Alors que le Rassemblement national a atteint plus de 33% des suffrages en France, la Corse n'a pas échappé à ce raz-de-marée bleu marine. Les partis politique de la gauche insulaire appellent à voter contre l'extrême droite, ou tout du moins à ne pas lui donner de voix.
Lors de ces élections législatives 2024, la Corse ne faisait pas partie officiellement de l'accord national du Nouveau Front Populaire (NFP), mais il y a eu tout de même une entente entre les différents partis politiques de la gauche insulaire. Sur ce scrutin, près de 14.000 électeurs se sont prononcés en faveur de cette union. Insuffisant pour amener un candidat de gauche au second tour dans les 4 circonscriptions de la Corse.
Dès les résultats du premier tour, un certain nombre de candidats ont appeler à faire barrage au Rassemblement national, parti arrivé nettement en tête sur l'île et qui devient la première force politique en Corse.
Une union plus large de la gauche
Dans la première circonscription de la Haute-Corse, Sacha Bastelica (LFI), du Nouveau Front Populaire, a atteint 8,89% soit 3.353 voix. Il a appelé à voter pour le député sortant Michel Castellani, afin de faire barrage à l'extrême droite.
Il faut réinventer la politique en sortant des polémiques et invectives inutiles. Faire l'union dans le dialogue. Nous y travaillerons. #FrontPopulaire pic.twitter.com/j9L5Tul5FO
— Bastelica Sacha (@SachaBastelica) July 2, 2024
Il souhaite une plus large union de la gauche. "Je dois me dire choqué des résultats, je ne m'y attendais pas. Personne ne s'y attendait, nous devons avoir un sursaut et une manière de réinventer la politique. Nous devons penser la gauche de demain, nous devons penser la manière de faire de la politique de demain. Est-ce dans l'invective, dans la polémique ou dans le dialogue ? C'est dans l'union et c'est à cela que nous allons essayer de travailler", a-t-il indiqué.
La surprise du RN
Toujours en Haute-Corse, mais cette fois-ci, dans la deuxième circonscription, Hélène Sanchez, candidate EELV-NFP pour ces élections législatives et créditée de 6,02 % dans la circonscription, à, de son côté, signifié dès dimanche soir apporter son soutien au député sortant, Jean-Félix Acquaviva.
Ce dernier sera opposé au candidat divers droite François Xavier Ceccoli, qui a terminé premier, avec 34,05 % des suffrages et qui bénéficie du soutien de la candidate RN Sylvie Jouart-Fernandez, qualifiée pour le second tour, mais qui s'est désisté en sa faveur.
"Voter contre le RN, quitte à voter LR"
Pour sa première participation aux législatives, le candidat communiste Marc-Antoine Leroy a remporté 9,4% des suffrages exprimés et s'est placé à la 4ème position dans la 1ère circonscription de la Corse-du-Sud. Sur le plateau de France 3 Corse, le candidat de gauche, parti sous la bannière du Nouveau Front Populaire, a appelé ses électeurs à voter contre le Rassemblement national dès dimanche soir.
"Je ne l'ai pas caché jeudi (dernier, ndlr), j'appelle à ce qu'il n'y ait aucune voix à l'extrême droite et y compris si c'est un candidat LR ou Horizons, comme c'est le cas de Monsieur Marcangeli. En revanche, en cas d’élection, ces voix l’obligeront à écouter les électeurs de gauche", a prévenu Marc-Antoine Leroy.
Dans la première circonscription de Corse-du-Sud, aucune voix supplémentaire doit se porter sur la candidate du RN.
— Marc-Antoine Leroy (@ghjattu_neru) July 1, 2024
Sans hésitation, j'appelle donc toutes les personnes qui ont voté pour moi à glisser un bulletin @LMarcangeli ce dimanche. pic.twitter.com/NjrtWXnqKN
Plus globalement, c'est tout le parti du PCF en Corse qui a lancé un appel à voter le 7 juillet pour faire barrage dans les quatre circonscriptions de Corse à l'extrême droite "avec la même détermination que cela fut fait dans la Résistance et le 9 septembre 1943".
Le PCF en Corse rejoint donc l'appel des candidats insulaires du Nouveau Front Populaire (NFP). Si des frictions étaient apparues entre les forces de gauche avant le premier tour, ils se rejoignent sur le fait de ne pas laisser passer l'extrême droite au pouvoir. "Dans les circonscriptions où le RN est qualifié, aucune voix supplémentaire ne doit se porter sur les candidats d'extrême droite au programme antisocial et xénophobe", peut-on lire sur leur communiqué.
"Eviter l'extrême droite au pouvoir"
Dans la deuxième circonscription de la Corse-du-Sud, le maire de Pietrossella, Jean-Baptiste Luccioni (Parti Socialiste - Nouveau Front Populaire), qui a obtenu 12,32% des voix au premier tour, appelle à réinvestir le terrain et aller au contact des électeurs pour faire vivre une stratégie de la gauche lors du prochain tour.
Il a appelé lundi à voter en faveur du député sortant, Paul-André Colombani (Partitu di a Nazione Corsa), arrivé en deuxième position avec 26,45%, derrière le candidat du Rassemblement national, François Filoni (35,10%). "Nous appelons, sans réserve, tous les républicains, les démocrates et les humanistes qui nous ont ardemment soutenus à s’engager dans un soutien résolu et actif en faveur du Dr. Paul-André Colombani, a écrit le maire de Pietrosella dans un communiqué. Son combat contre le Rassemblement National est aussi le nôtre dans cette circonscription afin d’éviter le pire, l’extrême droite au pouvoir."