Ce mardi 20 juin, les deux collectifs anti-mafia de Corse et des associations notamment de défense de l’environnement ont demandé à la collectivité de Corse des propositions « utiles dans le combat contre la mafia » dans l’île.
Entrer dans le concret. Ce mardi 20 juin, six associations, dont les deux collectifs anti-mafia de Corse, se sont réunies devant les grilles de la collectivité à Ajaccio.
Après de longs mois de travail, en collaboration avec les organisations présentes, l’institution doit rendre un bila des cinq commissions thématiques initiées au lendemain de la résolution contre les dérives mafieuses adoptée par l’Assemblée de Corse en novembre dernier. « Nous souhaitons que la synthèse soit concrètement utile dans le combat contre la mafia et qu’elle ne s’en tienne pas seulement à des considérations générales, notamment morales, ou à des vœux pieux », prévient Jean-Toussaint Plasenzotti, porte-parole du collectif anti mafia Massimu Susini.
Car aux yeux des six associations, il est nécessaire de profiter de « la prise de conscience en France et en Europe ». « Nous souhaitons que le bilan ne soit pas en deçà de cette prise de conscience, mais que, au contraire, elle montre que la Corse est en pointe dans ce combat. Et qu’elle est capable de faire des propositions concrètes pour renvoyer à la marginalité cette criminalité », reprend Jean-Toussaint Plasenzotti.
Que l’État « sorte de ses ambiguïtés »
Une fois cette prise de conscience et cette « synergie entre une partie de la société civile et les élus » insulaires acquises, ces associations espèrent une troisième étape dans le combat contre la mafia : « Demander à l’État d’assumer ses responsabilités ».
Ainsi, Léo Battesti, porte-parole du collectif anti-mafia A Mafia No, A Vita Ié, souhaite « que l’État sorte des ambiguïtés et soit beaucoup plus clair, également par rapport à la lutte contre les systèmes mafieux, particulièrement par rapport à la criminalité en col blanc qui aujourd’hui est la véritable mafia en Corse. »
Jean-Toussaint Plasenzotti complète : « Si aujourd’hui la mafia en est là où elle en est là, c’est parce qu’il y a eu soit des démissions, soit des dysfonctionnements, soit des complicités que ce soit au niveau des élus ou que ce soit au niveau de l’état. Il faut que cela cesse. » Il demande que l’État « donne des moyens à ses services de lutter efficacement contre cette criminalité particulière qui prend une ampleur qu’on n’avait jamais connue en Corse. »
Le 18 novembre 2022, à l'issue d'une session spéciale de l'Assemblée de Corse consacrée à la mafia, une résolution portée par la majorité nationaliste a été adoptée sans participation du groupe de droite Un Soffiu Novu. Ce dernier avait présenté un second texte qui a été rejeté.
Source de la discorde : la volonté des élus de droite de mentionner dans le texte la condamnation « des dérives caractérisées par des attributs de type mafieux, qui trouvent leurs racines dans les différentes formes de violence, parmi lesquelles la violence politique ». Ce dernier point n’avait pas recueilli l’assentiment des élus nationalistes.