Chaque année, la population insulaire s'accroît de 4 000 habitants et l'économie touristique affiche un niveau élevé, le taux de pauvreté reste, lui, parmi le plus élevé de France. Une personne sur cinq vit en dessous du seuil de pauvreté. Le phénomène touche notamment les retraités.
Ils sont une soixantaine chaque jour, du lundi au vendredi, à venir à l'épicerie du Secours populaire. À Ajaccio, 600 ménages bénéficient de l'aide apportée par les bénévoles.
« Les bénéficiaires qui viennent au Secours populaire font d’abord un dossier, où on évalue leurs revenus et leurs besoins. Ensuite, on décide s’ils doivent venir une fois par semaine, deux fois par semaine et aussi combien de personnes il y a dans la famille », explique Marianne Boucher, bénévole du Secours populaire.
Parmi les moins de soixante ans, la majorité des bénéficiaires ont un emploi. Ce sont des travailleurs pauvres. « Ce sont des gens qui ont des emplois modestes. Ils travaillent soit dans l’administration, soit souvent dans le bâtiment et dont les revenus sont modestes et qui ont des enfants. Si vous n’avez qu’un seul salaire au SMIC et plusieurs enfants, vous êtes sous le seuil de pauvreté mécaniquement », précise Hyacinthe Choury, président du Secours populaire de Corse-du-Sud.
Retraités
Dans l'île, un ménage sur cinq vit en dessous de ce seuil de pauvreté. La part des personnes n'ayant aucun diplôme est de 36,5%. Ce sont cinq points au-dessus de la moyenne nationale. Le taux d'encadrement est plus faible. En France, le PIB par habitant est de 32 736 euros, pour seulement 26 432 euros en Corse.
Conséquence directe : de nombreux retraités ont recours aux associations caritatives. « C’est essentiellement des insulaires qui ont travaillé à des petits postes dans l’administration, souvent sur le continent. Ils sont revenus pour la retraite ou ils ont travaillé ici et qui sont maintenant à la retraite. Quand vous avez été au SMIC dans votre vie, au moment où vous passez à la retraite, vous êtes encore une fois, systématiquement sous le seuil de pauvreté. C'est des gens qui ne verront pas d’embellies économiques donc ce sont des gens qui l’on accompagne durablement », complète Hyacinthe Choury.
Saisonniers
Avec trois millions de vacanciers, chaque année, le tourisme génère une forte activité saisonnière. Si le secteur échappe parfois aux statistiques de la pauvreté, les conditions restent précaires. « Nous serions au-dessus de 20 000 personnes travaillant en saison, soit un actif sur cinq. Ils ont très peu accès aux services bancaires, ils n’ont pas accès aux prêts bancaires, ils n’ont pratiquement pas accès au logement. Aucun bailleur ne souhaite avoir un employé précaire saisonnier avec lui, sachant également que ces saisonniers à l’instant X gagnent une certaine somme, mais ce problème se retrouvera plus tard à la retraite », indique Stéphane Leroy, président du comité des travailleurs précaires de la CGT.
En Corse, pour 10 000 habitants, il y a 413 logements locatifs sociaux contre 739 en France. Un nombre plus faible malgré un besoin plus élevé.