Travailleurs détachés, politique agricole commune, invasion chinoise : les questions économiques divisent les états-membres.
Bonne nouvelle pour les travailleurs détachésEn 2020, les travailleurs détachés auront le même statut que leurs homologues français. Jusque-là un plombier polonais détaché en France gagnait le SMIC, soit le double d’un salaire polonais. Le marché du travail français a donc attiré des vagues de travailleurs d’Europe de l’est, notamment dans les domaines du BTP, de l’industrie, ou de l’agriculture. Comme les cotisations sont alignées sur les taxes des pays de l’Est, c’est une économie juteuse pour les employeurs français.
Mais cette politique engendre des écarts de salaires qui vont de 1 à 10 d’un bout à l’autre de l’Europe. Un dumping social nuisible et une concurrence déloyale pour les PME qui n'emploient que des travailleurs français. En 2020, une directive européenne imposera donc de nouvelles règles du jeu. Sur un même chantier, un plombier polonais percevra le même salaire, les mêmes primes qu’un plombier français. Et les repas et frais d’hébergement ne pourront plus être retirés de son salaire. Cette mesure permettra au plombier français de redevenir concurrentiel :
Pour Elisabeth Morin-Chartier, eurodéputée Parti Populaire Européen, rapporteure de la révision de cette directive, "c'est une grande avancée. C’est le socle de l’Europe sociale qui est posé."
Guillaume Balas, eurodéputé Alliance progressiste des Socialistes et Démocrates, préconise de
"Créer une autorité européenne du travail, voire même une agence d’inspection du travail au niveau européen qui ait une autorité sur les états membres."
Les chauffeurs routiers, victimes d’un bras de fer
Les routiers eux ont été exclus de cette directive sur les travailleurs détachés. Car le sujet est jugé encore trop sensible, trop explosif. Le statut des routiers européens divise l’Europe. Pour les pays de l’Est, les routiers qui livrent des marchandises dans différents pays ne seraient pas considérés comme travailleurs détachés. Ce qui permettrait aux employeurs de les payer à bas prix et les obliger à prendre leur repos dans la cabine du camion, sur des parkings, après deux semaines de travail…Inacceptable pour les pays de l’Ouest. Leur volonté : concilier la défense du marché intérieur et la protection sociale des chauffeurs routiers. C'est donc un retour à la case départ:
"On est là pour éviter cette concurrence déloyale qui nuit au secteur routier en France et pour élever la protection et les conditions de travail de nos salariés."
La PAC en jachère ?
Les agriculteurs ne sont pas mieux lotis. Le modèle agricole européen créé en 1962 bat de l’aile. Le budget de la PAC se réduit comme une peau de chagrin. A sa création, 60 % du budget européen est consacré à la gestion de la PAC, contre 40 % aujourd’hui. Et la Commission propose de le réduire davantage. Mais comment continuer de nourrir l’Europe des 28 dans ces conditions ?
Michel Dantin, eurodéputé Parti Populaire Européen est inquiet :
"Cet été, toute l’Europe du Nord a connu une sécheresse absolument incroyable avec des pertes considérables. L’Europe n’a pas été capable d’intervenir car nous n’avions pas le budget."
Comment redonner un souffle à l’Europe des champs? Faute de consensus, la Commission européenne ne propose aucune réforme. Elle laisse à chaque état membre le choix de son modèle agricole. Les parlementaires sont divisés. Les Français s'opposent à la réduction du budget: La réforme de la Pac est au point mort:Selon Michel Dantin, eurodéputé Parti Populaire Européen, "La proposition qui est mise sur la table n’est ni politique, ni agricole, ni commune. Et c’est un problème. Nous devons garder notre objectif :
José Bové, euro député Europe Ecologie Les Verts lui estime que :Nourrir 500 millions d’habitants avec des aliments de qualité et un coût compétitif par rapport au portefeuille du consommateur."
"Si on doit faire face au défi environnemental. Si on veut avoir une cohérence entre les territoires, on ne peut pas avoir 27 politiques différentes."
La réduction du budget conduirait inévitablement à une diminution de la production. Et la sécurité et la souveraineté alimentaire de l’Union seront peut-être menacées. Les futurs eurodéputés devront se pencher sérieusement sur cet enjeu majeur.
L’Europe face à l'invasion chinoise
Le Dumping est la spécialité des Chinois. En vendant à perte leurs panneaux solaires, ils ont fait disparaitre la filière européenne.
20 % des importations européennes viennent de Chine. Le géant asiatique investit une grande partie de ses bénéfices en Europe : 62 milliards en 2016. Pékin cherche des investissements stratégiques et des fleurons technologiques : Le Club Med, le port du Pirée, l’aéroport de Toulouse ou le réseau électrique portugais. Mais sa stratégie est impérialiste. La Chine fixe ses propres règles. Une démarche aisée, face à une Europe divisée:
Selon Franck Proust, eurodéputé parti Populaire Européen ,
"La Chine a une stratégie en tête. En 2049, pour fêter le centenaire de la constitution de la République de Chine, elle veut être le maître du monde dans certains domaines. Et elle n’exerce pas ses relations commerciales avec les mêmes méthodes que nous.
Et si nous sommes ouverts à la mondialisation, on veut que dorénavant, tout le monde joue avec les mêmes règles du jeu."
En 2018, selon les cabinets Rhodiem Group et Merics, les investissements chinois dans l’Union européenne ont baissé de 40 % Car l’Europe a mis en place des outils de filtrage des investissements étrangers, un dispositif qui permet aux états membres de signaler les investissements étrangers sur les technologies sensibles.