Pour le directeur de la sécurité du SC Bastia, "le club n'est pas victime de la commission de discipline"

Ayant écopé d'une amende de 3 000 euros cette semaine pour jets d'objets et pétards, le SC Bastia est toujours concerné par le huis clos partiel de son stade Armand-Cesari. Des sanctions qui auraient pu être plus lourdes si le club n'avait pas pris des mesures à l'encontre de certains de ses supporters. Directeur de la sécurité et de la sûreté du SCB depuis trois saisons, Jean-Louis Constant fait le point sur la gestion de ces incidents par le Sporting.

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Huis clos total pour un match, fermeture partielle de la tribune Sud pour cinq rencontres, amendes pour jets d'objets et pétards.

Depuis le début de la saison, le Sporting Club de Bastia a été sanctionné à plusieurs reprises par la commission de discipline de la Ligue de football professionnel (LFP).

De son côté, le club a identifié les fauteurs de troubles et a prononcé des interdictions commerciales de stade (ICS) à leur encontre. Une politique qui tranche avec celle des directions précédentes et qui a semble-t-il permis d'atténuer certaines sanctions auprès des instances. 

Directeur de la sécurité et de la sûreté du SCB depuis trois saisons, Jean-Louis Constant expose la position du club quant à la gestion de ces incidents, alors que le stade Armand-Cesari, où se dispute ce vendredi soir le match retour du derby face à l'ACA, est toujours concerné par un huis clos partiel.

France 3 Corse : Le SC Bastia vient d’écoper d’une amende de 3 000 euros pour "usage d’engins pyrotechniques et jets d'objets" à la suite de la rencontre à Furiani contre Guingamp. Vous attendiez-vous à une sanction de cet ordre, sachant que le club est déjà frappé par un huis clos partiel de la tribune Sud ? 

Jean-Louis Constant : Je ne m’attendais pas à une sanction supérieure. Il y a eu un travail d’identification qui a été fait sur les jets d'objets. Nous sommes donc davantage sanctionnés sur la partie pyrotechnie, à savoir bombes agricoles et pétards qui ont été relevés lors de ce match.

Je précise que ces faits-là peuvent aussi parfois se produire lors des déplacements sur le continent. Lors du match au Red Star, on avait aussi eu des bombes agricoles ou des pétards. Malgré toute notre bonne volonté, il n’y avait pas eu d’identification mais le dossier avait été classé. On voit donc que la commission de discipline nous écoute lorsqu'on s'explique. Parfois, en développant et en argumentant, on arrive à classer des dossiers et surtout à avancer sur des sujets. Pour nous, le club n’est pas victime de la commission de discipline.

À la suite d’autres incidents ayant eu lieu le 23 novembre dernier lors de la réception de Lorient, le stade a été frappé d’un match à huis clos total, puis d’un huis clos partiel de la tribune Sud pour cinq rencontres. Certains supporters à l’origine des débordements auraient été identifiés par le club qui aurait également déposé plainte. Confirmez-vous ces informations ? 

Oui. Il n’y a pas eu de plaintes nominatives mais des plaintes contre X ont été déposées par le club. Il y a eu des faits graves avec un officiel (arbitre assistant, ndlr) qui a été touché. Et ça, c’est inacceptable. À Furiani, cela ne doit plus arriver et il ne faut pas dépasser les limites. Si on laisse faire ça, cela va entraîner d’autres débordements. Et c’est justement cela que nous ne voulons pas.

Qu’en est-il des interdictions commerciales de stade (ICS) ? Cela signifie-t-il que la carte d’un abonné est désactivée par le club ? 

Si c’est un abonné, oui, on procède ainsi. Si la personne identifiée n'est en revanche pas abonnée, nous faisons en sorte de lui signifier qu'elle ne pourra plus, pendant un certain temps, user de la billetterie du Sporting Club de Bastia sur toutes les compétitions.

Comment faites-vous pour identifier un fauteur de troubles qui n’est pas abonné ? Avec la vidéosurveillance ?  

C’est plus difficile que pour un abonné. Sur notre serveur informatique à nous, on ne peut pas identifier une personne qui n’est pas abonnée, on ne peut pas chercher plus loin. Il y a donc le service de vidéosurveillance puis le PC sécurité. À chaque match, la police est présente car, avant tout, ce sont des faits de délinquance. Nous, à la sécurité du club, nous ne sommes pas la police des tribunes. En tant que directeur de la sécurité, je suis là avant tout pour assurer le bon fonctionnement de l’organisation de la rencontre. On s’occupe de la sûreté, ce qui comprend toutes les fouilles et les palpations. Nous gérons aussi le côté médical. En cas de souci de santé d’un spectateur, nous devons immédiatement faciliter l’accès aux secours.

Le directeur de la sécurité à Bastia n’est ni un gendarme ni un policier des tribunes.

Quand un abonné se voit interdit commercialement de stade, est-il remboursé des matches à venir auxquels il ne pourra plus assister ? Quelles sont les clauses à ce niveau-là ?  

L’abonné n’est en aucun cas remboursé car il est sanctionné par le club. C’est quelque chose qui pend au nez de chaque spectateur dans un stade. C’est valable dans tous les clubs de football professionnel : un abonné peut se voir interdit de stade commercialement s’il a été identifié comme étant un fauteur de troubles. 

À ce jour, concernant le SCB, combien de personnes sont-elles interdites commercialement de stade ?   

Depuis le début de la saison, nous sommes à une dizaine de personnes, à la fois à domicile et à l’extérieur. Il faut en effet rappeler que nous sommes responsables de nos supporters à Furiani mais aussi dans les autres stades où se déplace le Sporting pour jouer. 

Les années précédentes, quels étaient les chiffres concernant les interdictions commerciales de stade ?

