Demain tous merriens ?

Profiter quotidiennement d'un panorama avec vue sur l'océan...Ça vous tente ?  Et si demain nous vivions dans des villes sur la mer ? Certains architectes français planchent déjà sur l'idée des cités flottantes, en voici 3 qui ont retenu notre attention...

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La capsule flottante "Anthénéa"

Vous rêviez d’habiter près de la mer, aujourd’hui en France il est déjà possible de vivre sur la mer… pas dans un bateau mais dans une soucoupe flottante ! C’est le projet fou imaginé et rêvé par l’architecte naval Jean Michel Ducancelle.

L’idée a germé dans les années 80 quand j’ai regardé un James bond (l’espion qui m’aimait) où une sorte de pieuvre mécanique émergeait de l’eau

Cette vision surnaturelle lui donne l’envie de créer un appartement sur l’eau… 40 ans plus tard, l’architecte naval réussit un tour de force et présente en Bretagne nord un premier prototype.

Cette capsule flottante de 50 m2 dispose de cinq espaces de vie, un salon avec canapé et mobiliers tout en courbes, chambre avec, salle de bain, cuisine panoramique, solarium à l’étage accessible depuis l‘intérieur avec pare-soleil inclinable. Ici on peut voir la mer à 360 degrés !

Au-dessus… mais aussi en dessous car du salon on peut descendre sur le fond d’Anthénea et observer à travers des vitres la vie sous-marine. La soucoupe peut rester à quai ou larguer les amarres grâce à 2 moteurs électrique. Le défi était aussi de démontrer que cette soucoupe unique en France pouvait être autosuffisante et écoresponsable.

Ainsi l’habitacle est équipé d’un système qui traite et purifie les eaux usées. Des panneaux solaires sur le dôme permettent aussi à la capsule d’être en total autonomie. Le mobilier intérieur, conçu spécifiquement, est lui fabriqué à partir de matériaux recyclés.

L’ambition est à la fois écologique mais aussi économique. L’industriel associé à cette opération Jacques-Antoine Cesbron, spécialiste de la maîtrise énergétique, explique avoir conçu la fabrication de la capsule avec «une perspective 100% made in France». Les commandes actuelles, qui doivent être livrées en 2021, vont être fabriquées à Lannion (Bretagne), dans une usine qui doit ouvrir cette année et devrait employer près de 40 personnes.

Des hôteliers du monde entier lorgne déjà sur cette invention bretonne. Les émirats ont même déjà passé commande pour l’année prochaine. Grâce à son empreinte zéro carbone, certains rêvent déjà de les installer dans des réserves naturelles. Cette soucoupe flottante écologique ne séduit pas que les professionnels. Les particuliers sont aussi intéressés confie Murielle Cheftel, la chargée de communication du projet.
Cet été certains ont pu tester ce loft circulaire des mers en le louant le temps d’une nuit. Mais pour l’acheter il vous faudra tout de même débourser 500 000 euros l’unité...

"Tekasa’i", l'habitat entièrement fabriqué en bambou

Une autre architecte française elle planche sur des cités flottantes pour le plus grand nombre. Loïs Tavernier a obtenu la mention coup de coeur 2018 du Concours international d’architecture Jacques Rougerie.
Passionnée par le monde marin et les constructions contemporaines faites à partir de matériaux naturels, elle a fondé le projet Tekasa’i : une cité flottante tout en bambou destinée à l’Asie.

Un continent très touché par la montée des eaux. J’ai imaginé ce premier village flottant pour le Bangladesh où la situation est critique. La cité s’implanterait dans des zones humides ou les deltas.

L’architecture tout en bambou qu'elle a imaginée est directement inspirée des mangroves qui protègent les côtes des inondations. Au centre, une habitation flottante de plusieurs étages constituée entièrement de bambous, un matériau peu cher naturel qui permet de résister aux UV et à l’écoulement de de l’eau. Toutes les parois intérieures et le sol sont faits en vannerie selon la technique locale. Au rez-de-chaussée se trouve le patio avec une grande hauteur sous le plafond pour les espaces communs. Les étages correspondent aux logements offrant 612 m2 de surface habitable.

La structure extérieure elle aussi en bambou correspond aux besoins et ressources utiles pour vivre sur l’eau. Elle permet d’avoir une agriculture verticale en escalier. L’agriculture hors-sol se fait dans le creux du bambou servant de réceptacle pour faire pousser les plantes. Cette structure extérieure plantée au sol reproduirait donc l’écosystème des mangroves mondialement reconnu pour réduire l’impact des vagues sur les côtes et diminuer les risques d’inondation et d’érosion.

