Près de 5 euros le kilo pour la clémentine corse, contre 1, 5 euro pour la clémentine espagnole, l'écart de prix est considérable. Il faut dire que les politiques des deux zones de production sont différentes : qualité en Corse, et quantité en Espagne.
Dans ce supermarché ajaccien, la clémentine corse est la plus onéreuse de l'étal d’agrumes : 4,7 euros le kilo. Soit près de 3 euros de plus au kilo que sa concurrente espagnole, installée juste à ses côtés. "C'est un peu cher, c'est vrai, surtout si elles sont de chez nous", reconnaît cette cliente, qui repartira tout de même avec un sachet.
Si ce surcoût reste conséquent, le prix du fruit corse reste somme toute dans la moyenne du cours de la clémentine, et peu ou prou équivalent à l’an dernier. C'est du moins ce qu'indique RNM, pour réseau des nouvelles des marchés, site spécialisé dans l’évolution des marchés.
La quête d'un produit "irréprochable"
À Vescovato, cette coopérative produit entre 1000 et 1300 tonnes de clémentines IGP bio par an, exportées à 70% sur le continent. Ici, tout est fait pour que le produit soit "irréprochable", indique Christophe Avenas, ingénieur agronome et employé de coopérative. Avec un focus sur la qualité gustative, détaille-t-il, avec "un gros travail au niveau du verger". "Tous nos vergers sont en bio, on utilise des engrais organiques, ce qui fait que l'acidité a un niveau qui reste longtemps constant. L'acidité c'est le goût de la clémentine."
Mais également une attention portée au niveau du tri du produit : les lignes de production ne sont pas automatisées, "nous avons des trieurs sur les tables de tri, avec un remplissage naturel pour pouvoir trier, retrier, et reretrier de façon à avoir un produit irréprochable." Un gage de qualité qui engendre néanmoins des coûts plus importants... et donc un prix de vente plus élevé. "C'est vrai, on a la prétention de vendre un produit cher parce qu'il nous coûte cher en termes de production, reconnaît Christophe Avenas. Mais il faut que le produit soit irréprochable, donc nous, on joue sur la qualité."
Qualité contre quantité
En sortie de ligne, les clémentines sont vendues entre 2,60 euros et 3 euros le kilo aux grossistes locaux ou aux centrales d’achat du continent, où se fournissent les grandes surfaces corses. Mais qu'importe le chemin jusqu'à l'étal, ce sera forcément plus cher que la clémentine espagnole.
Si en Corse on mise sur la qualité, en Espagne la quantité est privilégiée. Selon les producteurs corses, le rendement des clémentiniers espagnols serait trois fois plus important que sur l'île, et les travailleurs moins rémunérés.
"Nous avions fait un voyage il y a quelques années en Espagne. Et les pauvres [travailleurs espagnols, ndlr], ils avaient du mal à gagner leur vie", témoigne Christophe Avenas.
Les clémentines hors calibres ne sont pas destinées aux grandes surfaces, mais aux vendeurs en bord de route. Elles peuvent être vendues jusqu’à 1,50 euro le kilo et revendues jusqu'à 3,3 le kilo. Toujours plus cher que l’Espagne.
Qualité contre quantité, la bataille commerciale corso-ibérique fera rage en cette fin d'année.