Il y en a plus que l’an passé à la même période. Après, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le directeur de la sécurité à Bastia n’est ni un gendarme ni un policier des tribunes. C’est avant tout un amoureux du club, un "Bleu". L’interdiction commerciale de stade est le palier avant l’étape judiciaire. On discute avec les supporters, on les invite à venir nous rencontrer au club et on explique la situation. C’est aussi un travail pédagogique. Nous ne sommes pas dans la répression. La répression, ce n’est pas le club qui la fait. C’est quand ça va plus haut... 

Votre rôle est donc aussi d’éviter d’en arriver à une répression pénale ? 

Notre but, ce n’est pas d'arriver à la répression. Malheureusement, on y a eu droit sur certains dossiers l'an passé. Des procédures ont été mises en place sur certains supporters. Après, je le répète : à la direction de la sécurité du SCB, nous ne sommes ni des policiers ni des gendarmes. On a vraiment d'autres sujets à gérer, notamment sur le nouveau stade, concernant l’accessibilité. Nous souhaitons être davantage focalisés sur ces sujets-là que sur ceux liés à la discipline et à la répression. 

En termes de gestion du public, il semble y avoir une différence dans le fonctionnement par rapport aux directions précédentes du club. Cela signifie-t-il qu’aujourd’hui, il faille davantage travailler avec les instances afin d’éviter des sanctions trop lourdes ? 

Lors du dernier séminaire avec les directeurs de la sécurité des autres clubs, on a eu l'occasion d'échanger avec le président de la commission de discipline. Il apparaît que les peines ont été revues à la baisse. Il faut à la fois porter des explications et avoir un objectif de résultats. Si vous vous victimisez, vous avez perdu. Et se victimiser lorsque vous avez tort, c’est double peine. Aujourd'hui, si c’est l’un de nos supporters qui jette un gobelet sur quelqu’un sur le terrain, ça incombe au club. Après, il faut que l’on reste dans le respect, que l’on ne parte pas dans certaines dérives que l’on peut voir sur d’autres stades.

Des noms, on n’en donne pas mais on travaille sur la pédagogie.

 

Si l’on compare certaines sanctions infligées au Sporting avec celles d’autres clubs pour des faits similaires, y a-t-il, selon vous, une différence de traitement de la part de la commission de discipline ?

Nous n’avons pas l’impression d’être jugés différemment des autres. Le problème, c’est que les sanctions sont annoncées sans être détaillées ni expliquées. Très souvent, on ne sait pas pourquoi tel club a eu cette sanction-là. Il y a des stades où il y a eu des bagarres, des intrusions et où le club a été sanctionné d’une tribune fermée. Parfois, on a eu des sanctions plus fortes de la Ligue. Néanmoins, il faut dire que dans certains stades, le grand public ne sait pas qu’il y a eu vingt personnes interpellées par la police. Le dossier peut alors être classé ou la peine diminuée par la commission parce que, justement, les fauteurs de troubles ont été interceptés par les forces de l’ordre, puis interdits de stade par les autorités, voire emprisonnés.

Ce sentiment du "deux poids deux mesures" serait donc lié à la communication faite par les instances ?

Aujourd'hui, la communication générale sur les événements de ce type fait que le grand public n’a pas accès à toutes les informations. Il n’y a donc pas deux poids deux mesures ; c’est surtout le fait que le fond des affaires n’est pas expliqué comme il le faudrait. Tout le monde ne peut pas connaître les dossiers. Par conséquent, cela donne lieu à des discussions et après certains pensent qu’au Sporting on ne se penche pas sur le sujet. Des noms, on n’en donne pas mais on travaille sur la pédagogie. Et on fait en sorte que nous ne soyons pas encore plus pénalisés.  

Ce travail est-il payant selon vous ? 

On peut être satisfait de ce qu'on a fait depuis trois ans. Il y a trois ans, on était à plus de 250 000 euros d'amende. L’an passé, nous étions à 110 000 €. À l’heure où on parle, on est à 7 500 €, avec plusieurs matches à huis clos (total et partiel, ndlr). Cela constitue néanmoins un manque à gagner financier.

Ce vendredi soir, le match retour du derby face à l’AC Ajaccio se dispute à Furiani, avec la tribune Sud toujours frappée d'un huis clos partiel. Comme les Bastiais à l’aller - où la rencontre avait été interrompue à la suite d’incidents en tribune -, les supporters ajacciens sont interdits de déplacement à Armand-Cesari. Une situation qui se répète depuis plusieurs saisons. Concernant l’organisation et la sécurité, ces interdictions émanant des services de l’État ne compliquent-elles pas votre tâche ? 

Lors du match aller, j’avais dit aux services de la préfecture que c'était davantage compliqué lorsqu'il y a des interdictions de déplacement. Je parle ici uniquement en ce qui concerne nos supporters. Comme nous avons de bonnes relations avec eux, nous avions fait des propositions de déplacement organisé, comme ça nous arrive parfois sur le continent sur différentes rencontres : on donne rendez-vous à un endroit où s’effectue la remise des places de stade. Ensuite, on les accompagne au stade. Quand le match est terminé, on les raccompagne au point de rendez-vous et chacun rentre chez soi. Moi, je sais qu’avec nos supporters, nous sommes en mesure de pouvoir le faire. Concernant les autres clubs, je ne peux pas me prononcer.

Vous préféreriez donc que le déplacement des supporters soit autorisé ?

Personnellement, je préférerais qu’il y ait des supporters adverses. Cela éviterait beaucoup de choses en termes de sûreté : là, les fouilles sont plus approfondies avec l’ouverture des sacs, l’ouverture des vestes car toute personne qui se prémunirait d’une qualité de supporter serait automatiquement mise de côté afin d’éviter toute altercation en tribune.

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