Ce samedi 23 novembre, le Sporting Club de Bastia reçoit le FC Lorient, un club dans lequel Yannick Cahuzac officie en tant qu'entraîneur adjoint d'Olivier Pantaloni. L'occasion pour l'ancien capitaine emblématique du SCB de revenir à Furiani.
"C'est certain que ça va me faire un peu bizarre". Pour Yannick Cahuzac, c'est un peu une évidence : son retour à Furiani ce samedi soir avec le FC Lorient revêt "forcément un caractère un peu particulier".
Adjoint de l'entraîneur Olivier Pantaloni chez les Merlus, l'ancien capitaine du Sporting s'apprête à revenir dans un stade dans lequel il a évolué pendant plusieurs saisons, lui qui a porté la tunique bleue de 15 à 32 ans.
Ce samedi soir, le technicien insulaire de 39 ans - actuellement en train de passer ses diplômes d'entraîneur - sera pour la première fois de sa carrière professionnelle opposé au SCB.
Retour à Armand-Cesari, travail avec Olivier Pantaloni, vision du métier, objectifs... Avant d'embarquer pour Bastia, il a répondu aux questions de France 3 Corse.
À quelques heures de votre retour à Furiani avec le FC Lorient, dans quel état d'esprit êtes-vous ?
Je suis assez content de revenir parce que je vais y retrouver beaucoup de personnes avec lesquelles j'ai travaillé. Il y a des amis comme Gilles Cioni et d’autres. Je suis très heureux de pouvoir retourner à Bastia et dans ce stade pour ce match.
Y a-t-il un peu d’impatience ?
Oui, un peu. Déjà, parce qu’avec Lorient, nous avons des objectifs. Ensuite, parce que ça devrait être un beau match face à une belle équipe. En plus, ça fait pas mal de temps que je ne suis plus revenu à Furiani ; ça va aussi me faire un peu bizarre d’y revenir avec une autre équipe. J’aurai certainement un petit pincement au cœur en arrivant au stade. Après, je suis aussi impatient de voir ce match car c’est toujours enrichissant pour nous de pouvoir affronter des équipes comme le Sporting.
À l’été 2023, lorsque vous aviez failli vous engager en tant qu’entraîneur adjoint à Nice, cela avait été mal vécu par certains supporters bastiais, eu égard à la rivalité entre les deux clubs. À quel accueil du public vous attendez-vous ce samedi soir ?
Honnêtement, je ne sais pas trop. Je sais que mon choix avait déçu certaines personnes ; d’autres, un peu moins. À cette époque-là, j’avais fait mes choix par rapport à ma vie et à mes proches. Je sais que j'ai pu décevoir des personnes et ce n’était bien évidemment pas le but recherché... Je ne sais donc pas trop quel sera l’accueil du public mais je serais un peu surpris s’il était mauvais.
Du côté des joueurs de Lorient qui ne connaissent pas Furiani, certains vous ont-ils posé des questions sur l’ambiance ?
J’en ai parlé en milieu de semaine avec notre joueur grec, Panos Katseris. Il me demandait justement quelle est l’ambiance d’Armand-Cesari. Il voulait savoir si c’était comme à Marseille. Je lui ai dit que le stade était beaucoup plus petit que le Vélodrome mais qu’il pouvait y avoir beaucoup de bruit quand même. Je lui ai dit que ça ressemblait plus à des ambiances comme celle du Panathinaïkos ou de l’AEK Athènes avec la pression du public et une grosse ferveur populaire. Il a hâte de voir ça...
À l’intersaison, le Sporting a réorganisé son équipe dirigeante sur le plan sportif. En tant qu’ancien de la maison bleue, quelle est votre vision du club ?
Vu de l'extérieur, je trouve que ça a été une vraie plus-value de pouvoir récupérer Fred Antonetti, ainsi que Benoît Tavenot qui a pu prendre les rênes de l’équipe. Fred, c'est quelqu'un qui a une énorme expérience du haut niveau.
Quant à Benoît, il a été mon entraîneur adjoint durant pas mal d'années à Bastia. Nous nous étions entraînés ensemble en CFA, il est ensuite devenu adjoint de la réserve, puis de l’équipe professionnelle. On se connaît donc très bien. Tout comme les autres membres du staff : Mighè Moretti, Dumè Agostini, ou encore Christophe Colonna qui est revenu au club. Je vais donc recroiser avec plaisir pas mal de personnes que j'ai côtoyées pendant mes années bastiaises.
Vous êtes adjoint à Lorient depuis janvier 2024. Quel est votre rôle au quotidien ?
Dans le staff, nous sommes deux adjoints : Erwann Le Postec et moi. Nous travaillons main dans la main. Nous nous répartissons le travail. Nous avons en charge la construction des séances et la mise en place. Nous participons énormément au projet de jeu, ainsi qu’au projet de jeu mis élaboré par Olivier Pantaloni.
