Élections législatives 2024 : qui fera barrage au Rassemblement National en Corse ?

Les candidats du Rassemblement National se sont qualifiés pour le second tour des élections législatives dans les quatre circonscriptions de Corse. Face à cette situation sans précédent, si certaines personnalités politiques insulaires ont appelé à faire barrage au parti de Jordan Bardella, d'autres n'ont pas donné de consignes de vote.

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La Corse n’aura pas échappé à la vague bleu marine nationale.

Le Rassemblement National (RN) sera au second tour dans les quatre circonscriptions.

Une situation inédite dans l'histoire politique de l'île, qui pousse les forces politiques, notamment celles qui ne seront pas représentées au second tour, à se positionner.

Il faut voter Laurent Marcangeli qui est notre adversaire politique, mais qui s'est battu pour l'autonomie.

Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse

À l’instar du président de l’Exécutif Gilles Simeoni. Dès dimanche soir, sur le plateau de France 3 Corse ViaStella, ce dernier a appelé à soutenir non seulement les trois députés nationalistes sortants encore en lice pour le second tour, mais aussi le candidat de droite face au RN dans la première circonscription de Corse-du-Sud.

"Ce soir, très clairement, je pense qu'il faut voter Laurent Marcangeli qui est notre adversaire politique, mais qui s'est battu pour l'autonomie", a-t-il notamment déclaré.

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La réaction du président de l'exécutif à la percée du Rassemblement National "ce qui se passe ce soir en France est un véritable tremblement de terre" ©France 3 Corse Via Stella

Même consigne du côté du Partitu di a Nazione Corsa. Par la voix de son secrétaire général Pascal Zagnoli, a appelé lundi à faire barrage au Rassemblement National. Le parti autonomiste a par ailleurs affirmé qu'il apportait son soutien aux quatre députés sortants.

Dans un communiqué publié mercredi, Core in Fronte a finalement fait part de sa position pour le second tour. "Devant l'urgence de la situation, Core In Fronte appelle à un sursaut patriotique et à un vote pour les 3 candidats nationalistes, Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva et Paul-André Colombani, encore en lice. Dans la 1ère circonscription de Corse-du-Sud, aucune voix ne doit aller au RN", peut-on lire sur Facebook.

Le mouvement Mossa Palatina s'est également exprimé sur les réseaux sociaux. "Nous sommes dans l'incapacité de soutenir les candidatures allogènes du RN de la 1ère circonscription du Cismonte et de la 1ère du Pumonte en ce que nous considérons que les Corses se doivent d'être représentés par des Corses, indique le communiqué. Nous laissons ainsi nos électeurs libres de leur choix et de leur vote et dénonçons vivement les discours totalitaires qui tendent à culpabiliser les Corses en raison de leur comportement electoral." 

Et d'ajouter : "Concernant la 2ème circonscription du Cismonte, François-Xavier Ceccoli présente toutes les garanties d'un régionalisme cohérent et enraciné."

Autre communiqué, celui de La France Insoumise : "Notre message est très clair : pas une voix ne doit se porter sur les deux candidats du Rassemblement National. Nous appelons à faire barrage, pas un siège de plus pour le RN."

Même position, enfin, du côté de la Ligue des Droits de l'Homme de Corse : "Celles et ceux qui refusent la société que nous annonce l’extrême-droite sont donc devant un choix simple : toute abstention au second tour offrirait le pouvoir au RN et aux candidats qui lui sont alliés ou qu’il soutient, du fait du mode électoral. Pourtant ses idées inégalitaires sont minoritaires dans la société. Les votes doivent converger autour d’un seul objectif : défaire le RN."

Première circonscription de Corse-du-Sud

Romain Colonna, arrivée troisième avec 16,84% des voix dans la première circonscription de Corse-du-Sud, a lui aussi pris position. Sur les réseaux sociaux, il écrit : "L’enjeu du second tour consiste pour le peuple corse à envoyer des représentants légitimes à Paris afin d’y défendre les intérêts de la Corse. Les députés sortants, dans la diversité de leur conviction et de leur parcours, incarnent cela."

Et d'ajouter : "Il [Laurent Marcangeli] sera confronté dimanche prochain à une candidate du Rassemblement national que tout oppose aux intérêts de la Corse et des Corses. Nous ne pouvons nous résigner à l’idée que cette dernière représente la Corse à Paris."  

Du côté du candidat communiste Marc-Antoine Leroy (Nouveau Front Populaire), l'appel à voter pour le député sortant afin de faire barrage au parti de Jordan Bardella est très clair. "J’appelle à ce qu’il n’y ait aucune voix qui aille à l’extrême droite, y compris si cela implique de voter pour un candidat LR ou Horizons, comme c’est le cas de Monsieur Marcangeli. En revanche, en cas d’élection, ces voix l’obligeront à écouter les électeurs de gauche", a-t-il prévenu sur notre plateau dès dimanche soir.

Dans un communiqué, les maires de la Communauté d'Agglomération du Pays Ajaccien ont indiqué apporter "leur total soutien au député sortant Laurent Marcangeli et son suppléant Xavier Lacombe". Le texte est signé par Pascal Miniconi (Afa), Stéphane Sbraggia (Ajaccio), Etienne Ferrandi (Alata), François Faggianelli (Appietto), Jean Biancucci (Cuttoli-Corticchiato), Alexandre Sarrola (Sarrola-Carcopino),Jean-marie Pasqualaggi (Tavaco), Horace Franchi (Valle-di-Mezzana) et Antoine Vincileoni (Villanova).

