Baselworld, le salon de l'horlogerie et de la bijouterie de Bâle, s'est tenu cette dernière semaine. Un salon à l'image de l'industrie horlogère suisse, entre opulence et succès…
Loupe vissée à l'œil, pince ou brucelles à la main, le lycée professionnel de Grenchen dans le canton de Soleure accueille des jeunes apprentis horlogers. Des jeunes qui aiment le travail minutieux et la micro mécanique, des jeunes qui apprennent ici à se concentrer, à placer avec doigté de minuscules pièces dans un mécanisme de montre. Daniel et Livio sont fils et petits fils d'horlogers : " tout petit déjà, je jouais dans l'atelier de mon grand père "; se souvient Pascal, " je montais des mécanismes, les démontais… " . Et Livio de renchérir : " moi, j'ai une grand-mère dans ce métier, mes parents sont horlogers, mon frère aussi; je suis prédestiné ! ". Rahel, elle, hésitait entre l'orfèvrerie et l'horlogerie : " finalement, j'ai choisi l'horlogerie, et j'aimerai travailler dans un petit atelier de réparation de montres anciennes ".
Une formation longue
Quatre ans de formation pour devenir horloger, un apprentissage qui ne connait pas la crise : ces jeunes savent qu'une fois leur diplôme en poche, ils trouveront rapidement du travail, dans un atelier de réparation ou dans l'industrie horlogère suisse.
Celle-ci bénéficie a le vent en poupe, un succès qu'elle doit aussi à son excellente réputation. Grâce aussi au Swiss Made, l'horlogerie suisse est partie à la conquête du monde. Le label atteste que 50% au moins de la valeur du mécanisme a été fabriqué en Suisse, et que l'assemblage de la montre et du mouvement a été effectué dans la confédération: un impératif de qualité, des grandes marques prestigieuses, et un savoir faire traditionnel.
"Notre industrie horlogère est réputée pour ses produits et leur qualité. Pour lui permettre de continuer à travailler en Suisse, nous devons lui fournir une main d'œuvre formée, qui réponde à ses exigences. C'est ce que nous faisons ici, au lycée ", explique Daniel Wegmuller, proviseur du lycée professionnel de Grenchen. " Mais les entreprises aussi forment beaucoup de jeunes dans le cadre du système dual, qui mêle formation théorique et pratique."
Une industrie formatrice
Des conditions idéales pour l'industrie horlogère Suisse, qui a fait le choix de produire dans la confédération, essentiellement dans les cantons de Genève, de Vaud, de Neufchâtel et du Jura. L'horlogerie représente 2% du produit intérieur brut suisse, et quelques 45 000 personnes travaillent dans ce secteur - autant que dans celui des assurances, une autre spécialité helvète !
Les salariés de l'horlogerie sont recrutés et formés localement pour la plupart, et l'industrie joue le jeu de la formation en alternance. C'est le cas du groupe Swatch, qui accueille tous les ans plus de 120 jeunes apprentis dans ses centres de formation. " Nous recrutons ainsi notre main d'œuvre, que nous formons nous même ", raconte Reto Kohli, responsable du centre de formation du groupe Swatch à Grenchen. "Nous choisissons les jeunes, qui sont, dès leurs premiers pas dans l'apprentissage, intégrés au monde du travail, dans nos manufactures. Ils voient leurs aînés travailler, c'est aussi cela, la transmission du savoir-faire."
Un avenir assuré
Ces jeunes savent que l'avenir est à eux. L'industrie horlogère suisse affiche une santé insolente; Les 600 fabricants helvètes tablent sur un taux de croissance de plus de 5% cette année. Avec un marché cible pour les produits de luxe en plein boom : la Chine, premier producteur mondial de montres… bas de gamme!