Le dispositif d'exportation des déchets insulaires est bien lancé. Ils seraient enfouis en Vienne et incinérés en Occitanie, alors que la Corse a refusé ce mode de traitement pour son territoire. Pour l'instant, ni les élus locaux ni les habitants ne sont au courant.
C'est donc acté. Jusqu'à 83 000 tonnes d'ordures ménagères corses ont trouvé preneurs sur le continent, par an, et pour trois ans, si nécessaire. Ce sont les termes du marché.
Le bilan carbone ne sera pas glorieux : la moitié de ce tonnage devra faire jusqu’à 800 kilomètres à partir de Marseille, puis retour à vide, pour atteindre les vallons et bocages de Le Vigeant, petit commune de 700 habitants de la Vienne.
40 000 tonnes de déchets corses pourront y être enfouies. Samedi soir, le maire n'était pas encore au courant. « C'est toujours difficile pour une population d'accepter le fait qu'on est un peu la poubelle des gens d'ailleurs. D'un autre côté, il faut voir aussi que la société qui s'est installée là a démontré qu'elle savait bien faire son travail », estime Pierre Gourmelon, maire de Le Vigeant.
Oxydes d’azote
En 2010, suite à trois ans de manifestations, les élus insulaires, eux, actaient à l'unanimité « le renoncement définitif au procédé de traitement thermique sous toutes ses formes ». Huit ans après, la Corse envoie donc 43 000 tonnes d'ordures se faire brûler ailleurs, dont 15 000 tonnes à l'usine du groupe EDF de Perpignan, et 20 000 tonnes au cœur des cités populaires de Toulouse.
Une filiale de Veolia y gère l'incinérateur du Mirail avec récupération de chaleur. En volume, il y a encore de la place pour traiter ces déchets, mais on serait très proche de la limite pour les rejets en oxydes d'azote.
C'est ce que pensent les habitants. « Plus on augmente le nombre de déchets à incinérer et plus les émissions de gaz toxiques vont augmenter. On a peur qu’elles soient dépassées. On a déjà demandé que l’incinérateur soit rendu plus performant pour ces choses-là », explique Gilbert Calès, membre d’une association de quartier de Toulouse et de la commission de suivi du site.
Ce n'est que la première étape du dispositif d'exportation. Les tonnages restent à affiner et les marchés de transport à attribuer. Et à entendre, sans doute l'avis, des élus et habitants des lieux où les déchets insulaires seront traités.