Mercredi soir, les deux candidats de la deuxième circonscription de Haute-Corse ont tenu leur meeting avant le second tour. Jean-Félix Acquaviva a réuni ses sympathisants à Corte, François-Xavier Ceccoli à Alistro. Au centre de ces deux réunions publiques : le désistement de la candidate du Rassemblement national dont le report des voix devrait décider, ce dimanche, de l'issue du scrutin.
À quatre jours du second tour des élections législatives, le duel entre Jean-Félix Acquaviva et François-Xavier Ceccoli s'annonce une nouvelle fois serré dans la seconde circonscription de Haute-Corse.
Deux ans après le scrutin de juin 2022, les deux candidats se retrouvent de nouveau pour une place sur les bancs de l'Assemblée nationale.
Mercredi 3 juillet, tous deux ont tenu leur meeting de l'entre-deux-tours.
À Corte, Jean-Félix Acquaviva a rassemblé près de 700 personnes : membres du conseil exécutif, militants de Femu a Corsica, représentants de Core in Fronte et du Partitu di a Nazione Corsa, mais aussi certains candidats battus au premier tour, à l'instar d'Hélène Sanchez du Nouveau Front Populaire, tous se sont réunis dans l'amphithéâtre Landry de l'Université de Corse pour soutenir le député sortant.
Le RN nous fait l'honneur d'introniser un candidat contre nous.
Jean-Félix Acquaviva
Dimanche dernier, il était arrivé deuxième du premier tour avec 2 400 voix de moins que François-Xavier Ceccoli. L'élu autonomiste devançait Sylvie Jouart, la candidate du Rassemblement national qui s'est depuis désistée en faveur du candidat divers droite. Reste à savoir si ses 11 275 voix se reporteront en majorité vers François-Xavier Ceccoli.
"Ce désistement a été décidé à Paris par Marine Le Pen et Jordan Bardella, ils nous font l'honneur d'introniser un candidat contre nous, a réagi à la tribune Jean-Félix Acquaviva. Ils nous font l'honneur de démontrer que nous sommes tous un danger pour eux. C'est bien le message qu'a envoyé le Rassemblement national parisien : faire barrage aux nationalistes, faire tomber la légitimité démocratique, faire barrage à ceux qui depuis des années essaient d'installer la paix, demandent l'autonomie de la langue et leur posent un problème au sein même de l'hémicycle du palais bourbon."
Et le député sortant, qui a siégé au sein du groupe Liot, d'ajouter : "Ce qui est fait, c'est de faire glisser la droite dite républicaine de François-Xavier Bellamy dans cette majorité absolue ; cette droite dont fera partie François-Xavier Ceccoli s'il venait à être élu. C'est ça, la manœuvre du Rassemblement national à Paris."
Le reportage de Paul Salort et Christian Giugliano :
À la tribune, Gilles Simeoni s'est adressé aux électeurs de la seconde circonscription de Haute-Corse, notamment aux indécis :
"Je demande aux électeurs de la seconde circonscription, y compris ceux dont le choix n’est pas fait de l’avoir en tête : chaque voix qui se portera sur François-Xavier Ceccoli est une voix qui directement ou indirectement renforcera la possibilité que le Rassemblement national soit en position de majorité absolue en France. Chaque voix qui se portera sur Jean-Félix Acquaviva, que l’on soit nationaliste ou qu’on ne le soit pas, que l’on soit de gauche, de droite ou du centre, que l’on soit né en Corse ou qu’on ne le soit pas, est une voix qui ira vers un défenseur intraitable des intérêts collectifs du peuple corse. Et des valeurs de justice, de solidarité et de construction de la paix. C’est celui-là le choix fondamental qu’il y aura à faire dimanche prochain."
Cela vous semble fou que certaines familles politiques demandent à faire battre ceux qui les insultent ?
François-Xavier Ceccoli
À 60 kilomètres de là, François-Xavier Ceccoli a quant à lui rassemblé ses soutiens sur la plaine orientale.
À Alistro, sur la commune de San Giuliano qu'il administre, il a tenu un meeting devant plus de 500 personnes : figures de la droite insulaire, élus territoriaux du groupe Un Soffiu novu, maires de plusieurs communes de la circonscription - Corte, Ghisonaccia, Calenzana, Calvi - Autant de soutiens qui sont venus écouter le candidat divers droite sorti en tête au premier tour avec 2 400 voix d'avance sur Jean-Félix Acquaviva.
