Après cinq mois de travaux sur les dérives mafieuses menés entre élus et société civile, une première réunion de synthèse s’est tenue mercredi 26 juillet. Parmi les pistes avancées : la création d’une commission anti-mafia indépendante.
C’est le temps du bilan. Après cinq mois de rencontres, 35 réunions et 23 auditions, les travaux sur les dérives mafieuses menés entre élus et société civile ont pris fin. Mercredi 26 juillet, une restitution de ces ateliers s’est tenue à la Collectivité de Corse (CdC), en présence des associations et collectifs concernés.
"Le malaise est bien perceptible. Mais fuir le débat n'est pas la bonne option."
Collectif Massimu Susini
L’occasion pour le collectif Massimu Susini de livrer son analyse de ces mois de travail. Sur la forme d’abord. "En premier lieu, si nous avons constaté une présence permanente des élus de Fà Populu Inseme et de l'ensemble des associations et collectifs, nous avons, cependant, été très surpris de l'absence quasi systématique des autres groupes politiques de l'Assemblée", indique le collectif, regrettant qu’"aucune explication cohérente ne [leur ait] été donnée".
Et d’ajouter : "II semblerait que voter une résolution sur les dérives mafieuses soit plus aisé que de débattre des moyens de lutte pour s'opposer à la mafia. Le malaise est bien perceptible. Mais fuir le débat n'est pas la bonne option."
"Sous le patronage la CdC, pas sous son contrôle"
Sur le fond, le collectif propose la création d’une commission anti-mafia indépendante, "sous le patronage et le soutien de la CdC, mais pas sous son contrôle". Cette commission serait composée "d'élus motivés, des collectifs et d'associations actifs dans la lutte anti-mafia, de personnalités et de chercheurs intéressés par ce champ de recherche".
Parmi ses objectifs : "Evaluer l'importance de l'emprise mafieuse en Corse ainsi que ses champs de prédation ; évaluer les outils que se donne la CdC pour lutter contre la mafia mais également leur efficacité ; évaluer l'action de l'Etat et son efficacité ; rendre régulièrement publiques ces observations afin que les Corses soient parfaitement informés de la situation".
Cette préconisation aurait reçu "un très large écho favorable", même si la forme qu’elle pourrait prendre est encore "soumise au débat".
Divergences
Le collectif A Mafia Nò, A Vita Iè souligne quant à lui le caractère "positif" de cette réunion de synthèse. "Les débats, à l'issue des rapports, ont été très constructifs", estime-t-il. Même s’il reconnaît l’existence de "divergences réelles au sujet de la réponse pénale".
"On peut espérer que des lignes peuvent bouger également en ce domaine. C'est en tout cas le rôle des lanceurs d'alertes de convaincre", ajoute le collectif.
De son côté, le président de l’Exécutif Gilles Simeoni, salue dans un tweet un "débat constructif", notant lui aussi "des divergences parfois" mais "de nombreuses propositions sur lesquelles l’Assemblée de Corse aura à statuer à la rentrée".
"Propositions concrètes"
Pour rappel, le 20 juin dernier, six associations, dont les deux collectifs précédemment cités, avaient appelé les élus de l'Assemblée de Corse à faire des "propositions concrètes" dans "le combat contre la mafia" dans l'île.
En novembre, une session extraordinaire consacrée à la mafia avait été organisée à l’Assemblée de Corse. Elle avait débouché sur l’adoption d’une résolution relative "aux dérives mafieuses" qui annonçait l'ouverture d'un cycle de travail de cinq mois autour de cinq ateliers dont les "secteurs économiques particulièrement exposés" ou encore "drogues, et addictions".
Les précisions de Paul Salort :