Depuis l’été dernier, Olivier Pantaloni a rejoint Lorient - en provenance de l'ACA - pour entraîner l’équipe. Comment se passe votre relation ?
C'est un coach et un tacticien très ouvert. Il est dans l'échange et le partage. C’est très enrichissant pour moi, dans ma toute nouvelle carrière, de pouvoir côtoyer des entraîneurs comme lui qui donnent et laissent autant de place dans un staff. C’est une personne très humble qui a énormément d'expérience. J’essaie donc d’apprendre beaucoup à ses côtés. Nous échangeons quotidiennement sur la tactique, sur les joueurs, sur les plans de jeu à mettre en place.
Y a-t-il parfois des divergences de point de vue entre vous ?
Bien sûr ! On a parfois des divergences. Après, on essaie d'ouvrir le débat, d'analyser les forces et les faiblesses, et surtout ce que chacun peut amener par rapport à sa vision. Après, Olivier a toujours le dernier mot. C’est l’entraîneur, c’est lui qui tranche.
En parallèle, vous continuez de passer les diplômes pour entraîner. Où en êtes-vous ?
Actuellement, je suis en train de préparer mon DES (diplôme d’état supérieur). C’est l’avant-dernière étape avant le DEPF (Diplôme d’entraîneur professionnel de football). Si je valide le DES en juin prochain, j’aurai le droit d’entraîner jusqu’en National 2. Le dernier diplôme, le DEPF (Diplôme d’entraîneur professionnel de football), permet d’entraîner jusqu’en Ligue 1. L’important, c’est donc d’abord d’avoir le DES dans un peu plus de six mois.
Les tactiques, le vestiaire, le terrain, c'est ce qui me plaisait, ce qui me parlait le plus.
Yannick Cahuzac
Vous apprenez donc un métier dans lequel il faut beaucoup donner, tout le temps, penser collectif, peut-être même plus que lorsqu’on est joueur. Il semblerait que cela cadre assez bien avec votre tempérament et votre caractère…
Je ne sais pas si je suis la meilleure personne pour en parler… Peut-être qu’il faudrait le demander à nos joueurs… En tout cas, je prends énormément de plaisir et je suis épanoui. Quand j'ai décidé d'arrêter ma carrière, je me suis posé des questions et, très vite, j'ai basculé dans ce domaine-là. Les tactiques, le vestiaire, le terrain, c'est ce qui me plaisait, ce qui me parlait le plus. Je suis donc vraiment épanoui dans ce que je fais. J'espère que ça rejaillit sur les personnes avec lesquelles je travaille au quotidien.
Est-ce que malgré tout, cette nouvelle carrière ne vous permet-elle pas un peu de continuer à jouer "par procuration" ?
(Sourire). Oui, d'ailleurs, ça m'arrive assez souvent... Quand il y a un joueur de dernière minute qui ne peut pas s'entraîner ou quand il y a un blessé pendant l'entraînement, je mets la chasuble et je comble le départ du joueur. Ça m’arrive donc quelques fois et c’est toujours assez plaisant.
Aujourd’hui, chez les entraîneurs, il semble y avoir ceux qui conservent un projet de jeu sur le long terme et ceux qui s’adaptent en continu à tous les paramètres en tentant malgré tout de conserver des principes. Quelle est votre conception ?
Je pense que ça part dès la construction du groupe. C’est lié à l'effectif dont on dispose, aux forces et aux faiblesses de l’équipe. Par rapport au profil des joueurs que l’on a, on essaie de mettre un projet de jeu en place. Après, je pense que c'est important quand même de garder une certaine ligne directrice. À mes yeux, la chose la plus difficile en tant que coach, c’est de réussir à faire adhérer tout un groupe parce que chacun a sa propre vision du football.
Avant ce déplacement à Furiani, Lorient est deuxième de la Ligue 2. Comment voyez-vous la suite du championnat ?
J’espère que ça se passera bien. On le sait, la Ligue 2 reste un championnat très difficile. On est assez performant à domicile et beaucoup moins en déplacement. On a donc un vrai travail à effectuer sur les matchs à l’extérieur. On va essayer de ramener un peu plus de points hors de nos bases parce que c’est vraiment là que le bât blesse. On a un assez gros effectif ; il faut donc aussi essayer de garder un maximum de joueurs concernés. Notre objectif a été affiché en début de saison : c’est la montée. On va tout faire pour y arriver
Ramener un résultat de Furiani pourrait-il constituer un match référence dans votre saison pour le groupe lorientais ?
Oui, certainement. On sait que Bastia fait partie des meilleures défenses de ce championnat. C'est une équipe très solide. Ramener au moins un point de Furiani, voire les trois, serait plus que bénéfique pour la confiance de l’équipe pour la suite de la saison.