L’intersyndicale (à l’exception du STC) va débuter une grève de 24 heures reconductible à la SNCM le 26 mars. Le choix de la période entre les deux tours des municipales est loin d’être neutre. Explications.
Les syndicats entendent rappeler au gouvernement que l’attitude de l’État dans ce dossier, demeure teintée d’ambiguïtés.
Plusieurs observateurs notent que le ministère des transports a changé plusieurs fois d’attitude sur le dossier. Les personnels de la SNCM craignent que ces allers-retours soient une façon d’attendre la fin des élections municipales, pour mettre en place un plan de réduction drastique de la compagnie, avec des conséquences sociales très lourdes.
Le débat de ces derniers jours tourne autour de la position officielle des deux principaux actionnaires, Veolia et la SNCM.
Pour les connaisseurs du dossier, au delà des positions contradictoires (voir courriers et communiqués), la position du grand groupe privé et celle de la puissance publique sont plus proche qu’il n’y parait.
En apparence, Veolia défend une solution « tribunal de commerce » pour trouver « solution viable, pérenne et équilibrée ». Un équilibre qui peut mener au naufrage si on en croit le plan dévoilé par le journal Le Marin le 24 Mars.
Le ministre des transports a tenu à se démarquer de Veolia en envoyant un courrier qualifié de « cinglant » au PDG de Veolia Transdev, en réponse à une lettre de ce dernier.
Cependant, cet échange ne semble pas rassurer les syndicats. En effet, la lecture des différents documents n’apporte rien de nouveau sur l’avenir concret de la SNCM.
Reportage Florence Antomarchi, Stéphane Agostini:
Un ministre qui hausse le ton
Dans un courrier daté du 6 Mars 2014, le ministre des transports Frédéric Cuvillier, répond à une lettre du PDG de VeoliaTransdev, Jean Marc Janaillac.
Frédéric Cuvillier confirme bien que « les semaines à venir seront sans nul conteste déterminantes pour l’avenir (…) ». Mais aucun élément concret ne vient rassurer les personnels.
Nul propos rassurant, non plus, dans la dernière mise au point de VEOLIA Transdev.
Transdev, confirmations sans assurances
Dans un communiqué remis à la presse le 25 Mars, la direction de l’actionnaire privé de la SNCM donne son point de vue sur la grève. On y trouve aucune nouveauté, seulement des confirmations.
Le communiqué émet des réserves sur le plan à long terme de relance de la compagnie « Transdev a alerté à plusieurs reprises la gouvernance de la SNCM sur la fragilité des hypothèses sur lesquelles est aujourd’hui bâti le Plan Long Terme de la compagnie ».
Transdev rappelle « son souhait de sortir du capital » et estime ce le rappel de ces points « ne constitue en aucun cas un refus d’engager des discussions dans les plus brefs délais avec de nouveaux investisseurs ».
Le communiqué s’intitule « Transdev réagit au préavis de grève de la SNCM », mais l’actionnaire semble oublier qu’i n’y a pas un préavis, mais plusieurs avec des contenus différents selon les syndicats.
La réponse de la CFE-CGC est parvenue dans les rédactions en début d’après midi du 25 Mars. La critique est cinglante contre le texte de Transdev : « Il s'en prend aux préavis de la seule CGT, alors que les syndicats de la SNCM CFDT CFE-CGC CGT SAMMM soutenus par FO sont en mouvement depuis le 20 mars, sans aucun contact à ce jour, ni avec les actionnaires, ni avec le gouvernement … »
Le bilan de ces derniers jours est illustré par le contenu des échanges de courrier que nous publions.
La situation semble bloquée. Il n’est pas sûr que le gouvernement s’engage sur quoi que ces soit, avant le deuxième tour des municipales.
Une fois de plus l’avenir de la SNCM se dessine autour d’un conflit social, comme si certains voulaient qu’il en soit ainsi.
Lire la lettre ouverte de Patrice Le Vigouroux à Frédéric Cuvillier, ministre des transports :
Lettre ouverte de Patrice Le Vigouroux, Secrétaire Général CFE-CGC