Mardi soir, dans un communiqué commun, les élus nationalistes ajacciens, Jean-André Miniconi et Jean-Paul Carrolaggi, ont appelé à faire barrage au Rassemblement national : 

"Dans l’immédiat, l’indispensable sursaut patriotique passe par une opposition absolue aux candidats présentés ou soutenus par le RN français, écrivent les deux élus qui siègent dans l'opposition au conseil municipal d'Ajaccio. Dans ce cadre, nous affirmons un soutien sans faille à Michel Castellani, Jean-Félix Acquaviva et Paul André Colombani et lançons un appel parfaitement clair à voter Laurent Marcangeli tant il est vrai que nous privilégierons toujours un adversaire politique corse à la représentante d’un parti qui constitue la négation de tout ce que nous sommes."

Communique Carrolaggi /Mini... by Via Stella

Deuxième circonscription de Corse-du-Sud 

Je ne donnerai aucune consigne de vote pour le second tour, demeurant, moi-même, libre.

Valérie Bozzi, candidate divers droite dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud

Paul-André Colombani, député sortant de la deuxième circonscription de Corse-du-Sud a appelé dès dimanche soir à un "arc républicain" autour de sa candidature. Arrivé deuxième avec 26,45 % des suffrages exprimés, soit près de neuf points de moins que François Filoni, le délégué régional du Rassemblement national (35,10 %), l'élu PNC espère "rassembler l'ensemble des forces de progrès" au second tour.

Un appel entendu par le candidat de gauche Jean-Baptiste Luccioni (12,3%), qui a appelé lundi à voter en faveur du député sortant. "Nous appelons, sans réserve, tous les républicains, les démocrates et les humanistes qui nous ont ardemment soutenus à s’engager dans un soutien résolu et actif en faveur du Dr. Paul-André Colombani, a écrit le maire de Pietrosella dans un communiqué. Son combat contre le Rassemblement National est aussi le notre dans cette circonscription afin d’éviter le pire, l’extrême droite au pouvoir."

Valérie Bozzi, arrivée troisième au premier tour avec 16,9% des suffrages exprimés, a en revanche annoncé qu'elle laissait ses électeurs libres de leur choix. "En démocratie, il faut respecter le choix des électeurs. Et par respect pour la liberté de chacune et chacun d'entre eux, je ne donnerai aucune consigne de vote pour le second tour, demeurant, moi-même, libre", a déclaré lundi la maire de Grosseto-Prugna dans un communiqué.

De son côté, Laurent Marcangeli a indiqué dans un tweet "souhaiter la victoire de Paul-André Colombani". Le député Horizons sortant a "invité celles et ceux qui se reconnaissent dans [s]a démarche à voter pour lui".

Première circonscription de Haute-Corse

Dans la première circonscription de Haute-Corse, le député sortant Michel Castellani espère lui aussi bénéficier d'un "front républicain". L'élu nationaliste a appelé en conséquence "tous les démocrates à se rassembler derrière [sa] candidature".

Mais Julien Morganti, qui a recueilli 14,42 % des voix au premier tour, a fait savoir dès dimanche soir qu'il n'était pas question de donner une consigne de vote : "Je ne suis pas candidat pour faire barrage. Michel Castellani représente un courant que l'on combat, on n'a pas à soutenir cette personne. Pas plus que le RN. Ce n'est pas une décision personnelle mais une décision collective, à l'unanimité. J'appelle les gens à aller voter, massivement, mais librement".

En revanche, du côté de Sacha Bastelica du Nouveau Front Populaire, il en va tout autrement. "Nous sommes choqués, et d'une certaine manière, on en appelle à la responsabilité de l'ensemble des candidats dans cette élection pour pouvoir faire barrage à l'extrême droite. [...] On appelle à voter pour le candidat le mieux placé pour battre l'extrême droite, en l'occurrence Michel Castellani", a déclaré le jeune candidat, qui a rassemblé 8,89 % des suffrages.

Jean-François Paoli a, pour sa part, fait savoir dans un communiqué qu’il "ferai[t] barrage au RN". Une position "personnelle" pour le vice-président Parti Radical de Corse : "N’étant pas propriétaires de ces [2 045] voix, nous souhaitons que tous sachent faire le bon choix pour les valeurs de protection, d’humaniste et d’universalité qui sont les nôtres".

Quid des suffrages qui se sont portés sur Mossa Palatina ? Nicolas Battini, qui a recueilli 1603 voix, a indiqué ce lundi qu'il laisserait libres ses électeurs.

Deuxième circonscription de Haute-Corse

La situation est bien différente dans la deuxième circonscription de Haute-Corse. 

Si elle devait initialement être le théâtre d'une triangulaire opposant François-Xavier Ceccoli arrivé premier avec 34 % des suffrages, le député sortant Jean-Félix Acquaviva (28,6 %) et la candidate RN, Sylvie Jouart-Fernandez (25,4 %), cette dernière s'est finalement désistée, lundi, au profit du candidat de droite.

"Je rappelle que le député Acquaviva a parrainé Mélenchon pendant la présidentielle, a justifié François Filoni. Et que le Front Populaire appelle à faire barrage contre nous, comme le président de l'Exécutif qui est sorti de sa réserve. Nous disons qu’aujourd'hui, nous ne voulons pas rajouter des députés LFI ou qui se joindront à LFI, donc nous retirons notre candidate, qui n'a pas démérité."

Une décision qui rebat singulièrement les cartes dans cette circonscription.

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