A l'aube des commémorations du centenaire de la Grande Guerre, se pose l'épineux problème de ceux qui, sur les théâtres de combat, ont été fusillés par les leurs pour insubordination ou désertion.
Ils seraient entre 600 et 650 sur le territoire, une centaine pour la Meuse.
Des combattants ordinaires, confrontés à une boucherie quotidienne, qui ont côtoyé l'horreur, la mort, le sang, et les larmes.
Face à une situation inhumaine, des ordres souvent controversés. Des fantassins envoyés à découvert face à la mitraille ennemie, des collines qu'on leur ordonne de gravir sans aucune chance face au feu adverse.
Alors, certains disent "non".
Non à une mort certaine sans aucune chance de l'emporter et de défendre la patrie.
Nombre d'entre eux, accusés de "saper le moral des troupes", sont alors exécutés sommairement, parfois sans jugement, ou face à une justice militaire
aveugle.
Je penserai à ces hommes, dont on avait trop exigé, qu'on avait trop exposés, que parfois des fautes de commandement avaient envoyés au massacre, à ces hommes, qui un jour, n'ont plus eu la force de se battre. Nicolas Sarkozy, 11 novembre 2008, commémoration des 90 ans de l'Armistice.
Mais la chose n'est pas si aisée.
Opter pour une réhabilitation collective ?
Au cas par cas, procédure plus lourde et beaucoup plus compliquée à mettre en oeuvre.
Pour certains élus de Meuse, directement concernés par les futures cérémonies qui débuteront en 2014, une réhabilitation collective remettrait en cause "la validité des jugements, et par là même la légitimité de décisions prises par la hiérarchie militaire et les gouvernements successifs".
Situation difficile lors de la commémoration d'un centenaire où l'unité des forces françaises doit être mise à l'honneur.
Toujours est-il que 125 soldats ont été fusillés en Meuse entre 1914 et 1918.
Des cas différents, allant du droit commun aux "valeurs d'exemple" destinées à juguler toute tentative d'insubordination.
Certains, dépassant les zones de commandement pour se porter au secours de camarades blessés étant accusés de désertion et fusillés.
6 % des soldats fusillés ont été officiellement réhabilité entre 1917 et 1934.
Un film, diffusé sur les antennes de France Télévisions, "le pantalon" (1997), conte l'histoire de l'un d'entre eux, Lucien Bersot.
Il appartient au ministère des Anciens combattants de décider du sort des 700 autres fusillés.