L’eau devient une denrée rare dans les villages de Tomino et Rogliano, habitués à cette pénurie estivale. En recherche de solutions, les communes se serrent les coudes et espèrent tenir jusqu’à la saison hivernale.
Deux villages voisins du Cap touchés de plein fouet par la sécheresse. Chaque été, Rogliano et Tomino sont habitués à subir une pénurie d’eau.
Cette année, le réservoir de Stullone qui a une contenance maximale de 48 000 m3 d'eau n'en contient que 21 000 m3. Actuellement, ce bassin de stockage ne permet au village de Tomino de tenir que jusqu’à la mi-août. Pour lutter contre la sécheresse, un nouveau forage a donc été creusé sur la commune.
"Nous avons nos sources habituelles qui sont taries : la source proprement dite et un forage, explique François Orlandi, le maire de Tomino. Nous avons pu mettre en service un forage qui a été réalisé après l’évolution des schémas des vecteurs de l’eau de la commune." Le but pour le village : tenir sur la durée. Pour cela, l’aide de la commune voisine de Meria est indispensable car, grâce à son propre forage, elle fournit le précieux liquide à celle de Tomino.
Une unité de dessalement pour repousser l’échéance
"Le problème des forages, c’est que ça donne pendant un temps puis, un jour, il n’y a plus d’eau", constate Patrice Quilici, maire de Rogliano.
L’élu se refuse à voir approcher le 15 août avec anxiété, date à laquelle les réserves d’eau seront épuisées. "J’ai eu mon fournisseur pour une unité de dessalement de 500m3 par jour. Elle sera installée le 16 août si tout va bien. Ensuite, j’attendrai les autorisations pour qu’elles soient conformes", ajoute-t-il.
Cette unité de dessalement était justement le sujet d’une réunion entre les maires des deux villages concernés, le préfet, les services de l’ARS et la direction de la mer et du littoral et de l’équipement hydrauliques. Trois points sont actuellement à l’étude : la potabilité de l’eau, les conséquences du rejet sur les fonds marins et la description précise du projet qui doit être fait par les deux élus.
En attendant l’autorisation pour des solutions plus durables, les deux communes ont décidé en mars de limiter leur consommation d’eau. Depuis, les habitants ont donc pour interdiction de laver leur voiture ou encore d’arroser leur jardin. Ce qui est désormais le cas dans l'ensemble de la Haute-Corse depuis que le préfet a pris un arrêté limitant l'usage de l'eau.
"C’est de pire en pire"
Pour faire face à la sécheresse, les maires pourraient s'appuyer sur le programme Acqua nostra 2050. Porté par l'Office d’équipement hydraulique pour la Corse, celui-ci prévoit notamment une régulation des réseaux et des équipements qui permettraient des stockages d’eau afin de les redistribuer en saison. Ce qui donne de l’espoir aux élus des deux villages concernés. "Ce qu’on espère, c’est que les infrastructures soient créées, notamment des unités de stockages. Ça fait vingt ans qu’on le dit donc on espère qu’ils le mettront en œuvre rapidement ", conclut François Orlandi.
Malgré les possibilités qui s’offrent aux villages touchés, Patrice Quilici reste inquiet de la sécheresse qui grandit au fur et à mesure des années. "C’est de pire en pire. On a une pluviométrie très basse. Je m’inquiète parce que je me demande comment vont faire les éleveurs, les maraichers…"
Depuis le 13 juillet et l'entrée en vigueur de nouvelles mesures préfectorales, les agriculteurs du Cismonte sont interdits d'arrosage un jour par semaine sur leur exploitation.