Plus résistante, celle-ci sert de rempart à l’habitat flottant qui se trouve au centre du dispositif. Lois Tavernier a déjà 2 clients potentiels qui s’inspirerait de ce dispositif : au Ghana pour créer une école flottante et en Birmanie pour un premier village flottant. Elle espère voir son concept devenir réalité d’ici 5 ans. Elle sait qu’elle doit encore convaincre :

Il y a beaucoup de projets qui ne voient jamais le jour car je pense que les mentalités ne sont pas encore prêtes: vivre sur l’eau ne va pas de soi… Pour ces cités flottantes il faut aussi inventer de nouvelles législations car tout est un peu flou en la matière ; Et puis  c’est compliqué à dire, mais on avance quand les vrais problèmes sont là…si les inondations se multiplient dans le monde à grande échelle, alors les politiques se pencheront sur la question.

"Aequorea", la cité subaquatique futuriste !

Enfin la palme de la vision la plus futuriste revient à Vincent Callebaut un autre architecte parisien qui lui aussi s’inspire de la nature pour créer une ville flottante mais cette fois subaquatique.
Avec ce projet Vincent Callebaut a voulu faire d’une pierre deux coups.

Pour construire ces cités flottantes nous utiliserons les 27 millions de plastiques emprisonnés par les courants marins. L’idée est de créer une nouvelle matière l’algoplast : composé à la fois de ce plastique recyclé et d’une émulsion d’algues gélifiantes.

À la surface, 4 grandes marinas seront mises à la disposition des 20000 habitants pour garer leurs bateaux. Au-dessus de celles-ci s’étend une énorme voûte de 500 mètres de diamètre, abritant fermes, habitations et bureaux.
En-dessous de la surface, la structure s’étend encore à 1000 mètres de profondeur, divisés en 250 étages :

Nous reproduisons la bioluminescence dans le double vitrage de nos appartements grâce à des organismes émettant de la lumière en s’oxydant.

​​Niveau énergie, l’Aequorea est complètement indépendante. Grâce à ses 32 tentacules qui s’étendent sous la surface de l’eau, la structure est capable de produire sa propre électricité grâce à l’énergie houlomotrice.
Elles assurent aussi la stabilité de l’île flottante, et, bonne nouvelle, empêchent les habitants d’avoir le mal de mer ! De plus, un champ d’hydroliennes sous-marine et des centrales océanothermiques (qui produisent de l’énergie à partir des différences de températures) sont aussi prévus à bord des Aequoreas.

Au-delà de la structure elle même, à bord des aequreas, c’est tout un mode de vie lié à la vie océanique qui devrait voir le jour... Pour se nourrir, ces merriens cultivent des algues, du plancton et des mollusques riches en sels minéraux, protéines et vitamines. Des récifs coralliens sont jardinés sous l’eau et deviennent la véritable nurserie de la faune et de la flore aquatique.
En surface, les quatre grandes conques flottantes abritent des serres horticoles, des champs d’agricultures biologiques, des vergers et des potagers communautaires. Pour se soigner, ses habitants étudient les organismes vivants de l’océan : l’étoile mer pour comprendre la prolifération des cellules cancéreuses.

Le hareng  permettrait de mettre au point une nouvelle trithérapie pour lutter contre le sida. La moule est capable de s’accrocher à n’importe quel support sous l’eau même dans des conditions turbulentes … qu’à cela ne tienne une nouvelle colle écologique pourrait voir le jour ! Enfin le fonctionnement du coeur de la baleine bosse permettrait de concevoir une nouvelle génération de pacemakers !

Nous sommes déjà en train de vivre ces révolutions scientifiques. Les aéquoreas ne sont pas qu’une chimère, tous les curseurs indiquent que 2050 sera la date charnière où les populations n’auront plus le choix que de se tourner vers ce type d’habitations et de mode de vie. Les 250 millions de réfugiés climatiques dont les habitations auront été submergées par les eaux seront les premiers hommes d’une nouvelle civilisation : les Mériens. Ils seront les pionniers d’une urbanisation subaquatique.

Les aéquoreas vous semblent un projet délirant ? « On en reparle en 2065 »… sourit Vincent Callebaut.

 

 

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