Les Français mettent de plus en plus la main au portefeuille pour organiser les obsèques de leurs proches et beaucoup restent mal informés sur le détail des coûts des prestations, dénonce l'association UFC-Que Choisir dans une enquête publiée cette semaine.
"Le prix total des obsèques, hors caveau et concession, s'établit à 3.350 euros en moyenne contre 3.098 en 2011, soit une augmentation de 8,18%, plus du double de l'inflation sur la période", constate l'association de consommateurs, qui a envoyé en mai-juin des enquêteurs anonymes dans 818 magasins funéraires.Pour François Michaud-Nérard, directeur général des Services funéraires de la Ville de Paris, cette augmentation des tarifs n'est pas une surprise. Il juge même cette hausse supérieure à l'inflation "normale" car "40 à 50% des charges des entreprises de pompes funèbres sont de la main d'oeuvre" qui augmente plus que l'inflation, précise-t-il.
En outre, "au moment d'un décès, les familles ont souvent du mal à faire réaliser plusieurs devis", explique-t-il. Et quand bien même elles le feraient, "certaines entreprises cherchent à recréer des monopoles, ce qui fausse la concurrence", constate-t-il. Les consommateurs pensent interroger deux entreprises différentes et s'adressent sans le savoir au même groupe.
Jean Ruellan, directeur du marketing d'OFG, le premier groupe funéraire français en chiffre d'affaires, souligne que les Français demandent de plus en plus de services. "Nous sommes devenus des maîtres de cérémonie alors que nous étions des vendeurs de cercueils", indique-t-il, tout en précisant qu'il faut aussi prendre en compte la TVA, à 20%, alors "qu'une directive européenne permettrait d'avoir un taux réduit ou nul".
Selon l'UFC-Que Choisir, les tarifs pratiqués peuvent également considérablement varier d'un opérateur à l'autre, de 1.347 euros à plus de 6.649 euros. Pour l'association, "ce grand écart tarifaire est dû non seulement à un florilège de prestations +non obligatoires+ mais aussi à des opérations aux prix disproportionnés".
- Dossier complet sur les obsèques de l'UFC-Que choisir
Par ailleurs, l'UFC constate que la crémation "contrairement à une idée reçue (...) ne constitue pas une solution plus économique que l'inhumation". Les devis moyens pour l'incinération se montent à 3.609 euros, soit 8% plus chers que ceux de l'inhumation.
Pour Philippe Martineau, directeur général du réseau Le Choix funéraire, le coût plus élevé de la crémation s'explique notamment par la volonté des familles "de ne pas se contenter uniquement de la crémation" et d'opter pour certains services comme par exemple le retour des urnes dans la concession.
Autres facteurs : la hausse de la taxe de crémation, fixée par les mairies, ou encore la mise aux normes des chaînes de filtration imposée par la réglementation européenne.
Dans son étude, l'UFC note également que malgré l'entrée en vigueur en 2010 d'un arrêté fixant un modèle de devis obligatoire, beaucoup de consommateurs restent mal informés par les entreprises de pompes funèbres quant au coût des prestations.
"Dans 26% des cas, nos enquêteurs sont repartis sans le moindre devis (...) Quant à la teneur des devis récoltés, seuls 20% respectent les modèles de devis obligatoires et 38% s'en rapprochent sans être conformes pour autant", indique l'association.
"Le secteur a encore des progrès a faire en matière de transparence des prix", reconnaît Philippe Martineau, dont le réseau de commerçants milite pour "le droit à la transparence des coûts".
En 2012, des entreprises se sont lancées dans les obsèques low-cost, accessibles seulement via internet, avec un cercueil standard et des prestations minimales.
Le Choix Funéraire a lancé "EcoPlus Funéraire", qui propose des obsèques à 1.350 euros, prenant en compte "la baisse du pouvoir d'achat des Français mais aussi les besoins d'une nouvelle génération (...), qui accepte des cercueils en bois tendre", au lieu du chêne.