En Corse, la cherté de la vie n’est pas une nouveauté. Les ménages, plus fragiles, y subissent une inflation plus forte qu’au niveau national. Ce vendredi 7 avril, à 20h40, la rédaction de France 3 Corse ViaStella vous propose un magazine dédié à cette problématique. Témoignages.
Au mois de mars 2023, l’Insee a estimé le taux d’inflation à 5.6 %. Une augmentation qui atteint les 15.3 % pour l’alimentation.
La Corse affiche le taux de précarité le plus élevé de France : 18.5 %. Environ un Corse sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, soit avec moins de 1.100 euros par mois. En plus de l’alimentation, des augmentations récurrentes sont également enregistrées dans les carburants, l’énergie ou encore les loyers.
Ce vendredi 7 avril, à 20 h 40, la rédaction de France 3 Corse ViaStella vous propose un numéro du magazine Sucetà dédié à la vie chère. De nombreux insulaires y témoignent notamment de leur quotidien où il est de plus en plus difficile de boucler les fins de mois.
Anthony, apprenti
Je touche 903.07 euros par mois. Franchement, à la fin du mois, je suis à -20, -30, voire même parfois à -100 euros par mois. D’accord, on peut avoir un CDI, mais si on a un salaire qui est à 1.100 ou 1.200 euros par mois, avec un appartement, des charges, une voiture, une assurance, on se retrouve très vite dans le rouge à la fin du mois. S’il y a des gens qui sont là pour nous aider, c’est même très bien, surtout pour les jeunes. Parce qu’on peut être là, tout seul, et on s’entend dire : « Vous êtes des fainéants, vous n’êtes pas des bosseurs ». C’est le cas pour certains, mais pas pour d’autres.
Aurélie, apprentie
Avant, quand j’avais ma voiture à essence, je faisais 80 euros pour le plein et l’essence était moins chère. Maintenant, c’est quasiment au même prix, mais j’ai une diesel et c’est quasiment 90 euros. Ça dépend de ma consommation. Ce qui me sauve le plus, c’est que j’habite chez ma mère, sinon je ne pourrai pas m’en sortir.
C’est abusé, on ne peut plus vivre
Je n’achète pas mes repas, je prends les restes de la maison et je ramène les Tupperware pour manger. Sinon je n’ai pas les moyens de m’acheter à manger. C’est abusé, on ne peut plus vivre. Rien que l’eau, l’électricité, si on pense à un appartement, il y a le loyer, les charges qui vont avec. Maintenant il n’y a plus beaucoup d’appartements qui prennent ça en charge et le plus petit studio, c’est à partir de 500 euros. Où on va ? C’est une catastrophe.
Monique, aide à domicile
Je travaille avec les personnes âgées, j’ai à peu près 1.300 euros de paie. Franchement, question alimentaire, je ne calcule pas parce que sinon je crois qu’on se fout une balle dans la tête. C’est trop cher pour se nourrir. Il y a l’essence qui augmente tout le temps.
Thomas, habitant de Bastia
C’est infernal. Pour moi comme pour les gens qui sont dans les classes en dessous de moi qui finissent avec des découverts abominables. Et puis après les banques, au moindre découvert vous appelle vous disent : « Vous êtes à -50 ». « Je suis à -50 parce que je n’ai pas le choix ». Je me rappelle n’avoir jamais manqué de rien. Quand je voulais des baskets, je les avais.
Ça fait mal, je fais le maximum pour mon enfant et elle morfle aussi
Aujourd’hui, ma fille me dit : « Papa, j’ai besoin de deux paires de baskets », c’est la chose la plus normale. Je suis obligé de lui répondre que ce n’est pas possible. Je lui dis « fais attention à celles-ci pendant un certain temps et on verra plus tard ». Ça fait mal, et puis ça peut vous mettre la colère aussi. Vous vous dites, je fais le maximum pour mon enfant et elle morfle aussi d’un côté. Elle n’a pas ce qu’elle veut.
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