L'association anticorruption Anticor demande au parquet national financier (PNF) d'enquêter sur des "détournements massifs" de subventions agricoles européennes en Corse.
Ces détournements auraient été commis "avec la complicité des autorités de contrôle", en profitant du "flou" de la règlementation, selon la plainte de l'association.
Adressée mardi au PNF à Paris, cette plainte vise de possibles "détournements de fonds publics" et le blanchiment et les recels de ce grave délit punissable de 10 ans de prison et d'une amende d'un million d'euros.
Anticor dénonce en particulier les défaillances des organes publics chargés de contrôler l'attribution de ces aides aux agriculteurs.
"La Corse ne peut pas être une terre de non-droit. Ces détournements massifs d'argent public n'ont été possibles qu'avec la complicité des autorités publiques et à cause de la faiblesse des contrôles", a commenté l'avocat d'Anticor Jérôme Karsenti, joint par l'AFP.
"Un tel flou autour des règles d'attribution des subventions aura profité à un système clanique de privilégiés au détriment de l'agriculture et des plus démunis", a-t-il ajouté.
36 millions d'euros détournés
La plainte s'appuie sur des témoignages locaux et les investigations réalisées par l'Olaf, l'organisme européen de lutte anti-fraude, qui avait été saisi d'un signalement de propriétaires victimes et du groupe Anticor Corse.Dans son rapport du 21 juin 2018 cité dans la plainte, l'Olaf souligne que de nouvelles règles d'attribution après 2015 "ont abouti à un effet d'aubaine dont ont pu profiter une minorité d'éleveurs".
Ce rapport évoque un "problème récurrent": "S'appuyant sur les ambiguïtés du dispositif réglementaire (...) et bénéficiant de conseils avisés des structures professionnelles, certains éleveurs se sont livrés à une chasse à l'hectare en maximisant les surfaces pour lesquelles ils demandaient une aide, sans avoir ni les moyens matériels d'exploiter convenablement ces surfaces, ni l'accord des propriétaires dont certains se sont justement estimés lésés".
Selon les calculs d'Anticor, ces fraudes à la Politique agricole commune (PAC) auraient engendré un détournement de 36 millions d'euros sur la période 2015-2019, au préjudice d'exploitations réelles.
"Tout hectare abusivement revendiqué (...) est payé au détriment des "vraies exploitations", souligne l'association.