Ce patron Haut-Marnais, grand collectionneur d'art contemporain et ex-médiateur de la sous-traitance dénonce la démarche "des plus curieuses" de Laurence Parisot. Il a aussi déclaré à nos confrères du JHM Eco : "Il faut décrocher la bernicle de son rocher".
La patronne des patrons Laurence Parisot est engagée dans une tentative délicate pour se maintenir à la présidence du Medef au-delà de la fin de son mandat, qui lui a valu les foudres et la contre-attaque de ses opposants.
Quelques jours après l'accord sur la réforme du marché du travail, le conseil exécutif du Mouvement des entreprises de France (Medef) donnait le coup d'envoi de la bataille pour sa succession.
Elue en 2005 pour un premier mandat de cinq ans puis reconduite en 2010 pour une durée de trois ans, conforme aux statuts actuels de l'organisation, Laurence Parisot doit quitter son poste en juillet. Mais elle a saisi le comité statutaire pour modifier les règles.
Officiellement, il s'agit de "mettre en cohérence les deux mandats que peut faire un président, qui sont actuellement de cinq et trois ans", justifie un ténor du mouvement.
La vice-présidente de l'institut de sondages Ifop suggère de prolonger à cinq ans la durée du second mandat et/ou de lever la limitation du nombre de mandats. Si elles sont entérinées par le conseil exécutif puis par une assemblée générale du Medef, ces modifications "peuvent porter évidemment à la prolongation de la présidence de Laurence Parisot", reconnaît ce haut responsable proche de l'intéressée.
Jean-Claude Volot, candidat déclaré
Candidat déjà déclaré, l'ex-médiateur de la sous-traitance Jean-Claude Volot dénonce pour sa part une démarche "des plus curieuses" de la patronne du Medef. "Le temps est arrivé de repasser à l'élection", insiste-t-il.Il lui reproche d'avoir "calculé son coup depuis longtemps". "Elle a tout calé sur le calendrier des négociations sur l'emploi et une heure après l'accord, elle a lancé ses lettres pour nous prévenir", explique-t-il.
La bataille s'ouvre à l'issue d'une phase dédiée au bras de fer avec le gouvernement sur la fiscalité et la compétitivité, puis à la négociation sur l'emploi. Autant de fronts sur lesquels le patronat se targue d'avoir remporté des succès, avec le crédit d'impôt de 20 milliards d'euros pour les entreprises et une dose de flexibilité.
"Pendant toute cette période, au nom de l'unité patronale, personne ne pouvait s'exprimer", peste-t-on de source proche du patronat industriel. "On n'a entendu que le discours catastrophiste de Laurence Parisot sur le thème +on ne change pas de capitaine en pleine tempête+", ajoute-t-on.
Reste une inconnue: la position des grandes fédérations, à commencer par l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), souvent hostile à la présidente du Medef. Certains la soupçonnent d'avoir conclu un "deal" avec son président Frédéric Saint-Geours, afin qu'il lui succède dans deux ans.
Quoi qu'il en soit, le bilan de Laurence Parisot sera au coeur du débat. "Elle a réalisé des choses de grande qualité, amélioré l'image des entreprises et du patronat", vante Jean-Louis Schilansky. La source proche du patronat industriel rétorque: "les décisions sont prises par un petit cercle fermé et visent seulement la promotion de la personne de Laurence Parisot, ça ressemble à la Russie de Poutine".