Transport maritime : comment s’organisent les compagnies en période de confinement?

Quatre compagnies maritimes opèrent en Corse et leurs choix stratégiques en période de confinement sont très différents. Explications.

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Pandémie mondiale oblige, tous les transports de Corse fonctionnent a minima pendant la période de confinement décrétée au plan national. 

Les premiers concernés sont évidemment les armateurs et les compagnies aériennes. 
Dès le 18 mars et jusqu’au 4 avril, Air Corsica a totalement annulé son programme de vols et adapté ses rotations pour assurer une liaison minimale entre les autre aéroports de l’île (Ajaccio, Bastia, Calvi et Figari) et les villes de Paris, Nice et Marseille. 
 

 

Au niveau des transports maritimes, des modes de fonctionenment différents

 
  • Fret inerte et pas de passagers pour Corsica Linea :
Avant même l’annonce du confinement et des restrictions de déplacement, la Corsica Linea a fait le choix de ne plus accepter aucun passager à bord de ses navires et de ne transporter que du fret inerte, donc sans chauffeurs routiers à bord. 

« C’est une décision totalement assumée, assure Pascal Trojani, le président de la compagnie. Nous avons fait ce choix pour protéger nos marins : c’est notre principale préoccupation. Comme il n’y a pas de dépistages massifs, nous ne pouvons pas savoir si une personne est porteuse ou non du virus. Et il n’est pas question de mettre nos personnels en danger. D’autant que si le coronavirus rentre sur nos bateaux, nous ne pourrons plus naviguer du tout »

La fréquence des trajets a elle aussi été nettement revue à la baisse : seuls quatre des sept bateaux de la compagnie continuent de naviguer du lundi au vendredi et uniquement à Ajaccio et à Bastia. 70% de l'activité fret est maintenue dont la moitié composée de denrées alimentaires. 
 
  • Ni camions ni voyageurs sur la Méridionale :
Même son de cloche du côté de la Méridionale, qui assure les liaisons maritimes entre Marseille, Porto-Vecchio et Propriano. « Ni camions, ni passagers jusqu’à nouvel ordre», indique succinctement Benoît Dehaye, le directeur de la compagnie. 

Une décision, comme celle de la Corsica Linea, qui a été avalisée par l'Office des transports de Corse. 
 
 
  • Autorisations dérogatoires à la Corsica ferries :
La Corsica Ferries en revanche, a pris un parti beaucoup moins radical : celui de se conformer à la réglementation en vigueur.
Depuis le 20 mars, en effet, un arrêté préfectoral restreint drastiquement le transport de passagers. Les déplacements sont très encardrés et l'intégralité des voyageurs sont contrôlés. Pour éviter la propagation du virus et les regroupements de personnes, il est permis d’embarquer uniquement pour l’un des motifs suivants : 
  1. Déplacement des personnels des forces de sécurité intérieure ou des services de secours ou de santé indispensables aux missions essentielles de protection de la population
  2. Déplacement de personnels des forces armées indispensables aux missions en cours du ministère des armées
  3. Déplacement pour motif impérieux de santé
  4. Déplacement pour motif familial impérieux, pour l’assistance des personnes vulnérables ou pour la garde d’enfants
  5. Déplacement professionnels non susceptibles d’être différés, au cas par cas, uniquement sur autorisation préfectorale.

Depuis le début du confinement, la compagnie aux bateaux jaunes est donc la seule à accepter à son bord des passagers voyageant avec des autorisations dérogatoires. 
« Il s’agit par exemple de chauffeurs routiers qui disposent d’autorisations préfectorales dérogatoires », détaille Pierre Mattei, président de la Corsica Ferries. L'arrêté prefectoral prévoit en effet que les transporteurs fassent une demande d'autorisation dérogatoire écrite à la préfecture qui accepte ou non selon les cas.

"S'il y a un gros feu, il faudra quelqu'un pour transporter les renforts"

 

L’armateur assure avoir fait ce choix « pour garantir aux personnes qui ont des véhicules de pouvoir se rendre en Corse ou en partir ». « Si nous avons un gros incendie, par exemple, il faudra bien que quelqu’un soit en mesure de transporter les pompiers et les véhicules qui seront envoyés en renfort », explique encore Pierre Mattei.

Il précise également que des mesures de sécurité ont été mises en place pour protéger le personnel naviguant : "Tous les restaurants sont fermés, il n'y a aucun contact entre les marins et les passagers. Ces derniers se rendent directement dans leurs cabines, lesquelles sont ensuite nettoyées selon un protocole spécifique adapté"
 

"Contrôles systématiques et aucune verbalisation"


Selon Pierre Mattei, depuis le début du confinement, les passagers embarqués sur ses bateaux « ont été très peu nombreux », en provenance de France continentale. Et encore moins d’Italie. 
« Je n’ai pas le pouvoir de contrôler les autorisations dérogatoires dont ils disposent, insiste l’armateur. Mais des contrôles de police sont effectués sur les ports avant les embarquements »

Jointe par téléphone, la préfecture de Corse confirme que la "Corsica Ferries transporte du fret (avec chauffeurs, N.D.L.R.) munis d'autorisations préfectorales et quasiement plus de passagers sauf quelques rares personnes sur dérogations exceptionnelles"

Depuis le 23 mars, des contrôles systématiques et exhaustifs ont été instaurés sur les ports : au départ de Toulon, tous les passagers (à pied ou véhiculés, chauffeurs poids-lourds compris) sont contrôlés par la gendarmerie maritime.

Un double contrôle (intégral) est également effectué dans les ports de Corse au départ et à l'arrivée des navires : par la police de l'air et des frontières et à la sortie des bateaux et par les équipes des directions départementales de la sécurité publique des deux départements.

Depuis la mise en place de ce dispositif, aucun voyageur n'a été verbalisé. A titre de comparaison, les quelque 2000 contrôles effectués dans les aéroports de l'île ont donné lieu à 30 procès-verbaux
 
 
  • La Moby à l'arrêt :
La Moby Lines, qui opère uniquement des rotations avec l’Italie continentale et la Sardaigne, a totalement interrompu son trafic maritime jusqu’au mois d’avril au moins. « Nous espérons reprendre à la fin du mois de mai », précise Charles Paoli, responsable de la Moby Corse. 

Gilles Simeoni réclame des contrôles


Le président de l'Exécutif de Corse Gilles Simeoni a saisi ce jeudi les préfets de Haute-Corse et de Corse-du-Sud pour demander des contrôles plus stricts du transport de fret et des passagers transitant par voies aérienne et maritime. Objectif : éviter que des personnes ne circulent sans autorisations pour venir séjourner en Corse le temps du confinement. 

 
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