Les conseils généraux alsaciens doivent-ils fusionner ? C’est la question qui sera posée par référendum le 7 avril. Il y a plus de 60 ans, c’est également par référendum que trois régions du sud-ouest de l’Allemagne décidaient de former un seul land, le Bade-Wurtemberg.

Il était une fois trois régions au sud-ouest de l’Allemagne de l’après-guerre, le Pays de Bade, le Wurtemberg, et le Hohenzollern. C’était en 1951, et les trois petites régions, pour s’affirmer face aux Länder voisins, décidèrent de fusionner, pour donner naissance à un Land commun, le Bade-Wurtemberg.
"Trois régions, des mosaïques plutôt, dans lesquelles cohabitent des cultures, des identités, des dialectes différents", explique Reinhold Weber, responsable du  service Politique et Education du Centre pour la culture politique à Stuttgart, une émanation du Land. "Il est évident que dans ce contexte, un Land commun permettait de créer une unité, au delà des clivages entre badois, francs, souabes et Hohenzoller".



Un référendum pour le Bade-Wurtemberg


Le Land commun, le Bade-Wurtemberg, est issu de la volonté du peuple, consulté lors du référendum du 9 décembre 1951. Le oui à la fusion l’emporte à 69,7%. Dans la foulée, le Land se dote d'un gouvernement, d'une assemblée et d'une constitution en novembre 1953. Le dixième "Bundesland" est né, le seul à être créé après une consultation populaire. Une naissance précédée d’une campagne animée. Ce projet effraye notamment les Badois, qui craignent une domination par les Souabes depuis la nouvelle capitale du Land, Stuttgart.

L’économie comme moteur

Finalement, le Land doit sa création à des motivations économiques : unir la plaine du Rhin, relativement prospère et industrielle, aux régions plus pauvres et agricoles du Wurtemberg et du Hohenzollern, pour participer au "Wirtschaftswunder" allemand, l’essor économique qui s’amorçait alors. "Ensemble, nous serons plus fort et l’on nous respectera, c’est la philosophie qui sous-tend la naissance du Bade-Wurtemberg", selon Thomas Schnabel, le directeur de la Maison de l’Histoire du Land. "Ici, nous illustrons cette puissance économique en devenir. Dans nos vitrines, vous voyez les fruits de l’esprit d’invention et d’innovation qui caractérise notre Land. De la voiture à la scie, en passant par l’industrie de l’habillement, l’électronique ou les instruments de musique, nos entreprises portent des noms que le monde entier connait. Bosch, Daimler, Hohner ou Salamander...".

Le pragmatisme comme principe

C’est par l’économie que le Land commun s’est imposé. Le sud-ouest de l’Allemagne était traditionnellement une terre d’émigration, dorénavant, il attire une main d’œuvre qualifiée venue d’autres pays européens, d’autres régions allemandes. "On peut dire que la fusion est un succès, et la réussite économique du Land en témoigne", estime Herbert Zinell.  Herr Zinell est secrétaire Général du ministère de l'Intérieur du Land de Bade-Wurtemberg à Stuttgart. Son parcours illustre le pragmatisme qui caractérise le Bade- Wurtemberg : il y a 40 ans, il faisait un apprentissage comme employé administratif communal dans une mairie de Forêt-Noire, aujourd’hui, il est le plus haut fonctionnaire de son ministère, après avoir passé des concours administratifs, repris ses études pour devenir docteur en droit... Soutenu en cela par un système qui place les compétences et le savoir-faire avant les diplômes et l’origine familiale et sociale. "Nous sommes un état indépendant qui fait partie de la République fédérale", reprend Herbert Zinell, "avec des compétences et des moyens propres".

Les bons élèves de l’Allemagne

Cette communauté d'intérêt au départ a donné naissance à une identité politique, à une culture commune. "Nous sommes un peu comme les bons élèves dans une classe, enviés, jalousés, moqués parfois. Et alors ? Nous sommes aussi sûrs de nous, têtus, et bons vivants", ajoute Thomas Schnabel. "N’oubliez pas que le Bade-Wurtemberg est le Land qui accueille le plus de restaurants étoilés en Allemagne !". Un Land, qui affiche un autre record allemand ; en février de cette année, il affichait le taux de chômage le plus bas de la République fédérale : 4,3 % !

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