Pour Jean-Christophe Angelini, "si le RN nous a devancés au premier tour avec des candidats parachutés, c'est parce qu'on ne fait plus de politique"

À a suite des élections législatives, qui ont vu la victoire de Paul-André Colombani dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, Jean-Christophe Angelini revient sur la victoire du député sortant du Partitu di a Nazione Corsa dont il est un soutien de poids. Pour le maire PNC de Porto-Vecchio, cette victoire ne remet pas en cause la "nécessité d'un aggiornamento du mouvement national".

Au lendemain de la réélection de Paul-André Colombani dans la deuxième circonscription de Corse-du-Sud, son principal soutien, Jean-Christophe Angelini, analyse les résultats du second tour de scrutin

Malgré 3 400 voix de retard sur le candidat du Rassemblement national François Filoni au soir du premier tour, le député sortant du Partitu di a Nazione Corsa est parvenu à s'imposer dimanche en totalisant plus de 7 400 suffrages d'avance. Un score qu'il a pu nettement augmenter grâce à l'appel de plusieurs forces politiques à faire barrage au RN.

Pour le maire PNC de Porto-Vecchio, qui met notamment en avant une "large prise de conscience" pour expliquer ce retournement de situation, cette victoire aux Législatives ne "doit pas effacer la nécessité d'un aggiornamento du mouvement national"

"J'y suis favorable", a-t-il déclaré dans l'entretien qu'il nous a accordé. 

France 3 Corse : comment analysez-vous ce vote et la remontée de votre candidat, Paul-André Colombani, au second tour de scrutin ? 

Jean-Christophe Angelini : Il y a d'abord une prise de conscience de ce retard important. Un travail qui en a découlé immédiatement, dès le lundi matin (le 1er juillet, ndlr). Ensuite, de l'appel de Zonza au meeting d’Aiacciu, il y a eu un large front, non pas simplement pour faire barrage ou ériger je ne sais quelle digue, mais pour continuer à adhérer au projet politique de transformation et de soutien à la Corse porté par le député Paul-André Colombani. Ça donc marché au-delà de toute espérance. Mais je crois qu'un certain nombre d'éléments se sont conjugués pour aboutir à une victoire qui n'est pas simplement une victoire large. C'est un véritable raz-de-marée démocratique et pluriel, et je m'en félicite. 

Laurent Marcangeli, lui aussi réélu, a notamment joué un rôle important : il a pris la parole au meeting de l'entre-deux-tours de Paul-André Colombani et a fait un gros travail dans le VIème canton d'Ajaccio. Il faudra donc, peut-être, lui rendre la pareille de votre côté. Comment cela pourrait-il se matérialiser ?

Vous savez, avec Laurent Marcangeli comme avec tant d'autres, on n'est pas dans une logique de renvoi d'ascenseur. Ce n’est pas le propos. Quand l'intérêt de la Corse commande que l'on converge, on converge. Quand il commande que l'on s'exprime dans notre diversité, on le fait. Quand il commande qu'on le fasse au premier tour et pas au deuxième, nous en sommes aussi capables. Donc, tout dépend des cas de figure. Mais je le redis, je crois qu'aujourd'hui le paradigme nouveau, et c'est que ce qui doit dicter la conduite à tenir, ce n'est plus l'appartenance politique - même si elle est importante - mais l'intérêt de l'île. L'intérêt de l'île commandait de battre Filoni, on l'a battu. Pas pour Filoni que je respecte en tant qu'homme et en tant que représentant politique, mais pour que Paul-André continue à nous représenter. Et demain ce sera pareil. Ça, il faut bien le comprendre. Moi, au niveau du PNC et d'Avanzemu, c'est ce que je vais continuer à prôner. J'entends ici et là parler d'aggiornamento du mouvement national. Je suis d'accord.

L'entretien en intégralité de Jean-Christophe Angelini réalisé par Jean-Philippe Mattei et Lionel Luciani :

Il faut donc un aggiornamento pour vous ? La victoire n’efface pas tout ?  

Exactement. La victoire, d'ailleurs, n'efface rien de ce point de vue, mais il faut que ça aille au-delà. Si les nationalistes devaient commettre l'erreur fatale de se remettre dans une salle, à Corte ou ailleurs, pour discuter de leur avenir et dire “bon, c'était mieux quand on était unis, on se rassemble de nouveau”, ça ne réglerait rien. Qu'est-ce qui compte ? Les problèmes de la Corse. Pourquoi le RN au premier tour, avec des candidats parachutés que personne ne connaissait, a fait pareil score et nous a devancés partout ? C'est parce qu'on ne fait plus de politique.  

Que proposez-vous ?  

À mon avis, il faut qu'on s'entende sur un projet. Qu'est-ce qu'on fait pour ce pays ? On paye le fait que durant dix années de pouvoir nationaliste, et j'inclus la période durant laquelle j'ai été partie prenante, nous n'avons pas eu de réalisation à la hauteur des attentes des Corses qui avaient certes, de manière irrationnelle et peut-être abusive entre guillemets investi notre élection et attendu d'elle tous les possibles. On n'a rien offert ou trop peu. Donc, aujourd'hui, refaisons de la politique ! Déterminons un projet à 20 ou 30 ans et mettons autour de la table les compétences, les gens qui ont envie de travailler, les gens qui méritent d'être assis à cette table et redressons ce pays. C'est comme ça qu'on fera reculer le RN, c'est comme ça qu'on fera l'aggiornamento du mouvement national et c'est comme ça, surtout, qu'on changera la vie des gens parce qu'il y a trop de gens qui souffrent dans ce pays. 

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