Football et violence : le modèle bâlois

Depuis 2007, les cantons suisses s'impliquent dans la prévention de la violence en marge des matches de football. Ils ont conclu un concordat, un texte signé avec les clubs et les représentants des fans.

Le foot, c'est de l'émotion, c'est la fête des vainqueurs,  c'est la joie des supporters. Mais c'est aussi parfois  de la violence, des bagarres, et des images qui choquent.

Le concordat Suisse

En Suisse, cette violence fait l'objet d'un concordat, un texte commun aux 26 cantons, qui encadre la prévention des incidents en marge des matches.
" Il s'agit de travailler avec tous les acteurs: les clubs, les fans, la police… Pour identifier les sources de la violence et la prévenir. Pour le moment, nous pouvons prononcer des interdictions de fréquenter le stade, ou encore, nous pouvons obliger les personnes identifiées comme fauteurs de troubles à se présenter au commissariat pendant un match " : à Bâle, c'est Baschi Dürr, conseiller d'Etat en charge de la sécurité, qui met en œuvre les mesures préconisées par ce concordat lors des matches à domicile du FCB, le club bâlois.
Le concordat, même si certains fans le contestent, est appliqué dans le consensus ; aujourd'hui, il est discuté, certaines voix s'élèvent pour demander son renforcement, après les récents incidents en marge de matches. Ce mois-ci, lors de la finale de la coupe de Suisse entre Bâle et Zürich, jouée à Berne, des incidents entre supporters des deux clubs ont éclaté, et les images tournées à cette occasion par les télévisions ont choqué l'opinion publique helvétique.

Prévention ou répression?

Contrôle et encadrement stricts des déplacements des fans, examens corporels avant l'entrée dans les stades, extension du fichage des supporters délinquants : la prévention se transformerait insidieusement en répression et en restriction des libertés individuelles, estiment les supporters et les clubs.
" Les violences nuisent à l'image des clubs, c'est indéniable ! " nous dit Josef Zindel, porte-parole du FC Bâle.  " Mais il faut les relativiser : à Berne, il y avait 30 000 supporters dans le stade, les incidents, ce sont 30 bâlois opposés à 30 zurichois… Vous savez, j'ai lu dans la presse que cette semaine là, la police du canton d'Argovie est intervenue une centaine de fois pour des violences conjugales ! ". Le football serait pris en otage par la politique, et les clubs se défendent: non aux stades transformés en forteresses, non à la criminalisation de la grande masse des supporters !
En Suisse, quelques 1200 personnes sont répertoriées comme hooligan dans le fichier de la police. Des hooligans suivis à Bâle par Thomas Gander, un sociologue à l'origine d'une structure financée par le club de foot et les cantons des deux Bâle. " Fanarbeit Basel " accueille et encadre les supporters, les représente, et défend leurs intérêts : " Le supporter est admis tant que son émotion, sa passion, procurent de la belle image aux médias ", nous explique Thomas Gander. " Mais les débordements sont immédiatement condamnés, sanctionnés : tout acte d'insubordination devient un acte de délinquance, un acte criminel, qui donne prétexte à limiter la liberté de déplacement ou d'expression des fans ". Thomas Gander en est persuadé : " De plus en plus souvent, les incidents démarrent par des actes de protestation de supporters auxquels ont impose des contrôles stricts aux entrées de stade. Au Trocadéro à Paris ce mois-ci par exemple, les débordements ont commencé par un cortège de fan qui protestaient contre des mesures qu'on leur imposait au stade. Mais ce cortège a été utilisé par des casseurs, qui ont ensuite pris la main. "

Discussions et compromis

Des événements que Thomas Gander thématise dans ses discussions avec les supporters, avec les autorités ou avec le club: " c'est le modèle bâlois: nous nous rencontrons, nous débattons, nous nous disputons. Ceci nous rapproche, et nous arrivons à trouver un terrain d'entente. Je crois que vraiment, cette manière de faire donne de bons résultats en termes de prévention. Et les autres cantons nous imitent peu à peu, et mettent eux aussi en place des structures comme la nôtre. "
Du bleu et du rouge, le FC Bâle est visible dans sa ville. La violence de certains supporters n'a rien à voir avec le club et le sport, nous dit-on ici. Elle est l'expression de frustrations et de rapports de force, elle est multiple, et par conséquent, les réponses apportées au problème doivent l'être aussi.






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