Depuis le 1er novembre, c’est la trêve hivernale qui durera jusqu'au 31 mars. Pendant cinq mois, un propriétaire ne peut pas procéder à l'expulsion d'un locataire. Si le nombre d'expulsions reste extrêmement faible en Corse, les associations constatent une dégradation sociale qui pourrait accroître le nombre d'expulsions après la trêve.
Alors qu'au niveau national, en 2023, la hausse des expulsions locatives, était de 23% sur l'année, le nombre d'expulsions en Corse reste stable et assez faible. Une soixantaine effective pour l'ensemble de l'île en 2022
Sur les 2.000 familles suivies par le Secours Populaire dans l'île, moins de cinq sont en situation d'être expulsées, mais aucune ne l'a été. Les acteurs, selon le président de l'association, s'inscrivant dans une logique de médiation.
“Il est indispensable, quand il y a un impayé, de mettre en marche tout de suite un plan de remboursement pour apurer la dette, explique Hyacinthe Choury, secrétaire général du Secours populaire en Corse. Pour ça, si c’est un bailleur social, c’est en général le travailleur social du bailleur qui s’en occupe. Et c’est pour ça qu’en Corse on a très peu d’expulsions, parce que les bailleurs sociaux n’expulsent pas, ils essaient de résoudre le problème avant d’en arriver là.”
De moins en moins d’hébergements d’urgence
Mais la situation sociale dans l'île ne cesse de se dégrader. Le Secours populaire accompagne d'ailleurs deux fois plus de personnes qu'en 2019. Et la nouvelle loi Kasbarian, qui simplifie les expulsions locatives, ainsi qu'une alerte lancée par la fondation l'Abbé Pierre font peser une nouvelle épée de Damoclès sur les plus précaires.
“Sur le continent, il y a des CAF qui cessent de verser les APL aux bailleurs en cas d’impayés de loyer. A ma connaissance, je ne crois que ça ait lieu en Corse, puisque chaque CAF a sa propre politique”, reprend Hyacinthe Choury.
Plus de monde expulsé et moins d'hébergement d'urgence. C'est aussi ce que redoutent les associations humanitaires en Corse.
“Les 13 personnes qui sont à Fratellanza, les 20 qui sont à Paese di Legnu à Ajaccio, risquent de se retrouver dans la rue du jour au lendemain, alerte le docteur François Pernin, président de la Coordination interassociative de la lutte contre l'exclusion (CLE). Actuellement, on est menacé de coupes budgétaires, pour des économies, des risques d’hébergement d’urgence risquent de fermer, certaines aides d’urgence dont disposent certaines assistantes sociales ne vont plus être budgétisées. Tout ceci va impacter directement des personnes, ce ne sont pas des lignes budgétaires sur des feuilles Excel. Ce sont des gens derrière.”
La trêve prendra fin le 31 mars prochain. Un répit aussi pour les associations pour tenter de résoudre les situations d'impayés pour éviter de futures expulsions.
Le reportage de Caroline Ferrer et Morgan Plouchart :