Ni oui, ni non, ce matin, le sénateur-maire PS de Strasbourg Roland Ries a voté blanc
Faible participation au référendum régional alsacien
Près de 1,3 million d'électeurs (750.000 dans le Bas-Rhin et 520.000 dans le Haut-Rhin) étaient appelés aux urnes.
A Asswiller, comme dans de nombreux bureaux de vote du Bas-Rhin, les électeurs venus voter dimanche matin se comptaient sur les doigts de la main. "Avec l'affaire Cahuzac les gens n'iront pas voter aujourd'hui", estime Claude, 74 ans, un enseignant a la retraite, l'un des rares habitants à avoir fait le déplacement. Censé, selon ses partisans, renforcer le poids de l'Alsace, le "oui" partait favori. Un sondage publié début mars donnait près de trois-quarts de "oui" pour un quart de "non". Mais l'issue de ce référendum est rendue incertaine par le taux d'abstention attendu, surtout dans le plus petit des deux départements concernés, le Haut-Rhin.
Car, pour être validé, le projet de collectivité unique d'Alsace (CTA) doit recueillir 50% des suffrages exprimés, mais surtout au moins 25% des inscrits, et ce dans chacun des deux départements. L'Alsace, plus petite région de France, est la première à utiliser une possibilité ouverte par la loi de réforme des collectivités territoriales de décembre 2010, une initiative qui a suscité l'intérêt de plusieurs responsables nationaux et d'autres régions. A la fin de la campagne électorale, le président du Conseil régional, Philippe Richert (UMP), principal promoteur du projet, se disait toujours "raisonnablement optimiste" quant à l'issue de la consultation. Mais en votant dimanche matin dans son fief de Wimmenau (Bas-Rhin), il n'a pas caché son inquiétude à l'égard de la faible participation.
Jusqu'au dernier jour, cet ex-ministre des collectivités territoriales de Nicolas Sarkozy a sillonné les deux départements alsaciens pour prêcher en faveur de la "CTA", exhortant les électeurs à se mobiliser, car "chaque voix compte, et il n'y
aura pas de deuxième tour". Il cite comme exemples la possibilité future de mieux coordonner la gestion des transports publics régionaux, celle des collèges et lycées, ou de prestations sociales. Devant les bureaux de vote, les affiches électorales de l'UMP - majoritaire dans les trois collectivités concernées - proclament: "Efficacité, je dis oui. Une collectivité au lieu de trois, ça fonctionne mieux". Les écologistes sont sur la même ligne.
Les régionalistes d'extrême droite d'Alsace d'abord s'y sont également ralliés sous le slogan "Unis face à Paris". Dans le camp adverse, une coalition hétéroclite réunit les deux extrêmes de l'échiquier politique (Front de gauche et Front national), mais aussi une bonne partie des socialistes, et les "souverainistes" de tous bords. "Notre République une et indivisible, non à la collectivité d'Alsace", proclame ainsi le Front de Gauche, tandis que le Front national dit: "Je veux l'Alsace française, je vote non".
Le camp du "non" rassemble aussi quelques élus UMP sceptiques ainsi que des syndicats comme FO et la CGT, qui redoutent une possible remise en cause du droit du travail national. Les socialistes, de leur côté, sont divisés. Ceux de de Strasbourg, îlot de gauche dans une région très majoritairement de droite, regrettent notamment qu'au terme de tractations visant à ménager les susceptibilités du Haut-Rhin le siège du futur exécutif régional soit projeté dans le chef-lieu de ce département, Colmar, au lieu de la capitale régionale historique.
C'est une des raisons qui a poussé le maire de Strasbourg, Roland Ries (PS), à déposer dimanche un bulletin blanc dans l'urne, a-t-il expliqué sur Facebook. Tout en se disant favorable au principe, le maire de Strasbourg a regretté que "les intentions initiales de simplification se sont perdues". Marc, un commerçant de 55 ans venus voter à Strasbourg, a choisi de son côté le "Non" parce qu'il se sent "très peu informé sur ce vote"
et dit ne pas voir "l'intérêt que l'Alsace serve de cobaye. Alors autant garder le statu quo".