut pas adhérer et faire simplement la caution pour certains autres qui ne jouent pas le jeu", défend-il.
Comme lui 80% des éleveurs porcins souffrent d'une absence de reconnaissance de leur savoir-faire. L'Office de développement agricole et rural de la Corse les invitent à faire entendre leur voix auprès de l'INAO, l'organisme national qui délivre les appellations contrôlées.
La situation devient urgente surtout depuis que onze semi-industriels ont obtenu en mai dernier l'IGP, l'Indication géographique protégée, sur sept produits emblématiques de la salaison corse.
Si l'appellation IGP garantit des porcs d'origine 100% française et des produits transformés en Corse, elle donne aussi droit à l'appellation "charcuterie de l'île de Beauté".
En face, seule la charcuterie AOP garantit des porcs corses et une charcuterie transformée en Corse, avec pour appellation "charcuterie corse".
De quoi semer la confusion et tromper le consommateur selon Joseph Colombani, le président de la Chambre régionale d'agriculture de Corse qui qualifie de "catastrophe" l'obtention de ces IGP. Il dit craindre qu'il y ait tromperie pour les consommateurs avec des produits commercialisés sous le nom "charcuterie de l'Ile de Beauté".