14 juillet en Lorraine : année noire pour les feux d'artifice

En Lorraine comme dans le Grand Est, seule une poignée de feux d'artifices sera tirée à l'occasion du 14 juillet. Le contexte sanitaire n'encourage pas les mairies à maintenir les traditionnels spectacles pyrotechniques. Une situation très difficile pour les artificiers.

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Une dizaine de feux d'artifice au lieu de 120. Le 14 juillet 2020 s'annonce compliqué pour la société Jouets et Spectacles de l'Est (JSE), spécialisée dans les spectacles pyrotechniques dans le Grand Est. "C'est une année particulière. On tire quelques feux quand même, mais ce n'est pas ça qui va nous sauver", explique Marc Clavel du côté de chez JSE. 80% du chiffre d'affaires de l'entreprise basée à Tomblaine (Meurthe-et-Moselle), près de Nancy, sont réalisés à l'occasion de la Fête nationale.

La crise sanitaire liée à la Covid-19 a refroidi les esprits. A tour de bras, les communes annulent les festivités du 14 juillet, craignant d'engager leur responsabilité ou de ne pas pouvoir garantir la distanciation et la limite de 5000 personnes. En Lorraine, de grands rendez-vous n'ont donc pas lieu : Thionville, Gérardmer, ou encore Nancy, qui se contentera de plusieurs petits feux tirés à différents lieux.

Il n'y a pourtant pas beaucoup d'endroits qui concentrent plus de 5000 personnes pour le 14 juillet. "Il y a beaucoup de feux d'artifice dans les petits villages, précise le gérant d'Artisans du spectacle, Serge Battinger. Dans le cadre de la loi, c'est possible."

Cette année, ce sera le calme plat.

Armand Pagliari, maire de Pagny-sur-Meuse

Pourtant, le constat est le même pour les petites communes, qui ne sont pas encouragées à organiser leurs traditionnelles festivités. A Pagny-sur-Meuse, le feu d'artifice du 13 juillet a été annulé. "Ça fait bizarre de n'organiser aucune cérémonie, regrette le maire, Armand Pagliari. Mais il sera difficile de faire respecter la distanciation, et on ne veut pas que quelqu'un tombe malade."

Un vrai crève-coeur, inédit dans ce village de 1000 habitants, mais la raison l'emporte. Cette année, ni bal, ni buvette, ni manèges. "C'est le calme plat", convient le maire. Comme pour les écoles, c'est la responsabilité de l'élu qui est engagée en cas de problème.

Deux poids, deux mesures

Pour autant, l'espoir d'une arrière saison ragaillardit les artificiers. Pagny-sur-Meuse a promis à son prestataire de reporter le feu d'artifice pour la Saint-Nicolas. Romuald Chabousson, qui gère la société RC Artifices, est ravi du soutien de la petite commune. Il espère que d'autres suivront. "C'est une situation de vide pour nous, explique Romuald Chabousson. On espère qu'il n'y aura pas de deuxième vague et qu'on pourra se rattrapper sur l'arrière-saison, pour sauver les meubles."

En terme de pertes, c'est catastrophique !

Romuald Chabousson, RC Artifices


Avec sa société, il réalise habituellement une demi-douzaine de prestations pour le 14 juillet. "Pour 2020, c'est zéro, déplore-t-il. En terme de pertes, c'est catastrophique." Romuald Chabousson estime que son activité sera de 15 à 20% par rapport à la normale. Il ne comprend pas les différences entre les différents secteurs économiques. "Les parcs d'attractions ont rouvert, mais on est frileux pour les petits villages qui veulent faire leur feu d'artifice, c'est dommageable." Tout le secteur, qui fonctionne beaucoup avec de l'intérim, est concerné.

Le boum et l'odeur de la poudre

Serge Battinger (Artisans du spectacle) travaille avec 80 à 100 intérimaires à l'occasion de la Fête nationale. Mais cette année, il n'a été sollicité que pour deux prestations, dans le Bas-Rhin, contre 80 les années précédentes. "On ne travaille pas dans un domaine de première nécessité, donc on comprend que l'on n'est pas prioritaire, précise Serge Battinger. Mais on sent qu'il n'y a pas d'impulsion politique pour nous soutenir."
Pour cet artificier qui travaille de Reims à Châlons-sur-Saône, les annulations sont enregistrées jusqu'à fin août. Même le feu d'atifice du 15 août tiré depuis le lac de Gérardmer n'aura pas lieu.

>> Annulation des feux du 14 juillet et du 14 août 2020 Conformément au Décret n° 2020-548 du 11 mai 2020 et au Décret...

Publiée par Mairie de Gérardmer sur Mercredi 1 juillet 2020


Alors Serge Battinger propose une démarche pour encourager les villes à maintenir leurs feux d'artifice. "On peut tirer un feu depuis un site surélevé, afin que les gens puissent le voir depuis chez eux. On ne ressentira pas les vibrations pendant le boom, ni l'odeur de la poudre, mais c'est mieux que rien." Un feu d'artifice est visible à plus d'un kilomètre.

Malgré cette année noire, Serge Battinger annonce qu'environ 40 prestations ont déjà été reportées en février 2021. Une lueur d'espoir.
 
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