La consommation de vin rosé est en baisse, la viticulture corse envisage une mutation

Toujours plus précoces avec le réchauffement climatique, les vendanges ont débuté dès le 12 août dans plusieurs domaines du vignoble corse. Une récolte destinée à produire des vins blanc et rouge, mais surtout rosé. Cette année la consommation de rosé, qui représente près de 70% de la production de vin en Corse, est en baisse. La profession entame une réflexion, pour s'adapter à cette évolution.

"On a une saison un peu en demi-teinte cette année. Là on est au 15 août, il y a du monde, mais les mois de mai, juin et juillet étaient très palots. La météo et les élections n'ont pas aidé. Ce n'était pas très engageant, alors les ventes de rosé, en Corse comme au niveau national, c'est pas folichon" constate le président du conseil interprofessionnel des vins de Corse François Franceschi. 

Un tassement de la consommation

Le rosé représente 67% de la production de vin en Corse, selon les chiffres du Conseil interprofessionnel des vins de Corse (CIVC). Un "vin tranquille", comme le nomme l'observatoire mondial du rosé, souvent privilégié pour les apéritifs estivaux, qui connaît une baisse notable de consommation en France. 

"Just Rosé"

Le CIVC a entrepris depuis quelques semaines une vaste opération de séduction, pour tenter de  relancer cette consommation. Tee-shirts, casquettes, transats, animations, wine truck, un budget de 40 000€ est consacré à cette campagne intitulée "Just Rosé" qui fait le tour de Corse.

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La fin d'une mode ?

"Le rosé a marqué un virage dans notre viticulture au début des années 2000. Si on s'est orienté vers cette production, c'est parce qu'il y avait une demande qui ne cessait d'augmenter" explique François Franceschi. 

Aujourd'hui le rosé représente 75% de la production des caves coopératives de Corse, vendue pour l'essentiel à la grande distribution. Chez les viticulteurs indépendants, cette part est bien moindre, et la clientèle est différente.

"Le développement du rosé, ça a été le trait de génie des Côtes de Provence. Ils ont amené ce vin dans le secteur du plaisir et ils en sont devenus le leader mondial. Peut-être qu'on a atteint les limites de ce phénomène", s'interroge Christophe Ferrandis, vigneron à Poggio d'Oletta.

Le rosé a toute sa place dans la gastronomie.

Christophe Ferrandis

vigneron

Alors que les vendanges ont commencé depuis quelques jours dans certains domaines de l'AOP Patrimonio, Christophe et son fils Pierre-Louis préparent tranquillement leur cuvier ce mercredi 14 août. Les premières grappes du vignoble du Clos Signadore ne seront pas coupées avant deux semaines : "J'attaque toujours la vendange début septembre. C'est un choix, une philosophie. J'ai organisé mon vignoble pour qu'il résiste mieux à la chaleur parce que je veux cueillir les fruits les plus aromatiques, au faîte de leur maturité."

À la tête du domaine du Clos Signadore depuis 2001, Christophe Ferrandis produit des vins "des trois couleurs", rouge, blanc, et rosé, avec le même soin : "Je travaille mes vins pour raconter le lieu, et le millésime. Le rosé est travaillé comme tous les autres. Pour moi il a toute sa place dans la gastronomie, ce n'est pas un sous vin". 

La consommation de tous les vins évolue

Lui produit, selon les années, autour de 3 000 bouteilles de sa cuvée A Mandria en vin rosé. Une goutte parmi les 36 millions de bouteilles de cette couleur de vin produites annuellement en Corse. Alors forcément, les enjeux de la diminution de la consommation ne sont pas les mêmes pour lui que pour les grandes coopératives. Mais à son échelle, il constate aussi une évolution de la consommation de vin, une mise en concurrence avec la bière, les spiritueux, les cocktails qui aujourd’hui peuvent accompagner les repas.

"Aujourd'hui la Corse produit des vins de très bonne qualité, quel que soit le segment, de la grosse coopérative au petit producteur. Ce sont des savoir-faire différents, mais tout autant respectables. Moi je suis dans une niche, je suis un artisan. Depuis que mon fils m'a rejoint on est deux à travailler sur ce domaine de 11 hectares, avec des travailleurs occasionnels. Tout est fait à la main. De la plantation à la livraison des bouteilles chez nos clients, nous faisons tout nous-mêmes. Et aujourd'hui pour maintenir notre activité on doit y consacrer beaucoup plus d'énergie".constate le vigneron.

Un nouveau challenge pour la viticulture corse

Réuni en assemblée générale ce 2 août, le conseil interprofessionnel des vins de Corse a dressé un premier constat de l'évolution de la consommation de vin, et envisage une évolution de la production insulaire. "À la fin des vendanges on fera un bilan de fin de saison, et on en tirera les enseignements. Si mutation il doit y avoir, elle doit être bien réfléchie. Les changements ne s'opèrent pas comme ça, ça prend du temps. Avec les cépages du rosé, on ne peut pas faire du blanc, mais peut-être aller vers des rouges légers et fruités,que l'on peut boire frais" explique son président François Franceschi. 

Il estime que la profession se doit d'entamer une grande réflexion pour s'adapter à l'évolution des goûts et des exigences des consommateurs.

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