Comme les anti-nucléaires, les défenseurs de la centrale de Fessenheim ont pris l'habitude de manifester, histoire d'occuper le terrain.
Maires, députés, salariés et chefs d'entreprise étaient présents ce matin devant la Maison des énergies pour dire qu'ils voulaient garder la centrale en fonctionnement. Lundi, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a autorisé lundi EDF à poursuivre, pour dix années supplémentaires, l'exploitation du réacteur numéro 2 de la centrale de Fessenheim, doyenne des centrales nucléaires françaises, à condition d'y effectuer d'importants travaux de renforcement.
Les manifestants, qui étaient environ 500 selon la gendarmerie et 700 selon les organisateurs, ont défilé jusqu'aux portes de la centrale sous le slogan "Fessenheim est sûre, qu'elle dure!". Ils ont dénoncé une décision de fermeture "purement électorale sans aucun argument rationnel", qui entraînerait la "désertification" de la commune et de ses environs. Le cortège rassemblait des élus locaux, des salariés de la centrale et leurs représentants syndicaux, ainsi que des artisans, des commerçants et des riverains. "Nous sommes là pour dire non à une décision purement électorale", a déclaré Michel Sordi, député (UMP) de la circonscription, à l'origine de la manifestation.
"C'est une décision inique, politicienne, anti-économique, anti-sociale. On va mettre des sous-traitants en faillite et créer du chômage pour flatter un parti écologiste ultra-minoritaire", a martelé Fabienne Stich, maire de Fessenheim. "La majorité sort du silence pour faire entendre les arguments rationnels contre les contre-vérités", a estimé pour sa part Magali Heyer, présidente de l'association locale "Fessenheim notre énergie". Les manifestants se sont dits confortés par l'autorisation accordée lundi dernier par l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire) à la poursuite pour dix ans du réacteur numéro 2 de la centrale. "Cela confirme ce que nous vivons de l'intérieur. Si la centrale n'était pas sûre, nous serions les premiers à demander sa fermeture", a souligné un salarié de la centrale.
Beaucoup ont évoqué la crainte de la disparition de 2.000 emplois dans les environs. Selon Mme Heyer, cela représenterait la moitié des actifs de la communauté de communes, et entraînerait le départ au total de 5.000 habitants. L'intersyndicale CGT-FO-CFDT-CFE/CGC de la centrale s'est jointe au cortège pour dire "oui à un mix énergétique raisonné" qui "a besoin du nucléaire" et de ses "bénéfices pour subventionner" les énergies renouvelables.