L’île a enregistré une croissance record du nombre de voitures électriques en 2022. Un constat tiré auprès de particuliers, mais aussi auprès d’un loueur de voitures. Gilles Filippi, dirigeant de la société Hertz dans l’île, répond à trois questions de France 3 Corse ViaStella.
Une position qui en étonne plus d’un. En 2022, la Corse est la région qui compte le plus de voitures électriques par habitant. Ainsi, selon un article du Point, l’année dernière, l’île a enregistré une croissance de 47 % en la matière contre seulement 26 % sur le continent.
Une évolution qui avait déjà commencé en 2021 chez les particuliers. Mais dans l’île, une particularité : l’importance des loueurs de voiture.
Une seule enseigne de locations propose ce type de véhicule : Hertz. En cette saison estivale 2023, 70 % de la flotte proposée est décarbonée. Le président de la filiale locale du loueur, Gilles Filippi répond aux questions de France 3 Corse ViaStella.
Quelle part représentent les voitures électriques dans votre flotte ?
40 % de notre flotte sont des voitures électriques et 30 % sont des voitures hybrides rechargeables. En tout, 70 % de notre flotte sont des véhicules décarbonés.
Nous développons la voiture électrique en Corse depuis trois ans. D’une part pour respecter les exigences européennes en la matière, mais d’autre part, parce que l’on considérait que la Corse ne devait pas être, comme elle peut l’être dans d’autres domaines, la dernière à s’adapter.
De plus, l’enjeu environnemental compte également. Il faut savoir qu’à la fin de l’année, grâce à l’électrique, ce sont 900 tonnes de CO2 qui ne sont pas rejetées. Ce chiffre englobe aussi bien les particuliers que les loueurs.
Et il ne faut pas se mentir, il y a également l’aspect économique. Sur une prise secteur, la charge d’un véhicule revient à 6 ou 7 euros. Nous proposons également des bornes de charge rapide, e-motum, qui permettent de compléter une charge afin que les conducteurs de voiture électrique puissent se déplacer de manière apaisée.
Nous comptons 220 bornes qui sont séparées les unes des autres de 20 ou 30 km. Le temps de charge est d’une vingtaine de minutes pour passer de 30 à 80 %.
Ressentez-vous une certaine appréhension de la part des clients lorsqu’il s’agit de louer une voiture électrique ?
L’appréhension s’estompe, les clients sont de moins en moins réfractaires. Elle était beaucoup plus forte il y a trois ans. Mais beaucoup de communication a été réalisée autour de l’électrique et certains ont une conscience écologique.
Actuellement, 50 % de nos demandes de réservations se font sur de l’électrique. C’est une demande des clients.
Je vais faire un parallèle, lorsque les boîtes automatiques tout le monde voulait rester sur des boîtes mécaniques, maintenant le client est beaucoup plus content d’avoir une boîte automatique. Je pense que ce sera pareil avec l’électrique, mais il faut attendre encore, les véhicules thermiques sont très prégnants dans notre société, depuis des dizaines et des dizaines d’années, même depuis des siècles.
Certains évoquent un manque de bornes de recharge dans le milieu rural, qu’en est-il ?
Pour notre part, je dirai qu’il ne manque pas de bornes dans le milieu rural. E-motum propose par exemple une borne à Ghisoni ou encore à Calacuccia. Notre réseau est fait pour que l’on puisse recharger une voiture électrique dans le rural, pour que l’ensemble du territoire soit maillé.
Nous avons d’ailleurs remarqué deux points positifs. Le premier, c’est que la présence d’une borne permet d’amener un flux dans le rural. Comme il faut une quinzaine de minutes pour recharger, ça laisse le temps d’aller boire un café. Le second est une accidentologie plus faible. Pour notre flotte, elle a été divisée par deux. Les personnes semblent avoir une conduite plus zen en électrique qu’avec un moteur thermique, peut-être parce que l’on entend moins le bruit du moteur.