Les récentes tensions politiques entre les deux pays peuvent-elles avoir des conséquences économiques ? les réponses de Edoardo Secchi, président du club Italie-France.
Début mai Elisabeth Borne a plaidé pour un "dialogue apaisé" entre la France et l'Italie au lendemain des propos du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin sur l'incapacité de Rome à gérer l'immigration, des déclarations qui ont provoqué une crise entre les deux pays.
Elle était interrogée sur la possibilité que Paris présente des excuses à Rome, à l'issue d'une rencontre à Matignon avec le Premier ministre belge Alexander De Croo, consacrée à la coopération entre leurs deux pays. "Je suis 100% d'accord, pour nous aussi l'Italie est un partenaire majeur", a glissé M. De Croo, après la courte réponse de son homologue française.
Gérald Darmanin a estimé que la Première ministre italienne Giorgia Meloni était "incapable de régler les problèmes migratoires sur lesquels elle a été élue". Le chef de la diplomatie Antonio Tajani a alors annulé sa visite à Paris, exigeant des excuses du ministre français de l'Intérieur.
Interrogé sur ces frictions en marge d'un déplacement à Florence, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a rappelé que la question des flux migratoires est "un problème commun" aux pays de l'UE qui doit être géré "avec le maximum d'unité". "Je suis certain que ces difficultés seront surmontées", a-t-il dit.
Ces nouvelles tensions peuvent-elles avoir des conséquences économiques ?
Les réponses de Edoardo Secchi, président du club Italie / France .
Les récentes tensions politiques entre France et Italie peuvent-elles remettre en cause les accords et partenariats économiques ?
Edoardo Secchi : Pas du tout. C’est plutôt l’inverse si j’ose dire. Les affaires économiques entre Rome et Paris non seulement se maintiennent mais sont toujours en plein essor. Depuis 2014, les échanges bilatéraux n'ont cessé de s'accroitre pour attendre 103,8 milliards en 2022. Dans une relation souvent déphasée par les différentes coalitions politiques au pouvoir dans chaque pays, l’ « économie » nous rappelle par les faits que le dynamisme et la synergie entre l’Italie et la France sont bien plus importants que les querelles politiques passagères.
Aujourd’hui quels sont les secteurs les plus concernés par les échanges économiques entre les deux pays?
Edoardo Secchi : On peut affirmer que le niveau d’interdépendance entre le deux pays est très important, voire fondamental dans certains secteurs comme la mécanique, l’automobile, la finance, l’habillement et le luxe, l’agroalimentaire, l’ameublement . Les deux pays sont complémentaires et s’ils souhaitent rester dans les classements de premieres dix nations au monde, ils doivent améliorer leur synergies industrielles en valorisant leur identités mais aussi devenir une sorte de cluster mondial dans leurs secteurs de pointe. Et pour cela il doit y avoir une vision « régionale » : la proximité géographique permets une meilleure intégration industrielle.
Globalement comment l’Italie parvient elle a contenir l’inflation ?
Edoardo Secchi : Le nouveau gouvernement au pouvoir essaye de limiter les dégâts mais c’est encore trop tôt pour voir des résultats. L’inflations en Europe a fortement impacté tous les pays et certes, les gouvernants sont face à deux choix critiques : Soit ils distribuent de l’argent publique pour aider les ménages et relancer la consommation, le tout en augmentant la dette publique et donc les impôts, soit ils essayent de relancer les investissements pour réactiver l’économie et l’emploi. Il faut avouer que le choix est très compliqué. Quelque soit le choix, il y aura l’autre partie de la population qui vous accusera de les avoir abandonnés.
Propos recueillis par T Pardi