Journal de bord d'une confinée à Ajaccio : 30 millions d’amis… voire plus !

Depuis la mi-mars, et l'instauration du confinement dans le pays, l'une de nos journalistes raconte ses journées. Aujourd'hui, elle explore le monde animal, du fond de son canapé.

Société
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J’étais tranquillement installée dans le canapé, quand j’ai entendu mes petits voisins descendre dans la cage d’escalier.
Un de leurs chiens a éternué plusieurs fois entre leur étage et le mien.
J’ai entendu le garçon dire, « les gens vont croire qu’il a le coronavirus ».

La réflexion m’a fait sourire.

Avoir l’œuf…

Dans la foulée, j’ai appelé Rose pour avoir des nouvelles de Juliette, la tourterelle.
En fait, elle chie l’œuf, Juliette.

J’entends par là qu’elle se loupe systématiquement à la ponte, si bien que, pour l’heure, aucune progéniture n’est venue éclairer d’un jour nouveau son union avec Roméo.

Mais, Rose y croit !
Elle m’a envoyé la photo du second « patatras », après l’œuf éclaté sur les dessins.
Cette fois, Juliette a visé le pot en terre sur la terrasse.

Le frère de Rose a dit, « c’est con une tourterelle ».
Je laisse le propos dans la bouche du frère, même si Rose dit la même chose.

Mais elle le dit en s’excusant presque d’insulter un peu Juliette.
J’ai rassuré Rose sur le fait que, des fois (dans certaines situations) on peut penser ce genre de chose d’un ami, mais cela ne veut pas dire qu’on ne l’aime pas cet ami.
Je lui ai aussi envoyé la photo que j’avais reçue de Juliette et Roméo prise par un autre paparazzi (une profession active, en plein confinement ).  

A priori, les tourtereaux batifolaient loin du nid conjugal, mais ensemble.
Rose me réserve en exclusivité mondiale la photo de l’oisillon dès que Juliette aura visé juste.
Je n’ai pas dit à Rose que dimanche, lors de ma promenade au marché, j’en avais trouvé un (d’oisillon), tout déplumé, échoué au pied d’un arbre.
Mort.

La nouvelle l’aurait trop déprimée.
 
 

Adoption sous confinement…

D’ailleurs, je vais enchaîner immédiatement par une bonne nouvelle :
Bree a pu ramener son chat du continent. Oui, parce que, entre le boulot, les devoirs des enfants, la sauvegarde des espèces endémiques et le verre de rouge du soir, Bree a vu son rendez-vous médical maintenu sur Marseille.

Vous ne pouvez pas savoir ce qu’un rendez-vous médical maintenu peut représenter comme joie dans cette période particulière.
Parce que, à la fin du mois dernier, Bree aurait dû déjà partir une première fois à Marseille pour aller chercher son chat.
Pas n’importe quel chat, un Maine Coon.

Le billet avait été réservé pour le 28 mars, mais là aussi patatras, nous étions en… en…en ? (Celui qui n’a pas placé « confinement » après le point d’interrogation ne vit déjà plus dans cette réalité).
Du coup, quand le cabinet médical l’a rappelée pour lui dire, « bonjour, oscultation externe-interne maintenue », elle a fait d’une pierre deux coups.

Quand il sera grand, elle pourra raconter à son chat comment elle était partie le chercher en pleine épidémie de coronavirus (oui, c’est une certitude, on va continuer à parler à nos chats longtemps après cette période d’enfermement).
Je crois qu’il va être heureux dans sa nouvelle maison avec ses deux copains, un carlin aux yeux globuleux (et au budget pharmaceutique qui va avec) et un labrador crème (dont les pattes sont aussi palmées que les pieds de mon voisin Nicolas), tous deux sauvés de l’abandon.
 
 

Dans sa coquille

J’ai une autre information à vous communiquer.
Vous vous rappelez de l’escargot après lequel mon amie avait décidé de courir mais qui filait tellement vite dans le jardin qu’elle n’avait pu le prendre en photo ?

Bonne nouvelle, il a traversé toute la ville pour arriver jusqu’à chez moi (en trois semaines chrono ?), certainement un peu déçu de n’avoir eu son heure de gloire (je voudrais tout de même rappeler ici que ma nièce avait fait le dessin de « l’escargot qui va vite » pour illustrer à la fois son passage, mon papier et servir sa notoriété d’une certaine manière).

Il était fier, cornes dressées, à fond de 3 sur la rambarde de mon quatrième étage !

J’ai immortalisé l’instant, moi, madame ! La lumière était parfaite ! Les amis des gastéropodes peuvent être fiers de la continuité de lien social qu’assurent leurs protégés en période de crise (d’une amie à l’autre).
J’ai même vu passer une info (et la vidéo rattachée) qui disait que certains d’entre eux prenaient en charge l’acheminement des masques de la Chine jusqu’en France… bravo !
 

J’en étais à écrire ces lignes quand j’ai levé la tête vers Monsieur (mon chat). Je l’ai senti intuitivement désespéré par sa logeuse.
Je ne comprends pas pourquoi.

Pourquoi il n’a pas l’air heureux quand j’abandonne mon clavier pour venir lui bisouiller le ventre quand il dort profondément sur le fauteuil juste en face de moi.
Pourquoi il part se réfugier dans le placard du salon à chaque fois que je mets la musique un peu fort (je subodore que ce n’est pas seulement à cause du rouleau de bolduc).
Pourquoi il tente d’accéder à des zones dangereuses du balcon chaque fois que je bois le café avec Nicolas.

Qu’est-ce que je dois lire dans ses yeux qu’il ne me dit pas ? (Je parle de mon chat, pas de Nicolas).
 
La chose que Monsieur adore par contre, c’est quand je cuisine.
Là, il prend un malin plaisir à venir mettre son nez dans la farine, lécher une cuillère quand j’ai le dos tourné, puis, grogner, quand je lui demande de descendre de l’îlot central. Monsieur reconnaît instantanément l’info qu’il va délibérément ignorer.
Il a la perception sélective inscrite en marque de fabrique. Je me demande même s’il ne tient pas de moi.
 

Mais vous voulez savoir la vérité vraie du pourquoi j’ai eu envie de vous parler de mon chat en plus du reste aujourd’hui (et pas seulement parce que j’étais dans le thème) ?

Parce que quelqu’un m’a demandé des nouvelles de lui, il y a quelques jours.
Que ce quelqu’un m’a dit qu’il aime bien quand je parle de Monsieur.

Cette personne a relevé ce que j’avais dit dans un papier en début de semaine à propos de la soupe de poisson (que j’en mangerais bien !).
Ben, voilà, cette soupe de poisson faite maison, m’a été livrée hier en fin de journée.
Et je peux vous dire qu’il n’y a pas que le goût de la soupe qui est délicieux dans tout ça !

J’ai donc laissé mon chat arriver jusqu’au pot de soupe.
Pour lui prouver que ce confinement ne m’avait pas rendue complètement gaga, je l’ai regardé droit dans les yeux en lui suggérant de changer d’endroit.

Non, Monsieur-mon-chat, je ne suis pas (encore) folle, cette soupe-là, tu n’en auras pas !

 
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