À la tribune, plusieurs édiles se sont succédé notamment pour apporter des précisions sur le désistement de la candidate du Rassemblement national, le parti d'extrême droite ayant appelé à voter pour le candidat divers droite. Un soutien quelque peu encombrant sur lequel Ange Santini a tenu à clarifier les choses :
"46 000 Corses ont voté pour le Rassemblement national, a rappelé devant l'assistance le maire de Calvi. Plus de 11 000 dans notre circonscription. Alors, contrairement à certains de nos adversaires, il n’y a ni pacte, ni entente, ni contrat signé officiellement ou officieusement avec le RN. Mais on ne peut pas laisser sur le bord du chemin 11 000 personnes qui sont des Corses comme nous. Ce sont des hommes et des femmes qui ont des convictions différentes des nôtres mais qui, quelque part, ont montré leur désarroi, leur peine, leur angoisse et la peur du lendemain. Ce ne sont pas des gens qui sont encartés ou qui ont envie de voter ce parti-là. Ce sont des gens qui ont besoin d’être remis en confiance avec les partis traditionnels du pays. Et en tant que député François-Xavier leur donnera une confiance nouvelle et accrue contrairement au député sortant qui n’a fait que parler d’autonomie et n’a rien apporté, concrètement, aux problèmes de la Corse."
Le reportage de Jean-André Marchiani et Hermine Costa :
C'est ensuite un François-Xavier Ceccoli offensif qui est monté sur l'estrade. Dans la ligne de mire du candidat divers droite, la majorité territoriale, qu'il accuse d'avoir diligenté "une campagne de boules puantes et de dénigrement" à son encontre.
"On nous a accusés de tous les maux, lance le président de la fédération LR de Haute-Corse. Nous étions quasiment des criminels. C’est ce qui a été dit. On ne pouvait pas faire pire que nous. Et à côté de ça, nous avions les chevaliers blancs, ceux qui sont condamnés pour fraude électorale, ceux qui sont condamnés pour fraude de marché public. Et ceux qui se lèvent tous les matins en donnant des leçons à vous tous", lâche-t-il en pointant l'assistance.
Dans son argumentaire, François-Xavier Ceccoli a fustigé le "patron de l’aide aux communes de la Collectivité de Corse", qui, selon lui, "est sorti de son rôle en appelant à voter pour Jean-Félix Acquaviva".
"Nous le disions, nous en avons maintenant la preuve, a-t-il affirmé. Derrière la maison de cristal se pratiquent des méthodes d’un autre âge. La Corse aujourd’hui est enchaînée. Et les premières victimes de tout ça, ce sont les vrais nationalistes, pas ceux qui font du chantage aux gens. C’est ceux qui se sont battus pour une Corse qui n’est pas forcément la nôtre mais qui au départ était la leur. Aujourd’hui tout cela est sali par des pratiques qui n’ont jamais eu lieu avec cette force. Elle n’est pas faite pour maintenir le nationalisme, mais pour maintenir au pouvoir des affairistes."
Au sujet de l'appel du Rassemblement national à le soutenir contre le candidat autonomiste, il a répondu sous la forme interrogative :
"On nous annonce l'arrivée des troupes RN sur la Corse. Mais attendez, quand le maire de Bastia et Gilles Simeoni parlent de communauté de peuplement, quand ils manquent de respect aux autres, est-ce que ça vous semble si fou que certaines familles politiques demandent à faire battre ceux qui les insultent ?"
D'ici la clôture de la campagne vendredi soir, les deux candidats ont encore quelques heures pour mobiliser derrière leurs démarches respectives. Tous deux savent que chaque suffrage exprimé aura son importance dans cette deuxième circonscription du Cismonti dont l'issue du scrutin, ce dimanche 7 juillet, paraît bien indécise.
Lors de la Législative de juin 2022, l'élection s'était déjà jouée dans un mouchoir de poche entre les deux hommes, Jean-Félix Acquaviva ayant alors devancé François-Xavier Ceccoli de 156 voix...